Une faiseuse d'anges est une femme (le plus souvent non médecin) qui agit volontairement de façon à interrompre la grossesse non voulue d'une autre femme.
Histoire
Ces interventions se pratiquaient illégalement, dans la clandestinité, souvent par des méthodes dangereuses (injection d'eau savonneuse dans l'utérus, pose de sondes dans le col de l'utérus, aiguilles à tricoter, massages, etc.). Les complications graves étaient fréquentes (lésions, infections, saignements) avec parfois des suites mortelles. En France, les faiseuses d'anges étaient passibles de peines plus ou moins lourdes[1].
La définition du terme, proposée par Émile Littré, en 1877, est la suivante : « nourrice qui laisse mourir de propos délibéré des nourrissons qu'on lui confie ». L'idée était donc que ces enfants innocents devenaient des anges après la mort. Entre le XIXe et le XXe siècle, il y a eu un glissement sémantique : auparavant, la « faiseuse d'anges » provoquait la mort des enfants ; ensuite il s'agit d'embryons[2].
Dans la plupart des pays occidentaux, cette activité a disparu depuis la légalisation de l'avortement, qui est devenu une intervention médicale.
Références
↑Code pénal du 25 septembre 1791. TITRE II - Crimes contre les particuliers, SECTION I - Crimes et attentats contre les personnes. Article 17 : Quiconque sera convaincu d'avoir par breuvage, par violence ou par tous autres moyens, procuré l'avortement d'une femme enceinte, sera puni de vingt années de fers.CODE PÉNAL DE 1810, TITRE II, CRIMES ET DÉLITS CONTRE LES PARTICULIERS.CHAPITRE PREMIER,CRIMES ET DÉLITS CONTRE LES PERSONNES, SECTION 1re. – MEURTRES ET AUTRES CRIMES CAPITAUX, MENACES D'ATTENTATS CONTRE LES PERSONNES. § 1er. – MEURTRE, ASSASSINAT, PARRICIDE, INFANTICIDE, EMPOISONNEMENT. ARTICLE 317 : Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, violences, ou par tout autre moyen, aura procuré l'avortement d'une femme enceinte, soit qu'elle y ait consenti ou non, sera puni de la réclusion.
Lucien A. Cazals, Les faiseuses d'anges : auteurs principaux de la dépopulation de la France, chez l'auteur, Toulouse, 1903, 31 p.
Aline Gualeni, La liberté d'être ou de n'être pas mère - La question de l'avortement à Genève 1900-1942, mémoire de licence, Université de Genève, Fac. de Lettres, 1997, pages 104-116
Bruno Lafleur, Dictionnaire des locutions idiomatiques françaises, Éd. du Renouveau pédagogique, Montréal, 1979, p. 18 (ISBN3-261-04689-9)
Mireille Le Maguet, Une "faiseuse d'anges" sous Vichy : le cas Marie-Louise Giraud, Institut d'études politiques de Grenoble, Saint-Martin-d'Hères, 1996, 128 p. (Mémoire)
Renaat van der Linden, « Abortus provocatus : le faiseur et la faiseuse d'anges », in Amour et mariage en Europe, Musée de la vie Wallonne, Liège, 1975, p. 34-56
Justine Mie d'Aghonne (pseud.), Une faiseuse d'anges, E. Dentu, Paris, 1890
Marine Oumar, Ali Lapointe, Dahas Ouarbi Silit, Daniel Moeiro, La Faiseuse d'Anges, Rencontres Scop, 2007, 126 p. (ISBN978-2-87307-020-5)