La géopolitique de l'eau s'attache à la description et à l'analyse des rivalités entre États qui ont pour objet ou vecteur l'eau. La géopolitique de l'eau analyse les répercussions politiques des besoins en eau, des concurrents pour l'obtention de ressources aqueuses, de leur exploitation, etc.
Les tensions autour du l'eau sont liées à ce que, essentielle pour la vie humaine, elle est difficilement trouvable ou coûteuse à produire à un état potable.
Si la Terre est à recouverte d'eau à hauteur de 71 % de sa surface[1], 97 % de cette eau est salée, et 2 % emprisonnée dans les glaces. Seul le dernier pour cent restant peut, naturellement, irriguer les cultures et étancher la soif de l'humanité. Aussi, l'eau et l'eau potable sont inégalement réparties sur la planète[2],[3],[4]. Cette inégalité dans l'allocation des ressources est un facteur aggravant de tensions préexistantes entre pays[5].
Cartes du stress hydrique et de la pénurie d'eau dans le monde.
Part de la population ayant accès à l'eau potable en 2005.
En 2025, selon l'ONU, à cause de la surexploitation des nappes et de l'augmentation des besoins, 25 pays africains seront en état de pénurie d'eau (moins de 1 000 m3/hab/an) ou de stress hydrique (1 000 à 1 700 m3/hab/an)[6].
Allocation selon le niveau de développement
La consommation d'eau est très inégale selon les niveaux de développement des pays :
7,3 m3/hab par an soit 20 L/hab par jour au Mali ou à Haïti[8].
Les associations humanitaires pointent du doigt ces disparités. « Alors qu’en moyenne un agriculteur malgache consomme dix litres d’eau par jour, un Parisien a besoin de 240 litres d’eau pour son usage personnel, le commerce et l’artisanat urbains, et l’entretien des rues. Quant au citadin américain, il consomme plus de 600 litres[9]. »
Au niveau planétaire, quatre milliards de personnes connaissent des pénuries sévères d’eau au moins 1 mois par an. D’ici 2025, 63 % de la population mondiale sera soumise au stress hydrique[10].
Allocation nationale
Dans le monde, il existe une forte inégalité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement. En Afrique par exemple, 90 % des tâches de collecte d’eau et de bois sont réalisés par les femmes. Au total, les femmes et les filles passent en moyenne six heures par jour à collecter de l'eau[10].
L'agriculture des pays développés est mise en cause pour sa consommation intensive d'eau :
au début du XXIe siècle, 70 % des prélèvements d'eau effectués sont destinés à l'agriculture vivrière ou d'exportation pour le marché mondial[8] ;
il faut 13 000 litres d'eau pour produire un kilogramme de bœuf, dite eau virtuelle[12].
Enjeu diplomatique
L'eau, en tant que ressource vitale, est une source de conflits, d'exacerbation de conflits, et elle est parfois instrumentalisée dans ce cadre[13],[14],[15],[16],[17],[18],[19]
Les barrages et pompages d'eau faits pour les besoins humains peuvent localement entrer en conflit avec les besoins agricoles et ceux des écosystèmes[20]. Certains barrages, notamment en Afrique sur le Nil, sont à l'origine de tensions interétatiques fortes[21].
↑(en) T. Oki, S. Kanae, Global hydrological cycles and world water resources, Science, 2006, sur sciencemag.org
↑(en) V. I. Korzun, World Water Balance and Water Resources of the Earth, vol. 25 of Studies and Reports in Hydrology (UNESCO, Paris, 1978)
↑(en) F. Baumgartner, E. Reichel, The World Water Balance: Mean Annual Global, Continental and Maritime Precipitation, Evaporation and Runoff (Ordenbourg, Munich, Germany, 1975)
↑Gleick P.H (2014) Water, drought, climate change, and conflict in Syria. Weather, Climate, and Society 6:331–340.
↑Kelley, C. P., S. Mohtadi, M. A. Cane, R. Seager, and Y. Kushnir (2015) Climate change in the Fertile Crescent and the implications of the recent Syrian drought. Proceedings of the National Academy of Sciences of the U.S.A. 112:3241–3246.
↑King M (2016) The weaponization of water in Syria and Iraq. Washington Quarterly 38(4):153–169.
↑King, M. 2017. Water stress, instability, and violent extremism in Nigeria. In Water Security and U.S. Foreign Policy, ed. D. Reed, pp. 128–49. New York: Routledge.