L'expression lobby pro-israélien désigne les groupes de pression et d'influence pro-israéliens.
Le terme est particulièrement utilisé dans la rhétorique anti-israélienne, antisioniste et parfois antisémite.
Utilisation du terme
Selon William Safire, le terme « lobby israélien » est entré en usage en anglais dans les années 1970 et, tout comme le terme « lobby chinois », porte « la connotation péjorative de manipulation ». Il écrit également que les partisans d'Israël mesurent le degré d'animosité perçue envers l'État juif par le terme choisi pour désigner le lobby: « lobby pro-Israël » utilisé par ceux qui ont la plus légère opposition, suivi par « lobby israélien », le terme « lobby juif » étant employé par ceux qui ont les opinions anti-israéliennes les plus extrêmes[1].
Aux États-Unis, selon Walt et Mearsheimer, « Utiliser le terme 'lobby israélien' est en soi quelque peu trompeur [...] On pourrait plus exactement le qualifier de 'communauté pro-israélienne' » car ce n'est pas le lobby d'un pays étranger, il est composé d'Américains. Cependant, justifiant leur utilisation du terme, ils écrivent « parce que de nombreux groupes clés font du lobbying, et parce que le terme « lobby israélien » est utilisé dans le langage courant (avec des étiquettes telles comme « lobby agricole », « lobby des assurances », « lobby des armes » et autres lobbies ethniques), nous avons choisi de l'utiliser ici. »[2].
En France, dans son article Les groupes pro-israéliens en France: une typologie, le chercheur Marc Hecker pose également la question de la pertinence de l’expression « lobby pro-israélien »[3].
Aux États-Unis
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Plusieurs groupes de pression pro-israéliens existent aux États-Unis. Certains sont issues de la communauté juive, d'autres de communautés chrétiennes[4].
La question de l'importance du lobby pro-israélien aux États-Unis fait régulièrement l'objet d'articles et d'analyses géopolitiques[5],[6].
En 2006, la publication d'un article[7], puis d'un livre[8] de John Mearsheimer et Stephen Walt a suscité une controverse sur le poids de ce lobby sur la politique des États-Unis au Moyen-Orient. La thèse que le commentateur Noam Chomsky privilégie est que les intérêts stratégico-économiques de l'État et du monde des affaires dirigent davantage la politique étrangère des États-Unis que le lobby pro-israélien[9].
Selon la thèse développée par Mearsheimer et Walt (2007), le lobby pro-israélien a aussi pour objectif d’orienter l’opinion du public des États-Unis, en faveur d'une position de soutien et d'intérêt à Israël[2].
Cependant, pour ceux-ci, il est important de faire la nuance : il est faux de croire que le lobby pro-israélien contrôle les médias, bien au contraire. Si le lobby déploie autant d’effort afin d’orienter le discours des grands médias, c’est justement parce qu’il n’en a pas le contrôle[2]. Le lobby s’emploie donc à diffuser sa vision au travers les grands médias américains, afin d’influencer le discours public et par le fait même, les décisions politiques gouvernementales. Le lobby bénéficie du soutien d’un bon nombre de chroniqueurs et des rédacteurs en chef parmi les quotidiens les plus lus, dont le Washington Post et le New York Times[2].
Christians United for Israel
Christians United for Israel est la plus grande organisation pro-israélienne aux États-Unis avec 7,1 millions de membres.
Né en 1951 aux États-Unis, l'AIPAC ou « American Israel Public Affairs Committee » est un groupe de pression visant à soutenir Israël.
L'AIPAC travaille avec les démocrates, républicains et indépendants pour adopter des politiques publiques qui améliorent la relation américano-israélienne[10].
Le JINSA
Pour l'article détaillé sur le Jewish Institute for National Security Affairs, voir : JINSA.
Né en 1976 aux États-Unis, le JINSA ou « Jewish Institute for National Security Affairs » est un groupe formé d'hommes politiques et de généraux américains favorable au rapprochement d'Israël et des États-Unis et proche du néoconservatisme. On trouve parmi ses membres et sympathisants l'ancien administrateur américain de l'Irak Jay Garner et des proches du président George W. Bush comme Richard Perle et Dick Cheney.
J street
J Street, lobby pour la résolution du conflit israélo-palestinien, établit en 2008 en concurrence de l'AIPAC.
Le CRIF et la LICRA sont parfois qualifiés par des militants pro-palestiniens ou des commentateurs français de « lobby pro-israélien »[réf. nécessaire].
Sur le site de son think tankIRIS, Pascal Boniface n'hésite pas à parler de « prêche partial pro-israélien » pour critiquer le livre 100 mots pour se comprendre, contre le racisme et l’antisémitisme édité par la LICRA, toutefois il s'interroge sur la pertinence du terme de « lobby » concernant la critique du CRIF[11],[12].
En 2011, la CICAD est mise en cause par Dominique Ziegler dans une tribune d'opinion publiée dans le journal le Courrier[13], où il affirme que cette organisation est un lobby pro-israélien. La CICAD réagit en accusant Ziegler « d'être enfermé dans une idéologie haineuse envers Israël et d'instrumentaliser le conflit israélo-palestinien »[14]. La même année, Hani Ramadan critique à son tour l'organisation[15],[16].
↑ abc et dJohn J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, Le Lobby pro-Israélien et la politique étrangère américaine, Abel-Hovelacque, Paris, la découverte/poche.
↑John Mearsheimer et Stephen Walt (trad. de l'anglais par N. Guilhot, L. Manceau, N. Marzouki, M. Saint-Upéry), Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine [« The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy »], Paris, La Découverte, coll. « Poche », (1re éd. 2007), 504 p. (ISBN978-2-7071-5701-0)
David, C-P, (dir.) (2015). La politique étrangère des États-Unis, fondements, acteurs, formulation. Paris : SciencesPo. Les presses.
David, C-P et Gagnon, F. (dir.) (2018). Théories de la politique étrangère américaine, Auteurs, concepts et approches. Montréal : Les presses de l’Université de Montréal.
Mearsheimer, J, John, Stephen, M, Walt. (2007). Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine. Abel-Hovelacque, Paris : La découverte/poche.
Pew research Center, journalism & media. (2016) About four-in-ten Americans often get newa online. Repéré à https://www.journalism.org/2016/07/07/the-modern-news-consumer/pj_2016-07-07_modern-news-consumer_1-01/