Jean Delire est un réalisateur belge, né à Châtelet (province de Hainaut) le [1] et mort le (à 70 ans) à Bruxelles. Il est principalement connu pour quelques documentaires sur le blues/jazz et des adaptations de littérature fantastique.
Biographie
Comme la plupart des cinéastes belges de l'époque, il débute comme chef opérateur, notamment pour Serge Leroy, et commence par réaliser de nombreux courts métrages documentaires, notamment sur le jazz. Dans la seconde moitié des années 1960, Jean Delire s'affirme dans des adaptations de la littérature fantastique. Selon Jacques Polet[2] : « Par ses choix de cadrages et d’éclairages très étudiés, il excelle à la création d’atmosphères envoûtantes, désolées, nostalgiques ou inquiétantes, qui témoignent brillamment d’une aptitude à solliciter les multiples sortilèges du noir et blanc. » Jean Delire est aussi réputé pour son « fabuleux sens de la bande-son »[3].
Alors qu'il avait un projet très important (une adaptation de Michel de Ghelderode), dégoûté par de graves soucis de production, Jean Delire a arrêté le cinéma du jour au lendemain.
À partir des années 1970, Jean Delire se consacre à son emploi à la RTBF où il collabore à de nombreuses émissions. Retraité, il devient assistant de Jean-Jacques Rousseau, un excentrique cinéaste amateur de sa région, le pays de Charleroi.
Lettre de New York (1986), documentaire de 30 minutes
Forêts de Wallonie (1985), documentaire de 30 minutes, tourné dans les forêts de Bonsecours, de Saint-Hubert et d'Eupen.
Un algorithme de tous les jours : le Postomat (1985), documentaire de 17 minutes sur la traduction d'actions de la vie courante en séquences exécutables par un système informatique. Analyse de l'action manuelle et transfert vers l'action automatisée.
Informatix (1984), une douzaine d'émissions télévisées consacrées à l'informatique.
Europe-story (1983), documentaire coréalisé avec Serge Flamé, journaliste spécialiste de l'actualité européenne.
F.U.C.A.M. (1973), documentaire tourné en 16 mm
Il y a deux cimetières à Prague, Kafka est dans l'autre (1970)
Plus jamais seuls (1969)[7], 90 minutes, tourné en 16 mm, avec Danielle Denie (seconde épouse de Delire), Guy Héron, Roger Hanin, Claude Volter, Nadia Grey, Marie-Blanche Vergne, etc.[8] Fiction sur le changement et la transformation d'une comédienne qui tombe enceinte, chronique de neuf mois de la vie d'un couple. Le cinéaste n’a jamais trouvé un distributeur d’accord pour assumer le gonflage en 35 mm.
Chalet Un[9] (1968), téléfilm d'après André Baillon[10], film préféré du cinéaste, « celui dont il faut se souvenir »[11].
Trois étranges histoires (1968), film à sketches comprenant les deux adaptations de Jean RayLa Choucroute (1966) et L'homme qui osa (1965), accompagnés de La princesse vous demande (1967) d'après Thomas Owen.
Une simple alerte (1967), court métrage (28 minutes) tourné en 35 mm, d'après la nouvelle éponyme de Marcel Thiry parue en 1967 aux Éditions Marabout dans le recueil Nouvelles du Grand Possible. Apparition de Maurice Béjart.
Une certaine Belgique (1967), documentaire télévisuel de 55 minutes (contribution, au ton décalé et pleine d'autodérision, de la RTB à une série de la BBC), avec un commentaire de Sélim Sasson[12].
La choucroute[13] (1966) court métrage (20 minutes) d'après la nouvelle éponyme de Jean Ray parue en 1966 aux Éditions Marabout dans le recueil Le livre des fantômes[14].
La croix de l'abbé d'Xhignesse (1960), téléfilm tourné en 16 mm
Le maître de montagne (1960), téléfilm tourné en 16 mm
Le sapin de Hautregard (1960), téléfilm tourné en 16 mm
La belle époque (1960)[18], fable pessimiste, tournée en 35 mm, sur le « progrès », loin du discours cliché qui fait des années 1960, une époque bénie où tout semblait possible[19]. Serge Leroy est l'assistant du cinéaste.
Le site brutal (1959), court métrage sur la désaffection industrielle, avec un poème de Christian Dotremont
Jazz Session (1958)
Big Bill Blues (1956), documentaire sur Big Bill Broonzy, guitariste et chanteur de blues américain, Ours d'argent au festival de Berlin, un des plus beaux films jamais consacrés au jazz[20].
L'usine abandonnée (1955), documentaire de 18 minutes
Les souris mènent la danse (1955)[21], coréalisé avec Roland Perault[22], avec Jacques Brel
L'étonnante évolution d'une ville (1954), documentaire de 22 minutes
Un pays noir (1953), coréalisé avec Jacques Boigelot, documentaire de 20 minutes
La vallée de l'Ourthe (1953), documentaire de 20 minutes
La boîte à surprise (1951), coréalisé avec Jacques Boigelot, documentaire de 30 minutes
La grille ne s'ouvre jamais seule (1949), 20 minutes
Visite au sculpteurCharles Leplae. 1957. Commentaires prises de vues Jean Delire, réalisation Jean Antoine.
↑dans Dic DocLe dictionnaire du documentaire : 191 réalisateurs, dictionnaire écrit sous la direction de Jacqueline Aubenas reprenant 191 réalisateurs de films documentaires ; 1999 http://www.audiovisuel.cfwb.be/index.php?id=avm_dicdoc
↑Claude Renglet, « Danièle Denie : « J'ai tourné Vol 141 comme si ma vie en dépendait… » », Télé 7 jours, no 628, , p. 50-51 (lire en ligne, consulté le ).
↑Paul Thomas, Un siècle de cinéma belge, Quorum, , 353 p. (ISBN2930014628), p. 101.
↑Selon André Goeffers, chef opérateur de Jean Delire, celui-ci lui a confié : « Cette bande de cons ne parle pas de Chalet 1. C’est pourtant mon film. Celui dont il faut se souvenir… » Je lui dis de se calmer, que c’est un livre de la Cinémathèque et que Chalet 1 est un film de télé produit par la RTB. Il s’est mis à évoquer ce film comme celui de sa vie. Je suis revenu la semaine suivante, il était dans une chambre stérile. Le docteur m’a fait comprendre qu’il n’y avait plus rien à espérer. Je l’ai vu une dernière fois et il est mort dans la semaine, le 1er avril 2000.