Gréco-arménienne, petite fille de Jean Comnène et de Marie Taronitissa, Marie Comnène est issue de la haute aristocratiebyzantine. Son père Issac Sébascrator appartient à la famille Comnène qui dirige l’empire byzantin depuis 1081. Sa mère Théodora de Kamateros la fille de Grégoire et de Irène Augusta Doukas de Bulgarie.
Le mariage est l'occasion de l'amorce de nouvelles négociations. Au début de l’année 1168, Amaury envoie à Jérusalem deux ambassadeurs, Alexandre de Gravina et Michel d’Otrante, puis Guillaume de Tyr part en ambassade à Byzance et les négociations aboutissent à un traité de partage de l'Égypte entre les Francs et les Byzantins en , mais qui ne peut être appliqué, car les Francs attaquent trop tôt l'Égypte et devant la résistance, doivent l'évacuer[3].
Reine douairière
Veuve le 11 juillet1174, Marie Comnène se remarie en 1177 avec Balianseigneur d'Ibelin, à qui elle apporte la seigneurie de Naplouse, qu'elle avait obtenu à titre de douaire. À Amaury Ier, succèdent ses enfants nés d'un premier mariage, Baudouin IV le lépreux, puis Sibylle, mariée à Guy de Lusignan. En , elle ne peut empêcher le mariage de sa fille Isabelle avec Onfroy IV de Toron, bien que ce soit un mariage d'amour ; mais Onfroy de Toron a pour Marie Comnène le principal défaut d'être fils d'Étiennette de Milly, qu’elle déteste. Marie Comnène séjourne régulièrement à la Cour et se trouve à Jérusalem en juillet 1189, quand l'armée franque est vaincue par celle de Saladin à la bataille de Hattin. Balian d'Ibelin, qui avait réussi à quitter le champ de bataille sans être capturé ou tué, obtient de Saladin un sauf-conduit qui l'autorise à se rendre à Jérusalem pour emmener sa femme et ses enfants à Tyr. Mais les habitants de Jérusalem, affolés, le supplient de conduire la défense de la ville et Balian accepte, tout en s'excusant auprès de Saladin de ne pas tenir ses engagements. Saladin accepte les excuses, et fait même escorter jusqu'à Tripoli la reine Sibylle, la reine douairière Marie Comnène, ses enfants, Thomas d'Ibelin, seigneur de Rama et neveu de Balian, ainsi que le fils du sire de Gibelet[4] Marie Comnène obtient également de Saladin le droit d'emmener toutes ses possessions, serviteurs, objets précieux et croix enrichies d’or et de joyaux[5].
Après la prise de Jérusalem, le royaume semble perdu, quand un croisé, Conrad de Montferrat, prend la défense de Tyr et résiste à Saladin avec succès. Balian et Marie s'installent à Tyr[6]. Lorsque Guy de Lusignan est libéré par Saladin, Conrad refuse de le laisser entrer dans Tyr, soutenu par une majorité de barons qui lui reprochent la défaite de Hattin. Guy de Lusignan se dirige alors vers Acre pour l'assiéger. Conrad cherche à obtenir une légitimité pour revendiquer le trône, et les barons envisagent de faire annuler le mariage d'Onfroy et d'Isabelle. Pendant que Marie Comnène, qui tient sa revanche sur Étiennette de Milly, essaie de persuader sa fille Isabelle, un baron défie Onfroy de Toron, qui refuse de relever ce défi et préfère renoncer à son épouse[7].
Après la troisième croisade et le traité de paix qui y met officiellement fin, Saladin donne à Balian d'Ibelin la seigneurie de Caymont à titre viager, en compensation des fiefs qu'il a conquis[8]. Balian d'Ibelin meurt en 1193. En 1197, les Francs reprennent Beyrouth qui est donné en fief à son fils aîné Jean d'Ibelin[9]. Il semble que Marie Comnène, après son second veuvage, se soit retiré dans une vie religieuse[5], et elle meurt entre 1208 et 1217[10].
une fille qui, selon le chroniqueur musulman El Afdahl aurait été envoyée comme esclave au calife de Bagdad après la prise de Jérusalem[10], mais quand on sait que Saladin a accordé un sauf conduit et une escorte à Marie Comnène[4], on peut mettre en doute cette affirmation.
Balian sans Marie Comnène dans la culture
Ridley Scott, dans son film Kingdom of Heaven sorti en 2005, met en scène Balian, second époux de Marie Comnène, mais ne cite pas celle-ci car pour Ridley Scott, Balian épouse Sibylle, sœur de Baudouin IV de Jérusalem (alors qu'il semblerait que cette Sibylle était la fiancée d'un frère de Balian). La conversion de Balian en modeste maître-forgeron après la chute de Jérusalem est tirée d'une légende antique concernant la fin de vie de Persée, dernier roi de Macédoine[11].
Notes et références
↑à cette époque bouteiller du royaume. Par la suite, il devient maître de l’Ordre du Temple.
↑ a et bAbdel Rahman Nehmé, « Figures féminines de la noblesse des croisades », dans Chrétiens et Musulmans au temps des croisades, entre l’affrontement et la rencontre, Beyrouth, Presse de l’Université Saint-Joseph, , 299 p. (ISBN978-9953-455-73-0 et 9953-455-73-2).