Après la mort en bas âge de sa sœur aînée Charlotte-Albertine (1713-1714), la princesse Frédérique-Louise bénéficie d'une indulgence particulière et est autorisée à grandir assez librement. Sa sœur Wilhelmine de Bayreuth la décrira dans ses mémoires comme étant d'un tempérament "capricieux et mesquin" ; cependant, elle fait également l'éloge de son talent et de sa beauté.
Son mariage est arrangé par Christiane Charlotte, régente d'Ansbach, et son père, qui cherche à augmenter son influence dans le sud de l'empire. Plus tard, Frédéric II étend l'apanage de sa sœur et reçoit en retour un régiment de soldats d'Ansbach, qui combattra avec les Prussiens.
Le mariage n'est pas heureux ; l'époux Charles Guillaume Frédéric est connu comme "le Margrave sauvage". Il fera même le reproche au roi Frédéric-Guillaume Ier de l’avoir trompé en n'ayant qu'en tête d'annexer son pays à la Prusse. Pendant son long voyage vers Ansbach en juin 1729, la jeune mariée de 14 ans souffre de crises de porphyrie[a]. Elle présente des nausées, des vomissements, et des évanouissements au cours desquels elle semble « comme morte ». Son conjoint affirme qu'elle est boiteuse et a de mauvaises dents. Au départ, il ne veut pas dormir avec elle. Le prince héritier Frédéric commente le mariage en février 1732 en ces termes : «... ma sœur d'Anspac et M. son mari qui se haïssent comme le feu… ». Sur une fenêtre du salon familial de la résidence d'Ansbach, la margravine a gravé dans le verre avec un diamant : « Je souffre sans oser le dire ».
À la naissance de son premier fils, Charles Frédéric Auguste, en 1733, Frédérique-Louise reçoit en donation la résidence Hofmark d'Unterschwaningen. Mais le jeune prince décède en mai 1737, et le margrave et toute la cour rendent sa mère responsable de sa mort. Frédérique-Louise se sépare de son conjoint pour vivre dans la solitude à Unterschwaningen. Dans les années qui suivent, elle fait agrandir et décorer le château.
Même après la mort du margrave en 1757, Frédérique-Louise ne retourne pas à la cour d'Ansbach. Son malheur est encore aggravé par le refus de son seul fils survivant de la voir ou de la reconnaître.
Bibliographie
Helmut Schnitter (Hrsg.) : Die ungleichen Schwestern. In: Ders. (Hrsg.): Gestalten um Friedrich den Großen. Biographische Skizzen. Preußischer Militär-Verlag, Reutlingen 1992, (ISBN3-927292-07-9), Bd. 1, S. 67–82.
Notes et références
Notes
↑La porphyrie intermittente aiguë est une maladie métabolique héréditaire prédominant cliniquement chez les femmes et se déclarant à partir de la puberté ; les crises peuvent être spontanées, ou déclenchées par un stress, ou d'autres évènements, comme par exemple des douleurs menstruelles. Les mariages consanguins, fréquents à cette époque dans les lignées princières et royales, en augmentent l'incidence. On a avancé parfois que Frédéric-Guillaume Ier, père de Frédérique-Louise, en était atteint, ce qui est loin d'être avéré. En revanche, il est presque certain que des descendants de son grand-père maternel, dont le roi George III d'Angleterre et d'autres membres de la dynastie des Hanovre, avaient cette maladie. La porphyrie présumée de George III est le sujet du film La Folie du roi George (1994).