François Haerter est né le (14 Thermidor de l'an V) dans la maison de ses parents, rue des Chandelles à Strasbourg. Son père, François Haerter était un confiseurlibre penseur. Sa mère, Louise Rhein, issue d'une famille pieuse, demeurait au foyer et est morte de ses blessures à la suite d'un accident durant lequel elle avait protégé son fils, qui avait alors 11 ans[2]. Ce dernier fut profondément marqué par cet évènement.
Il étudia au gymnase Jean-Sturm, puis au séminaire de théologie, où il entra davantage pour faire plaisir à son père que par conviction. Durant ses études, il se lia d'amitié avec le professeur Frédéric Emmerich, qui devint progressivement son maître spirituel[2]. Déstabilisé par la mort de son père et de son maître, il partit parfaire sa formation en Allemagne, malgré sa santé fragile. C'est durant ce voyage qu'il rencontra sa future femme, Élise Henriette Kampmann.
Ordonné pasteur en 1822, il se maria l'année suivante. Le couple s'installa à Ittenheim, où le pasteur est nommé. Durant les six ans du ministère de Haerter dans cette paroisse, il s'imposa comme prédicateur et mit sur pied une association des instituteurs locaux. Il rend plusieurs fois visite au pasteur Oberlin au Ban de la Roche, se sentant proche de ses idées. Cependant, il fut ravagé par la mort de sa femme en 1828, ce qui provoqua son départ d'Ittenheim. Il passa par une longue crise intérieure qui le força à placer sa fille, Sophie (future diaconesse), au foyer Herrenschmidt et son fils, Gustave (futur vicaire), chez son parrain, le professeur Schweighauser.
Ayant recouvré une meilleure santé, il reprit avec lui ses deux enfants et se remaria en 1830 avec Frédérique Dorothée Rausch. Trois enfants naquirent de cette nouvelle union. Il exerça alors son ministère au Temple Neuf à Strasbourg, qu'il ne quitta plus jusqu'à sa mort. Trouvant véritablement sa vocation, il prononça le une prédication qui exerça un profond impact, tout en suscitant une vive opposition dans les milieux rationalistes et orthodoxes du protestantisme[3]. C'est à partir de cet évènement qu'il incarna le Réveil piétiste en Alsace.
Marqué par les deuils (il est veuf pour la seconde fois en 1842), il prêchait la rupture avec le monde, insistant sur la vie religieuse personnelle plutôt que sur l'Église et la fidélité doctrinale. Malgré ses affrontements fréquents avec Frédéric Horning et les autres théologiens libéraux, majoritaires au Directoire et à la Faculté de théologie[3], il demeura fermement attaché à l'Église luthérienne. Malgré son rattachement au piétisme, il n'était l'homme d'aucun parti, les gens du « Réveil » n'ayant eux-mêmes pas réussi à l'annexer à leur mouvement[4].
En dehors de son activité paroissiale, François Haerter est surtout reconnu pour la création et l'animation d'institutions diaconales et d'évangélisation, dont les plus connus actuellement sont la clinique des Diaconesses de Strasbourg et le collège Lucie Berger. En 1834, il contribua à la création, puis aux missions de la Société évangélique de Strasbourg. Il joua un rôle fondamental dans la fondation et l'organisation de la congrégation des Diaconesses en 1842, appelées dans un premier temps les "Servantes des Pauvres"[5]. Le premier établissement se trouvait dans la rue du Ciel. Il collabora également activement à d'autres œuvres, comme la Société biblique, la Société du sou protestant, l'Union chrétienne des jeunes gens ou l'orphelinat du Neuhof et participa aux comités de nombreuses autres, telles que ceux des missions de Bâle et de Société des missions évangéliques de Paris ou de la fondation Blessig[3].
Son engagement et ses prédications étaient fort appréciés par les membres de sa paroisse[3], c'est pourquoi son enterrement en 1874 provoqua le rassemblement d'une grande foule à Saint-Pierre-le-Jeune à Strasbourg[6].
Sa devise était « Jésus-Christ est le même hier, et aujourd'hui, et éternellement »[7].
Œuvres
Ses écrits imprimés sont essentiellement des prédications.
Das hat der Feind gethan: Oder die Reformation des sechzehnten Jahrhunderts gegenüber dem Abfalle der neuesten Zeit; Amtspredigt, gehalten am 23sten Sonntage nach Trinitatis 1863, Straßburg, Chez la veuve Berger-Levrault, 1864
Worte gesprochen durch... F. Härter bei der Bestattung von... Jakob Matter,..., Straßburg, G. Silbermann, 1864
↑Jean-Paul Haas, Strasbourg, rue du Ciel. L'Établissement des Diaconesses de Strasbourg fête ses 150 ans d'existence européenne, Strasbourg, Éditions Oberlin, 1992, p.26.
↑Diaconesses de Strasbourg, Vivre selon François Haerter aujourd'hui, Strasbourg, Éditions du Signe, 1997, p.25.
↑Diaconesses de Strasbourg, Vivre selon François Haerter aujourd'hui, Strasbourg, Éditions du Signe, 1997, p.21.
↑Diaconesses de Strasbourg, Vivre selon François Haerter aujourd'hui, Strasbourg, Éditions du Signe, 1997, 4e de couverture.
↑Maurice Moszberger (dir.), Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 388 (ISBN9782845741393)