Jusqu'en 2010, il a fait partie du groupe d'experts pour la refonte du programme de seconde de sciences économiques et sociales dans le cadre de la réforme du lycée voulue par le ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel. Il en a démissionné après que le dit programme a été rendu public et a suscité de vives réactions dans le corps enseignant. Sa décision a été motivée par le manque d'indépendance qu'a eu le groupe d'experts vis-à-vis du cabinet du ministre et du peu de place fait à la sociologie dans les nouveaux programmes[4].
Le démantèlement de la figure institutionnelle est son idée principale, développée dans ses ouvrages (L'Expérience sociologique, Sociologie de l'expérience, À l'école, Dans quelle société vivons-nous ? et Le Déclin de l'institution) et héritée de la sociologie d'Alain Touraine.
Pour François Dubet, la modernité avait créé des institutions, appareils politiques qui organisaient des cadres cognitifs de possibles et par là enjoignaient les actions des individus. Pour lui, nous sommes entrés dans la modernité tardive, long processus socio-historique promoteur de la figure subjective et responsable de la déconstruction de l'institution. Alors que cette dernière pouvait autrefois[Quand ?] être considérée comme un ensemble stable et harmonieux de principes et de valeurs sociales invétérés, elle a progressivement, et depuis la fin des années 1960, perdu sa cohérence tout autant que sa propension à « mettre aux normes » les conduites sociales. Dubet a notamment appliqué ces idées à l'école ou à la question des injustices au travail.
En 2007, il appelle à voter pour Ségolène Royal, dans un texte publié dans Le Nouvel Observateur, « contre une droite d’arrogance », pour « une gauche d’espérance »[8].
École de masse et méritocratie
François Dubet pense que la scolarité en France, à l'aube du XXIe siècle, est un système à « fabriquer de l'exclusion »[9]. Il considère que les diplômes devraient être plus un droit que le résultat d'un contrôle sur l'apprentissage scolaire, les diplômes étant réservés, selon lui, à une minorité seule capable d'atteindre l'excellence[10]. Pour Jean-Paul Brighelli, Dubet est l'un de ceux qui, « depuis des décennies », œuvre à démanteler dans le système éducatif français « ce qui reste encore debout »[11].
Avec Alain Touraine, Zsuza Hegedus et Michel Wieviorka, La Prophétie anti-nucléaire, Paris, Seuil, coll. « Sociologie Permanente », , 375 p. (ISBN978-2-02-005440-9 et 2-02-005440-X).
Avec Alain Touraine, Zsuza Hegedus et Michel Wieviorka, Le Pays contre l'État : Luttes occitanes, Paris, Seuil, coll. « Sociologie », , 318 p. (ISBN2-02-005833-2).
Avec Alain Touraine, Michel Wieviorka et Jan Strzelecki, Solidarité, Paris, Fayard, coll. « Essais », , 309 p. (ISBN2-213-01181-8).
Avec la collaboration de Catherine Flé, Immigrations, qu'en savons-nous ? : Un bilan des connaissances, la Documentation française, coll. « Notes et études documentaires » (no 4887), , 144 p. (lire en ligne).
Avec Daniel Filâtre, François-Xavier Merrien et al., Universités et Villes, La Défense/Paris, L'Harmattan, coll. « Villes et entreprises », , 320 p. (ISBN2-7384-2697-2).
Sociologie de l'expérience, Paris, Le Seuil, coll. « La Couleur des idées », , 272 p. (ISBN2-02-022869-6).
Avec Danilo Martuccelli, Dans quelle société vivons-nous ?, Paris, Seuil, coll. « L'Épreuve des faits », , 312 p. (ISBN2-02-032996-4).
Avec Marie Duru-Bellat, L'Hypocrisie scolaire : Pour un collège enfin démocratique, Paris, Seuil, coll. « L'épreuve des faits », , 240 p. (ISBN2-02-040393-5).
François Dubet (dir.) et al., Écoles, Familles : Le malentendu, Paris, Textuel, coll. « Essais et documents », (1re éd. janvier 1997), 170 p. (ISBN2-909317-29-3).
L'École des chances : Qu'est-ce qu'une école juste ?, Paris, Le Seuil, coll. « Coédition Seuil-La République des idées », , 96 p. (ISBN2-02-068579-5).
Avec Valérie Caillet, Régis Cortéséro, David Mélo et Françoise Rault, Injustices : L'expérience des inégalités au travail, Paris, Seuil, coll. « H.C. essais », , 504 p. (ISBN2-02-086378-2).
Les Places et les Chances : Repenser la justice sociale, Paris, Le Seuil, coll. « Coédition Seuil-La République des idées », , 128 p. (ISBN978-2-02-101473-0 et 2-02-101473-8).
Avec Marie Duru-Bellat et Antoine Vérétout, Les Sociétés et leurs écoles : Emprise du diplôme et cohésion sociale, Paris, Seuil, coll. « Essais », (réimpr. 27 août 2015, Points, coll. « Essais »), 224 p. (ISBN978-2-02-102009-0 et 2-02-102009-6).
« Faire société par le côté gauche », dans Pierre Rosanvallon et al., Refaire société, Seuil, coll. « Coédition Seuil-La République des idées », , 96 p. (ISBN2021054314), p. 77-90.
Avec Olivier Cousin, Éric Macé et Sandrine Rui, Pourquoi moi ? : L'expérience des discriminations, Paris, Le Seuil, coll. « H.C. essais », , 384 p. (ISBN978-2-02-109741-2 et 2-02-109741-2).
La Préférence pour l'inégalité : Comprendre la crise des solidarités, Paris, Le Seuil, coll. « Coédition Seuil-La République des idées », , 112 p. (ISBN978-2-02-118622-2 et 2-02-118622-9).
Le Temps des passions tristes : Inégalités et populisme, Paris/58-Clamecy, Le Seuil, coll. « Coédition Seuil-La République des idées », , 112 p. (ISBN978-2-02-142034-0 et 2-02-142034-5).
↑Gérard Noiriel, Les Fils maudits de la République. L'avenir des intellectuels en France, Fayard, Paris, 2005.
↑Sylvie Tissot, L'État et les quartiers. Genèse d'une catégorie de l'action publique, 2007, Paris, Seuil.
↑« Autant de thèmes ressassés par la "deuxième gauche" sociale-libérale, à laquelle l’auteur fut longtemps associé, au point de signer en décembre 1995 la pétition de soutien au plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale. C’est dire si ce petit ouvrage offre un bon indicateur de l’état de désarroi idéologique d’un courant de pensée... dont même Jacques Julliard, l’un de ses fondateurs, vient d’admettre l’échec historique. »Pierre Rimbert, Le Monde diplomatique.
↑« Pour souligner sa réflexion sur la sociologie et sur le métier de sociologue, ainsi que sa capacité à conjuguer théorie et pratique en incarnant brillamment les figures du professeur, du chercheur et du sociologue public. »