Ayant entendu parler des ravages effectués, la plupart des religieux préfèrent s'échapper[3]. Six choisissent de rester : le prieur Siméon Cardon, les frères Mathurin Pitri, Domenico Zawrel, Modeste Burgen, Albertino Maisonade et Zosimo Brambat[3].
Les religieux restants accueillent les soldats[3] et les nourrissent[4]. Mais les soldats recherchent les objets précieux comme les ciboires et les calices[1], démolissent le tabernacle pour les trouver, et répandent les hosties à terre[2].
Les moines veulent défendre l'eucharistie de la profanation, et récupérer les hosties tombées à terre, mais ils sont attaqués par les soldats, et sont blessés mortellement, au sabre et à la baïonnette[1],[3],[2]. La plupart meurent de leurs blessures le soir même ou dans la nuit, un autre le lendemain, et le sixième trois jours plus tard[3],[2].
Martyrs
Le P. Siméon Cardon est originaire de Cambrai. Il prononce ses vœux religieux le dans la congrégation de Saint-Maur, à Meaux[1]. Opposant à la Révolution française et à la Constitution civile du clergé, il quitte la France en 1795 et se réfugie à l'abbaye de Casamari[1]. Il y devient trésorier, puis prieur de l'abbaye[1]. Il est réputé pour sa sainteté et pour sa charité pour les malades[1].À l'arrivée des soldats le 13 mai 1799, il est effrayé et commence par se cacher ; pris de remords, il rejoint ses frères et est atteint de plusieurs coups de sabre[2]. Il meurt le lendemain 14 mai, après avoir raconté l'ensemble au général Thiébault[2].
Domenico Maria Zawrel naît en 1725 à Cadovio (Chodov)[1], originaire de la Bohême[3], et devient dominicain avant d'opter pour la vie monastique, entrant à l'abbaye de Casamari en 1776 où il prononce ses vœux en 1777[1]. Il est tué le soir du 13 mai 1799[1].
Albert Marie Maison est d'origine bordelaise. Il quitte la France pendant la Révolution, et entre en 1792 à l'abbaye de Casamari, où il fait profession le . Il est tué le 13 mai 1799 de deux coups de pistolet, devant le Saint-Sacrement[2].
Zosimo Maria Brambat, Milanais, entre en 1792 à l'abbaye de Casamari et y fait sa profession simple en 1795. Gravement blessé le 13 mai 1799, il meurt le 16 mai en essayant de rejoindre la ville de Boville Ernica pour y recevoir les derniers sacrements[1].
Modeste Marie Burgen est bourguignon et devient trappiste à l'abbaye de Sept-Fons, qu'il quitte au début de la Révolution pour rejoindre l'abbaye de Casamari en janvier 1796. Il y prononce ses vœux l'année suivante. Il est tué par les soldats français le 13 mai 1799[1].
Maturin Pitré est né à Fontainebleau. Enrôlé dans l'Armée française pour la Campagne d'Italie, il y tombe malade. Guéri, il entre en janvier 1799 à l'abbaye de Casamari pour se consacrer à Dieu. Il est tué le soir du 13 mai 1799[1],[2].
Reconnaissance du martyre et béatification
De nombreuses grâces sont signalées par l'intercession des martyrs[4].
Le procès canonique pour leur béatification commence en 2003[4]. La postulatrice de leur cause précise que les actes perpétrés « ne provenaient pas d'une volonté de persécution systématique et explicite contre la foi, mais la violence de leur agression manifesta une haine envers la foi »[4].
Le lendemain de leur béatification, le pape salue le « courage héroïque » de « ces doux disciples du Christ »[5]. La représentante de la France à la béatification est l'ambassadrice auprès du Saint-Siège Élisabeth Beton-Delègue[2].