Peu après la création de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem ses soutiens en Europe occidentale ont commencé à léguer des terres agricoles et d'autres actifs pour contribuer aux objectifs de l'Ordre, l'aide médicale des pèlerins chrétiens vers la Terre sainte et aussi leur protection militaire. Ces propriétés foncières ont été rassemblées dans des divisions administratives appelées commanderies, chacune dirigée par un frère chevalier de l'Ordre dit commandeur. La première commanderie en Allemagne a été fondée dans le milieu du XIIe siècle[1],[2]. Ces commanderies étaient regroupées administrativement en prieurés et/ou bailliages et en langue hospitalière, dont la langue d'Allemagne.
En 1318, le grand bailliage de Brandebourg est établi dans les parties nord-est du Saint-Empire romain germanique, une agrégation des commanderies de l'Ordre sous la responsabilité d'un bailli capitulaire. L'importance de ce bailliage pour les Hospitaliers après la dévolution des biens de l'ordre du Temple, a amené l'Ordre à permettre, par l'accord du Heimbach en 1382, le droit aux frères chevaliers de la langue de d'Allemagne du Bailliage de Brandebourg, de choisir leur propre bailli de Brandebourg, plus communément appelé le Herrenmeister, et par celui-ci les commandeurs du bailliage[3],[4].
La scission de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Pendant la Réforme protestante, se pose le problème de l'adhésion au catholicisme. Le grand maître de l'Ordre et le pape ne peuvent accepter des membres de confession protestante. En 1581 le grand maître Jean L'Evesque de La Cassière convoque le herrenmeisterMartin von Hohenstein devant le Chapitre de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Malte mais, von Hohenstein ne s'étant présenté, de la Cassière décrète l'exclusion des chevaliers du bailliage de l'Ordre[5] en nommant le prieur d'Allemagne, catholique romain, bailli de Brandebourg, avec objectif de garder le bailliage au sein de l'Ordre[6],[7].
Avec l'appui des princes allemands, le bailliage de Brandebourg a continué à prospérer indépendamment de l'Ordre en admettant de nouveaux frères. Le bailliage a maintenu ses hôpitaux et autres institutions de soins pour les pauvres, les malades et les blessés. Les élections successives du herrenmeister (y compris un catholique romain, Adam von Schwartzenberg, en 1641) ont toujours été communiqués par le prieur d'Allemagne à l'Ordre mais les responsions du bailliage n'était plus transmis au trésor de l'Ordre privant celui-ci de revenus importants[8],[9].
La Guerre de Trente Ans dévasta le bailliage, entraînant la mort de nombreux chevaliers et la destruction d'une grande partie de la richesse du bailliage. Par les termes des Traités de Westphalie mettant fin au conflit, le bailliage a été placé sous la protection du prince électeur de Brandebourg, plus tard roi de Prusse, et membre de la Maison de Hohenzollern[10]. En vertu de cette protection, le Johanniterorden installe son siège au château de Sonnenburg dans le Neumark de Brandebourg, à l'est de l'Oder, même si le Herrenmeister réside dans le Ordenspalais à Berlin depuis son achèvement en 1738.
Frédéric le Grand de Prusse, protecteur du bailliage et le grand maître Manoel Pinto da Fonseca sont convenus en 1764 d'une réunification, et même, de la participation des délégués du bailliage au Chapitre général de l'Ordre à Malte en 1776, malgré l'opposition de Clément XIII. Le XVIIIe siècle, après l'expulsion de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem de Malte, verra des tentatives sporadiques de reconstitution avec le bailliage protestant pour le réincorporer dans l'Ordre catholique romain. Malgré le rétablissement de relations suivies, y compris le paiement des responsions, cela n'a jamais été possible du fait du véto papal[11],[12].
Polémique sur les héritiers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem
(en) Robert M. Clark, Jr., The Evangelical Knights of Saint John: A History of the Bailiwick of Brandenburg of the Knightly Order of St. John of the Hospital at Jerusalem, Known as the Johanniter Order; Dallas, Texas: 2003.
(en) Thomas Freller, The German Langue of the Order of Malta: A Concise History; Santa Venera, Malte: Midsea Books Ltd., 2010.
(de) Carl Hugo Herrlich, Die Balley Brandenburg des Johanniter-Ordens von ihrem Entstehen bis zur Gegenwart und in ihren jetzigen Einrichtungen; Berlin: Carl Heymanns Verlag, 1904.
(en) Michael Galea, German Knights of Malta, Bugelli Publications, Malta, 1986
Michel de Pierredon, Histoire Politique de l'Ordre Souverain des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dit de Malte, depuis la chute de Malte jusqu'à nos jours ; Paris, 1926.
(en) Guy Stair Sainty, The Orders of Saint John: The History, Structure, Membership and Modern Role of the Five Hospitaller Orders of Saint John of Jerusalem; New York: The American Society of the Most Venerable Order of the Hospital of Saint John in Jerusalem, 1991.
(en) Robert Storm, A Brief History of the Bailiwick of Brandenburg of the Chivalric Order of St. John of the Hospital at Jerusalem, dans le Volume XXVIII, No. 1 (Easter, 2011), de Johanniter Herald.