Ecce homo est une peinture murale réalisée par Elías García Martínez à la fin du XIXe siècle[1] ou au début du XXe siècle[2], dans l'église du Sanctuaire de miséricorde (Santuario de Misericordia) de Borja (Saragosse, Espagne).
L'œuvre, décrite comme de modeste valeur artistique (« Escaso valor »[3] / « little artistic importance »[4]), acquiert une notoriété au niveau mondial[3] quand Cecilia Giménez, une octogénaire du village, entreprend de son propre chef (selon les autorités locales)[5] un travail de restauration en 2012, qui s'avèrera être un ratage complet.
Histoire
L'œuvre suivant le thème de l'Ecce Homo a été offerte au village par l'artiste qui avait l'habitude d'y passer ses vacances. Le peintre indique sous la toile : « Ceci est le résultat de deux heures de dévotion à la Vierge de la Miséricorde »[6],[1].
Tentative de restauration de l’œuvre
Image externe
Les trois versions de Ecce Homo : à gauche, la version originale ; au centre, la fresque détériorée ; à droite, la « tentative » de restauration par Cecilia Giménez (visible sur le site du New York Times).
Le tableau, soumis à l'humidité, se détériorait. Lors de la tentative de restaurer l’œuvre, alors qu'elle avait déjà restauré la tunique, Cecilia Giménez perd complètement le contrôle de la situation lorsqu’elle s’attaque à la restauration du visage du Christ[7]. Le résultat est décrit par un correspondant de BBC Europe comme ressemblant à une « esquisse au crayon d'un singe très poilu dans une tunique mal ajustée[8] ». Par raillerie, certains internautes ont rebaptisé l'œuvre Ecce Mono (« Voici le Singe », mono signifiant « singe » en espagnol)[9].
Outre les nombreux articles de presse, les internautes s'emparent du phénomène en proposant de nombreuses interprétations du « nouvel Ecce Homo de Borja »[10], qui est en passe de devenir une icône populaire[11]. Plusieurs pétitions sont lancées pour la conservation de la nouvelle version, dont une qui recueille plus de 10 000 signatures en quelques jours[12]. Le cinéaste Alex de la Iglesia prend parti pour cette nouvelle version sur son compte Twitter, la décrivant comme une « icône de notre manière de voir le monde[13] ». Pour l'écrivain espagnol Jesús Ferrero(en), les « mains radiantes de la dame » ont transformé le statut de la toile, qui est passé d'œuvre « académique et terriblement ancrée dans le XXe siècle » à celui « d'icône pop[11] ».
Dans le but de collecter des fonds pour restaurer correctement l’œuvre, la visite de la peinture est devenue payante depuis mi-septembre 2012. Cecilia Giménez engage alors des avocats pour toucher, elle aussi, des subsides sur la restauration[14].
En août 2013, un accord signé entre Cecilia Giménez et la fondation municipale gérant le sanctuaire, attribue 49 % des droits d'auteur à l'octogénaire, le reste revenant à la fondation. Cependant, les bénéficiaires ne souhaitant pas profiter de ces revenus, ceux-ci décident de les reverser à des œuvres caritatives[15]. À ce jour, les héritiers d'Elías García Martínez ne désirent pas participer à l’accord de répartition des droits.
Deux restauratrices d'art, Incarnation Ripollès et Mercedes Nunez ont, après expertise, jugé l'œuvre de Elías García Martínez « récupérable »[16].
Succès touristique
L'intérêt des touristes pour la peinture était tel que l'église a commencé à faire payer pour voir la fresque[17]. Dans l'année qui a suivi l'échec de la restauration, l'activité touristique a généré 40 000 visites et plus de 50 000 € pour une association caritative locale[18],[19].
Cecilia Giménez a demandé une part des redevances. Son avocat a dit qu'elle voulait sa part des bénéfices pour aider les organismes caritatifs de dystrophie musculaire, parce que son fils souffre de la maladie[20],[21].
En 2016, le nombre de touristes visitant la ville est passé de 6 000 à 57 000. En plus de dépenser de l'argent dans les entreprises locales, les visiteurs ont fait don de 50 000 € à l'église. L'argent a été utilisé pour employer d'autres préposés à l'église et pour financer une maison de retraite[22]. Le 16 mars 2016, un centre d'interprétation dédié à l'œuvre a été ouvert à Borja[23].