Dans Saint-Exupéry, l'homme aux amitiés fidèles[2] on trouve ce passage :
« En 1939, la guerre est déclarée et Saint-Exupéry rejoint le groupe 2/33. Avec ses camarades — Laux, Gavoille, Israël et Hochédé — et deux officiers — Dutertre et Moreau — il partage une baraque couverte de tôle ondulée où le froid soude les hommes. Il fera d'ailleurs de Jean Israël le héros de Pilote de guerre ».
Saint-Exupéry utilise dans Pilote de guerre le nom de son ami Jean Israël pour dénoncer l'antisémitisme. En l'espace de deux pages dans ce livre, il mentionne quatorze fois le nez « juif » de Jean Israël, qui de fait a un nez tout à fait ordinaire, selon la biographe de Saint-Exupéry[3].
Le livre Pilote de guerre rencontre de « l'hostilité » (antisémitique) parmi certains français car Saint-Exupéry y décrit les actes héroïques d'un membre juif de son escadron, Jean Israël[4] (celui-ci a toujours fait état de sa judéité, et défendra cette identité toute sa vie). Le livre ne devient disponible que clandestinement, et Gallimard, l'éditeur de Saint-Exupéry ne peut réimprimer d'autres œuvres de Saint-Exupéry[4]. Jean Israël apprend et apprécie à Arras, où il est emprisonné, le message de son ami Saint-Exupéry.
Les combats
Le groupe de reconnaissance 2/33 sera cité à l'ordre de l'Armée aérienne le 31/05/40 :
« Sous l'impulsion de son Chef, le Commandant ALIAS et de ses Chefs d'Escadrille, le Capitaine Gelée et le Lieutenant Israël, le Groupe de Reconnaissance 2/33 constitue un superbe instrument de combat qui donne chaque fois la preuve d'un allant remarquable et d'une haute conscience. Dans une période particulièrement difficile, a obtenu au prix de lourdes pertes des renseignements précieux qui ont permis d'orienter le commandement d'une façon précise sur la manœuvre ennemie[5]. »
Jean Israël a subi trois crashes lors de sa courte carrière de pilote militaire. Ceci montre son courage. Le premier a eu lieu le dans l'est de la France. Son Potez 630 a été attaqué par deux chasseurs Me 109 allemands. L'équipage de trois hommes a pu s'en sortir avec un blessé[6]. Le suivant a eu lieu le , lors d'un vol d'entrainement dans l'Aisne : un des deux moteurs est tombé en panne lors de la montée. Le pilote a réussi à poser l'avion déséquilibré horizontalement puis le choc a provoqué l'explosion, laissant juste le temps à l'équipage d'évacuer[7].
Le , Jean Israël est abattu avec son équipage lors d'une reconnaissance au-dessus de chars ennemis sur le secteur de Bapaume-Arras. Leur appareil, un bimoteur Potez 630 avec trois hommes à bord, est touché par des obus de 20 mm. Le pilote arrive à se poser mais une partie du train d'atterrissage s'affaisse et c'est un cheval de bois[8]. L'observateur Israël est fait prisonnier par les Allemands. Il est enfermé à Arras puis est envoyé avec d'autres dans un oflag près de Lübeck. il ne sera libéré par les troupes alliées qu'à la fin de la guerre[5].
C'est au début de sa cinquième et dernière année en camp de prisonniers pour officiers que Jean Israël apprend dans la soirée du [9] la disparition en vol de Saint-Exupéry. Cette nouvelle le bouleverse[10].
En partant du camp dans un camion réservé aux pilotes, il prend sous sa protection un jeune enfant juif qu'il trouve là tout seul. Ce dernier avait subi des « expériences chirurgicales » de la part des tortionnaires nazis et son jumeau en était mort. Il devint par la suite ingénieur électronicien[5].