Les paroles datent du XVIIIe. Au XIXe, certains auteurs disaient que l'air provenait d'Orient[2]. La mélodie a été adaptée par les Britanniques sous le titre For He's a Jolly Good Fellow.
Le protagoniste est John Churchill, premier duc de Marlborough. Il a laissé son nom non seulement à la chanson, mais au château de Meinsberg, en Lorraine : le château de Malbrouck. (« Malbrouk » est la prononciation universellement adoptée en français pour le nom de ce duc). Contrairement à ce que laissent supposer les paroles de la chanson, chantée par les Français pour railler un ennemi, Churchill ne fut que blessé à la bataille de Malplaquet (), à laquelle il est fait référence.
La chanson fut connue à partir de 1781, Beaumarchais l'ayant intégrée comme chanson du page dans sa pièce Le Mariage de Figaro. Cette pièce, après avoir été jouée à Versailles pour le futur empereur Paul Ier de Russie, avait été interdite sur ordre de Louis XVI. Pour alerter le public, l'auteur introduisit cette chanson, qui fut bientôt sur toutes les lèvres[3].
Geneviève Poitrine, la nourrice du premier dauphin, l'avait apprise dans son village. Un jour qu'elle la chantait, la reine Marie-Antoinette voulut l'apprendre et la joua au clavecin. Les courtisans l'imitèrent et la chanson devint populaire[3].
La vogue fut immense, de nombreux objets dès lors décorés d'illustrations reprenant ce thème. On trouve ainsi divers éventails imprimés comportant les épisodes de la chanson, ses couplets et quelques portées de la musique.
On trouve aussi des rubans, coiffures, gilets et surtout chapeaux « à la Marlborough ». Une tour du Hameau de la Reine fut aussi dénommée « tour de Marlborough »[3].
Aux nouvelles que j'apporte
Vos beaux yeux vont pleurer.
Quittez vos habits rose,
Et vos satins brochés.
Monsieur Malbrough est mort
Est mort et enterré.
Je l'ai vu porté en terre
Par quatre z'officiers.
L'un portait sa cuirasse
L'autre son bouclier.
L'un portait son grand sabre
L'autre ne portait rien.
Alors autour de sa tombe
Romarin l'on planta.
On vit voler son âme
Au travers les lauriers.
Chacun mit ventre à terre
Et puis se releva.
Pour chanter les victoires
Que Malbrough remporta.
La cérémonie faite
Chacun s'en fut coucher.
Les uns avec leurs femmes
Et les autres tout seuls.
Ce n'est pas qu'il en manque
Car j'en connais beaucoup.
Des blondes et des brunes
Et des châtaignes aussi.
Je n'en dis pas davantage
Car en voilà z'assez.
Musique
Pérennité et adaptations
La Romance chantée par Chérubin dans la scène 4 de l'acte II de la pièce de théâtre Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, est sur l'air de Malbrough s'en va-t-en guerre.
Victor Hugo précise que son poème Le Sacre, dans Les Châtiments doit être lu sur l'air de Malbrough s'en va-t-en guerre.
Charles Péguy consacre dans Clio de longues pages à la fortune littéraire de cette chanson.
La chanson File la laine , de Jacques Douai, y est une référence directe.
Dans l'épisode de la série télévisée Les Simpson intitulé Un atome de bon sens, Bart chante cette chanson parce qu'il a été trop bruyant.
Dans le film des Monty PythonLa Vie de Brian, la version anglaise est entonnée par le Front de libération du peuple de Judée lors de la crucifixion de Brian.
Dans le jeu vidéo Portal 2, GLaDOS chantonne l'air de la chanson à l'issue d'une chambre de test, en faisant miroiter à Chell une « surprise » pour son anniversaire.
Cette chanson est aussi reprise dans l'épisode 3 de la première saison de Glee, par le groupe Acafellas.
Le compositeur et guitariste classique espagnol Fernando Sor composa en 1827 son op. 28 : Introduction et variations sur Marlborough s'en va-t-en guerre, reprenant le thème de cette chanson et en développant une introduction et cinq variations.
Ad bellum exit Ajax[8] est la traduction latine de Malbrough s'en va-t-en guerre, populaire chez ceux qui commencent à apprendre cette langue.
Dans le jeu vidéo The Witcher 3 (2015) le joueur peut rencontrer un troll gardant un pont pour le compte de l'armée redanienne, qui entonnera « Trollbrouk s'en va-t-en guerre » si le héros le laisse en vie.
↑Sophie-Anne Leterrier, « La Chanson de Malbrouck, de l’archive au signe », Volume 1, vol. 2, 2003, rapporte que Chateaubriand aurait dit avoir entendu l'air en Orient, où, selon lui, il aurait été apporté par les Croisés. S.-A. Leterrier se réfère à Weckerlin. Dans le livre de Weckerlin qu'elle mentionne dans sa bibliographie : Chansons et Rondes enfantines, Paris, s.d. (1885 ?), p. 42, Weckerlin dit : « Les Égyptiens et les Arabes connaissent l'air de Malbrough, Castil Blaze prétend même que cette chanson nous vient des Maures (…). » Weckerlin, à cet endroit, ne mentionne pas Chateaubriand.
↑Correspondance secrète, t. 14, page 189. Description citée page 109 de la Revue anecdotique des lettres et des arts : documents biographiques de toute nature, nouvelles des librairies et des théâtres, bons mots, satires, épigrammes, excentricités littéraires de Paris et de la province, bouffonneries de l'annonce, prospectus rares et singuliers, Librairie Poulet-Malassis, Paris 1858, Haute-Volta, page 109.
↑(ca) Andrés Felici Castell, Música, tradició i patrimoni: la Festa de la Mare de Déu de la Salut d'Algemesí, València, Alfons el Magnànim, (ISBN978-84-7822-948-2)