La gouvernante du comte, Nicolette, est très familière et l'appelle par son prénom : on ne sait pas si Champignac a été marié à miss Mac Kenzie, à Nicolette ou à une autre, et on ignore ce qu'il est advenu de son épouse (est-il divorcé ? séparé ? veuf ?), mais dans Z comme Zorglub (Spirou et Fantasio n° 15, p. 27, cases B2 à C1) il l'évoque devant Spirou et Fantasio : « Du temps de ma femme, c'était la même chanson : Pacôme, invente ceci pour ma cuisine ; Pacôme, invente cela pour ma lessive... Et Pacôme inventait ! » : on imagine plus facilement sa gouvernante belge s'occupant du ménage du comte, plutôt qu'une décrypteuse venue d'outre-Manche ;
L'administrateur militaire de Bletchley Park se nomme Mr. Kroston, référence à la série Les Krostons ;
Planche 35 : Alan Turing croque dans une pomme puis la pose sur la table où l'ombre du fruit dessine le logo de la marque Apple[n 4] ;
Le développement d'une aventure centrée sur le personnage du Comte de Champignac[n 7] revient à Sergio Honorez et Benoit Fripiat, respectivement directeur éditorial et directeur éditorial adjoint des éditions Dupuis[1], qui ont sollicité le couple de scénariste BéKa[n 8] en leur demandant « une histoire à raconter dans l'univers de Spirou »[2].
Les scénaristes avaient tenté d'écrire en 2010 un scénario autour de Bletchley Park[n 9],[n 10], mais l'avaient abandonné car il ne fonctionnait pas. La demande de Dupuis leur permet de revenir sur ce projet en y intégrant le personnage de Champignac, lequel aurait parfaitement eu sa place dans Bletchley Park que les scénaristes qualifient de « vraie réunion de geeks qui pouvaient faire ce qu'ils voulaient ». Bien que surpris par le ton réaliste du scénario alors que les précédents travaux de BéKa se situent dans le registre comique[n 11], Dupuis accepte le projet[3].
Le duo BéKa souhaite confier le dessin à David Etien, dont ils apprécient le travail sur la série Les Quatre de Baker Street, auquel ils écrivent sur sa page Facebook. Tenté tout d'abord de refuser en raison de son emploi du temps chargé, David Etien, grand amateur du Spirou des époques Franquin et Tome & Janry, apprécie le scénario et le contexte historique d'Enigma et décide d'accepter de donner vie au projet, qui lui permet en outre de retrouver Londres à une autre époque que celle des Quatre de Baker Street. Il apprécie également que, dans les albums dérivés de la série principale, les auteurs soient invités à conserver leur style graphique et à ne pas reprendre le « trait Spirou »[2].
Tous deux de formation scientifique, les scénaristes décrivent le fonctionnement de la machine Enigma de manière précise, et ancrent leur récit dans la réalité historique. Quant au personnage de Champignac, s'ils reprennent ses caractéristiques principales (curiosité, humanisme, génie pour les inventions), ils n'hésitent pas à « le ressentir de façon personnelle, voire le trahir un peu » et à lui permettre des audaces, telle le baiser échangé avec Miss Mac Kenzie, avec laquelle il se baigne nu[3].
Les scénaristes décrivent leur collaboration comme un « ping-pong, d'une idée à l'autre, selon l'inspiration, selon les séquences aussi ». Ainsi, pour Champignac, l'idée de départ émane de Bertrand Escaich, connaisseur de l'univers de Spirou et Fantasio, et la plupart des dialogues sont l'œuvre de Caroline Roque[2].
Autour de l'album
Les auteurs situent très clairement le village de Champignac-en-Cambrousse en Belgique alors que les auteurs de la série antérieure avaient quelque peu brouillé les pistes [n 12].
L'histoire se situe en 1940, dix ans avant que Spirou et Fantasio ne fassent la connaissance du Comte de Champignac[n 13].
Le récit est prépublié dans le Journal Spirou entre décembre 2017 et janvier 2018. David Etien signe un dessin original pour la couverture du no 4209 du , laquelle annonce « Un numéro énigmatique », « Champignac, au cœur des secrets »[4].
L'album est initialement créé comme un one shot dont la fin du récit est ouverte, mais son succès a permis à Dupuis d'envisager Champignac comme une série. Peu après le lancement de cette histoire (en 2018), les scénaristes annonçaient déjà avoir la trame de deux autres épisodes, l'un dans la continuité de celui-ci et un autre qui se situerait dix ans plus tard[1],[2].
Accueil critique
L'album est bien accueilli : Planètebd[5], Auracan[6], dBD[n 14],[7], Ligneclaire[8] et Sceneario[9] le jugent fort élogieusement, tandis que Casemate est plus réservé, appréciant le dessin tout en regrettant des exposés scientifiques et historiques jugés rébarbatifs et le fait que Turing et Enigma volent la vedette à Pacôme de Champignac[10].
Tirage limité à 940 exemplaires hors commerce, réservée aux libraires, journalistes et bibliothécaires, couverture souple, 235 mm x 310 mm, visuels de couverture et 4è plat différents, Dupuis, 2019 (ISBN979-1-03-473847-2)
↑Le futur auteur de James Bond a été assistant dans les services secrets britanniques pendant la Seconde Guerre Mondiale.
↑Personnages créés par Franquin dans l'album Il y a un sorcier à Champignac, qui réapparaissent dans les albums se déroulant à Champignac-en-Cambrousse.
↑Ce logo est souvent considéré, à tort, comme un hommage à Alan Turing qui se serait suicidé, selon la thèse officielle, jamais prouvée, en mangeant une pomme imprégnée de cyanure. Le dessinateur du logo et Apple ont nié qu'il y avait un quelconque hommage à Turing dans le logo.
↑Le Moustic Hôtel est celui où travaille Spirou lors de la création du personnage par Rob-Vel en 1938.
↑L'histoire est située pendant l'occupation de la Belgique en 1940 et présente Spirou comme lors de sa création, en jeune groom au Moustic Hôtel de Bruxelles.
↑Dupuis développe depuis quelques années des séries ou récits dérivés de la série principale Spirou et Fantasio : Le Marsupilami, Le Petit Spirou, Le Spirou de…, plus récemment Zorglub et prochainement Supergroom.
↑Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville de Bletchley accueille le principal site de décryptage du Royaume-Uni, où les chiffres et les codes de plusieurs pays de l'Axe sont déchiffrés, dont les plus importants, notamment ceux de la machine allemande Enigma.
↑Par exemple, Champignac-en-Cambrousse est dirigée par un maire et non par un bourgmestre, et le représentant de l'État dans son ressort géographique est un préfet (dans le Le Prisonnier du Bouddha) et non un gouverneur de province, suggérant une localisation en France.