Établie sur trois collines dominant la plaine de Tavoliere, l'ancienne ville de Lucera a été le théâtre d'importants événements historiques, notamment des batailles de Pyrrhus Ier et Hannibal contre l 'Empire romain.
Entre 1223 et 1225, l'empereur Frédéric II fait déporter entre 16[2] et 20 000 musulmans de Sicile ainsi que des musulmans de Djerba vers Lucera[2]. Il y fait construire une résidence orientalisante[3].
La ville que Frédéric II fit édifier à l'endroit de Lucera était une ville fortifiée, entourée d'un rempart épais flanqué de tours rondes. Les tribus arabes y jouissaient de libertés fondamentales, pouvaient librement pratiquer leur culte et se gouverner. Elles développèrent la culture de maïs, canne à sucre, mûriers, orangers et abricotiers. Grâce à l'élevage du ver à soie, se développa l'artisanat de tissus et de tapis. Des artisans se mirent à forger des épées et tout un quartier devint une armurerie. La ville pouvait aussi fournir à Frédéric une armée de vingt à trente mille guerriers, qui ne risquaient pas de se laisser impressionner par les excommunications du Pape et parmi lesquels choisir sa garde personnelle.[Benoist-Mechin, Frédéric de Hohestaufen, page 192 -195]
En 1243 les dernières communautés musulmanes de Sicile se révoltent, instrumentalisées par les barons siciliens ; ; sans doute pour des raisons économiques[réf. souhaitée], mais après 3 ans de résistance, touchées par la famine, elles doivent se soumettre aux troupes impériales et sont à leur tour déportées vers Lucera[4],[5],[6].
Les déportés vivent durant quelques décennies de l'agriculture à Lucera. Frédéric II en recrute dans ses armées, un contingent musulman l'accompagne en croisade[7].
En mars 1246, à la suite d'une conjuration et d'une tentative d'assassinat contre Frédéric II, dont le Pape Innocent IV était l'inspirateur, les Arabes de Lucera, ne sachant plus si Frédéric II était vivant ou mort "avaient fait mine de se mutiner après vingt ans de loyaux services à l'empereur" [Jacques Benoist-Méchin, Frédéric de Hohenstaufen, page 477].
Après avoir écrasé Manfred à Benevento (26 février 1266) et battu Conradin à Tagliacozzo (23 août 1268), derniers héritiers de Frédéric II, Charles d'Anjou rase Lucera et fait pendre, devant les remparts fumants de la ville, le chef de la révolte, Conradin II (fils bâtard de Frédéric II) et sa mère.[Benoist-Mechin, Frédéric de Hohenstaufen, page 586].
Géographie
Campagne de Lucera.
La forteresse de Lucera, structure militaire historique du XIIIe siècle.
La cathédrale du XIIIe siècle, construite sur l'emplacement d'une ancienne mosquée, est l'un des plus beaux fleurons de l'art gothique angevin avec sa façade sobre que jouxtent d'un côté un haut campanile, de l'autre une mince tourelle
↑ a et bAziz Ahmad, « La Sicile islamique », p. 87, Publisud, DL 1990, (ISBN9782866003852).
↑John Julius Norwich, Histoire de la Sicile : de l'Antiquité à Cosa Nostra, Tallandier, 2018, p. 166.
↑Aziz Ahmad, « La Sicile islamique », p. 89, Publisud, DL 1990, (ISBN9782866003852).
↑Michele Amari, « Storia dei Musulmani di Sicilia », 2 ediz. a cura di C. A. Nallino, Catane 1933-9, iii/2, p. 627-29.
↑Denis Mack Smith, « A History of Sicily : Medieval Sicily 800-1113 », Londres, 1968, p. 59.
↑Aziz Ahmad, « La Sicile islamique », p. 107, Publisud, DL 1990, (ISBN9782866003852).
↑Henri Bresc, « La chute des Hohenstaufen et l’installation de Charles Ier d’Anjou », dans Les princes angevins du XIIIe au XVe siècle : Un destin européen, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN978-2-7535-2558-0, lire en ligne), p. 61–83