La maladie du dragon jaune (黃龍病 Huánglóngbìng en chinois, HLB) ou verdissement des agrumes et plus rarement maladie des pousses jaunes est une maladie bactérienne mortelle des agrumes. Elle est répandue en Asie, en Afrique, et désormais aussi en Amérique Tropicale et subtropicale. L'agent pathogènebactérien est transmis par des insectes vecteurs.
Cette maladie a été décrite pour la première fois en 1929 et signalée pour la première fois en Chine en 1943. La variante africaine a été signalée pour la première fois en 1947 en Afrique du Sud, où elle est encore très répandue. Les premiers symptômes de la maladie ont été observés en 2004 dans des vergers d’agrumes au Brésil. La maladie s'est depuis fortement répandue au Brésil, dans plusieurs autres états d'Amérique du Sud et d'Amérique Centrale, dans les Caraïbes, et aux États-Unis, notamment en Floride et en Californie.
Les symptômes de la maladie du dragon jaune sont attestés en Inde dès le XVIIIe siècle, mais l'agent pathogène était probablement déjà présent chez les Rutacées indigènes lorsque les premières plantations d'agrumes sont intervenues.
La maladie a été signalée dans le sud-est de la Chine vers la fin du XIXe siècle. En Afrique du Sud, la maladie a été signalée pour la première fois au milieu du XXe siècle[3].
La maladie s'est étendue récemment dans plusieurs pays d'Amérique centrale — Jamaïque, Cuba en 2007 — ainsi que dans plusieurs États des États-Unis proches de la Floride — Louisiane, Géorgie, Caroline du Sud et Texas[9].
Le , la maladie du dragon jaune a été confirmée sur un seul arbre (pamplemoussier) à Hacienda Heights (comté de Los Angeles) en Californie[10]. Les perspectives sont sombres pour les vergers d'agrumes omniprésents en Californie car les producteurs des zones résidentielles sont peu susceptibles d'utiliser systématiquement les insecticides qui ont démontré leur efficacité dans les vergers commerciaux[11].
Les symptômes les plus courants qui signalent cette maladie sont le jaunissement des nervures de la feuille et des tissus adjacents, suivi du jaunissement ou de la marbrure de toute la feuille. Il s'ensuit une défoliation prématurée et le dépérissement des rameaux, ainsi que la pourriture des radicelles nourricières et des racines latérales. La vigueur de la plante décline et conduit, en fin de compte, à la mort de l'arbre.
Les arbres malades ont un retard de croissance, et portent de nombreuses fleurs hors-saison (dont la plupart tombent), produisant des fruits petits, de forme irrégulière à la peau claire, épaisse, qui reste verte à la base. Les fruits de ces arbres ont un goût amer[13].
Traitement
Il n'existe aucun traitement curatif contre cette maladie et les efforts pour lutter contre la maladie du dragon jaune ont été ralentis parce que les arbres infectés sont difficiles à maintenir, à régénérer et à étudier. Des chercheurs de l'Agricultural Research Service (Service de recherche agricole, États-Unis) ont utilisé des citronniers infectés par la maladie du dragon jaune pour infecter des plants de pervenche de Madagascar (Catharanthus roseus) dans le but d'étudier la maladie. Les pervenches sont facilement infectées par la maladie et réagissent aux traitements antibiotiques ou bactéricides expérimentaux. Les chercheurs testent l'effet de la pénicilline G sodique et du DBNPA (2,2-dibromo-3-nitrilopropionamide) comme traitements potentiels pour les agrumes infectés sur la base des résultats positifs qui ont été observées sur la pervenche[14].
Aucun cultivar d'agrumes naturellement immunisé n'a été identifié. Toutefois, la création d'une variété génétiquement modifiée pourrait apporter une solution, mais se poserait alors la question de son acceptabilité par les consommateurs[16]. Un chercheur de Texas A&M AgriLife Research(en) (centre de recherche agronomique du Texas) a rapporté en 2012 que l'incorporation de deux gènes provenant de l'épinard dans des plants d'agrumes améliorait leur résistance à la maladie du dragon jaune lors d'essais en serre[17]. Des essais au champ d'orangers porteurs du gène de l'épinard ont été entrepris par Southern Gardens Citrus (filiale de US Sugar Corporation) en Floride[16].
Impact économique
La maladie du dragon jaune est l'une des menaces les plus importantes pour la production mondiale d'agrumes. Dans le monde entier, plus de 60 millions d'arbres ont été détruits par la maladie dans les années 1990. Seulement dans l'ouest de Java, pas moins de 3 millions d'arbres ont été détruits par le Huanglongbing depuis 1960 et cette destruction est encore en cours[18].
En 2016, la maladie touche plus fortement les vergers de plusieurs pays, notamment du Brésil, premier exportateur mondial de jus d'orange, ou encore de la Floride, faisant augmenter le prix du jus d'orange en gros[19].
Au cours des années 2020, la maladie touche à nouveau les vergers de plusieurs grands pays producteur comme le Brésil, ou encore la Floride[20], provoquant un envol, par vagues successives, des cours du jus d'orange sur le marché à terme jusqu'à des niveaux jamais vu jusque là[20], un quintuplement en 4 ans[20].
↑(en) Diva do Carmo Teixeira1, Colette Saillard, Sandrine Eveillard, Jean Luc Danet, Paulo Inácio da Costa, Antonio Juliano Ayres et Joseph Bové, « ‘Candidatus Liberibacter americanus’, associated with citrus huanglongbing (greening disease) in São Paulo State, Brazil », International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, vol. 55, no 5, , p. 1857-1862 (DOI10.1099/ijs.0.63677-0, lire en ligne).