D'origine juive, connue par l'état civil sous le nom de Louisa Saâdoun[2], elle chante régulièrement à Paris, avec l'orchestre du cabaret La Casbah en 1947, et au Maroc où elle obtient un grand succès.
Elle se produit au cabaret El Djazair et au cabaret oriental Tam-Tam qui est à cette époque dirigė par le père de la chanteuse algérienneWarda al-Jazairia[2]. Le Tam-Tam est un lieu de divertissement parisien situé rue Saint-Séverin, dans le Quartier latin, qui accueille régulièrement de nombreuses vedettes de la chanson arabe et orientale, comme Safia Chamia ou Farid El Atrache[2]. Elle réalise des duos avec Cheikh El Afrit, notamment dans la chanson Achbik ghodbana. Elle travaille également avec les artistes Youssef Hagège et Messaoud Habib.
Très prolifique, elle enregistre au moins 32 chansons en arabe et en français, comme Chérie, combien je t'aime[2] qui a été reprise plus tard par Reinette l'Oranaise, sous le titre de Elli yachek hram, mais également par Lili Boniche. Parmi les autres chansons très connues de son répertoire, Ala Bab Darek[2] (À la porte de ta maison), chanson issue du patrimoine musical des Kerkennah, enregistrée pour la première fois en 1945 et qui a été reprise en 2012 par Emel Mathlouthi, et El Warda (La Rose), remportent également un vif succès. Elle enregistre des chansons francarabes dans le genre de celles dont Lili Labassi a lancé la vogue dès les années 1930[3].
C'est elle qui fait enregistrer pour la première fois Lamouni elli gharou meni[2] (« Les envieux m'ont fait des reproches » en français) de Hédi Jouini chez Gramophone (K 4919) en 1945. Elle a également produit des vinyles avec Polyphon et Pacific[2].
Nabiha Karaouli a fait une reprise de son titre Choftek marra[2]. Le label discographique Dounia (à l'origine détenu par Élie Touitou alias El Kahlaoui Tounsi) a longtemps géré les droits d'auteur de l'artiste avant de les céder au producteur Michel Lévy qui a réédité plusieurs titres pour son album Les trésors du catalogue de musique orientale. Le label tunisien Phonie a récemment réédité ses œuvres musicales.
Louisa Saâdoun épouse un joueur de oud, Jacques Khraïef, dit Zaki.
↑Bouziane Daoudi et Hadj Miliani, Beurs' mélodies : cent ans de chansons immigrées maghrébines en France, Paris, Séguier, , 152 p. (ISBN978-2-84049-352-5), p. 29.
Alain Chaoulli, Les Juifs au Maghreb à travers leurs chanteurs et musiciens aux XIXe et XXe siècles, Paris, L'Harmattan, , 258 p. (ISBN978-2343183015).