Le gothique Plantagenêt ou gothique angevin, ou encore gothique de l'Ouest, est une variante de l’architecture gothique classique. Le style est caractérisé par des voûtes avec un profil très bombé. Il s’est répandu dans l'ouest de la France : en Anjou, en Touraine, en Limousin, en Poitou, en Gascogne, dans le Maine et Bretagne.
Mais ce sont surtout les voûtes qui caractérisent le gothique angevin : la voûte angevine présente un profil très bombé (clef de voûte sensiblement plus haute que les doubleaux et les formerets), alors que la voûte francilienne est plus plate (clef de voûte au même niveau que les doubleaux et les formerets).
Ces voûtes gothiques fortement bombées souvent armées de 8 nervures toriques qui rayonnent autour d’une clef de voute ronde. Ce voûtement à nervures multiples concerne en Maine-et-Loire une quarantaine d’édifices[1], et en Indre-et-Loire une trentaine d'édifices[2].
Dans la nef de la cathédrale d'Angers, la clef de voûte est 3,50 mètres plus haute que la clef des doubleaux et les formerets.
Au XIIe siècle, des nervures plus nombreuses et plus gracieuses retombent sur le haut des colonnes rondes. Comme à l'abbaye Saint-Serge d'Angers.
Ce système typique du milieu du XIIe siècle est une combinaison d'influences du renouveau gothique (voûte d'ogives) et de l'architecture romane de l'ouest de la France (églises à files de coupoles comme la cathédrale Saint-Front de Périgueux ou la cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême). Il se caractérise par une nef qui peut être à vaisseau unique (sans bas côtés) ou à trois vaisseaux, des croisées d'ogives très bombées qui poussent peu à dévers et qui ne nécessitent pas d'arcs-boutants.
Les voûtes angévines sont adaptées en Westphalie, en premier autour de 1200 dans l'abbatiale cistercienne de Marienfeld (DE) et dans la Große Marienkirche (DE) (Ste-Marie-la-Grande) de Lippstadt. On suppose, que le seigneur Bernard II de Lippe, un partisan d'Henri le Lion, accompagne le Welf à l'exil « anglais » – en Poitou. En 1184, il vit le chantier de la cathédrale de Poitiers. Retourné en Allemagne, il fut actif comme un des fondateurs de l'abbaye de Marienfeld. Et son territoire comprenait la ville de Lippstadt[7]. Depuis la Westphalie, ce modèle de voûtes et ses modifications se propagèrent au nord d'Allemagne et au nord des Pays-Bas. En hollandais, on parle de « Westfaalse koepelgewelven »[8].
Notes et références
↑Subes-Picot, Marie-Pasquine, « Yves Blomme, Anjou gothique. Paris, Picard, 1998. 359 p., 322 ill. n. et bl. avec cartes et plans. », Revue de l'Art, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 124, no 1, , p. 84–84 (lire en ligne, consulté le ).
↑(de) Holger Kempkens, « Bernhard II. zur Lippe und die Architektur der Abteikirche Marienfeld » dans : Jutta Prieur (éd.), « Lippe und Livland, » Bielefeld 2008 (ISBN9783895347528) (Table des matières)
↑Stenvers et al. (éd.), série Monumenten in Nederland, volume sur la province de « Groningen », p. 20, chapitre « Stijl en verscheiningsvorm » (à télécharger de digitale bibliotheek voor de Nederlandse letteren).
Annexes
Bibliographie
Anthyme Saint-Paul, « Origine du style ogival Plantagenêt », dans Annuaire de l'archéologue français, 1877, volume 1, p. 125-127(lire en ligne)
André Rhein, « Les voûtes de l'église de Mouliherne », dans Congrès archéologique de France. 77e session. Angers et Saumur. 1910, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 224-233
Emmanuel Litoux et Daniel Prigent, « Un nouveau regard sur l'architecture médiévale en Anjou : D'un congrès à l'autre, l'évolution des paradigmes », dans Congrès archéologique de France. 180e session. Maine-et-Loire. 2021 : Nouveaux regards sur l'architecture médiévale en Anjou, Paris, Société française d'archéologie, , 600 p. (ISBN978-2-36919-204-6), p. 11-26