Drag

Le drag est une forme de performance utilisant notamment le vêtement, le maquillage, la coiffure, et l'expression scénique afin de jouer un genre de façon volontairement exagérée : féminité (drag queen), masculinité (drag king) ou d'autres formes d'expressions de genre (drag queer, etc.). Ces performances interviennent en particulier lors de drag shows.

Histoire

Etymologie

On date l'origine du mot drag de l'argot de théâtre et des bals masqués au début des années 1870[1]. Le terme désignerait de « grands chiffons » faisant référence au froissement des longues jupes traînant sur le sol des comédiens travertis en femmes[2],[3]. Le terme pourrait également prendre des origines dans d'autres langues comme dans les termes « trogn » en yiddish et « tragen » en allemand signifiant « à porter »[4].

Une autre hypothèse encore, répandue bien que non attestée, est qu'il viendrait de l'acronyme de « dressed as a girl » (habillé en fille)[p 1].

Origines

Jack Brown, Présentation du Cake Walk à Paris »

L'histoire du drag se mêle à celle plus générale du travestissement. La journaliste française Apolline Bazin distingue trois grandes périodes[o 1].

La première correspond à la réinterprétation de moments historiques comme pouvant être lus comme une forme de drag, tels que les nombreuses mentions du travestissement dans l'antiquité et la mythologie grecque (Achille chez Lycomède, Heraclès et Omphale, ou les Bacchanales), le travestissement théâtral de la Grèce antique et du théâtre élisabéthain, ou le grand raffinement vestimentaire de la cour de Versailles[o 1],[o 2],[o 3]. La drag queen Nicky Doll y ajoute la lucha libre du Mexique[o 4] et le festival Navratri en Inde[5].

La deuxième période correspond aux arts du spectacle dont les caractéristiques sont proches de celles du drag ou à qui le drag sert de source d'inspiration, tels que le kabuki au Japon, l'opéra de Pékin en Chine, le vaudeville en France, la commedia dell'arte, les freak shows, le new burlesque et les minstrel show en Amérique du Nord, le théâtre shakespearien, la pantomine au Royaume-Uni[o 1] ou les carrières des actrices Sarah Bernhardt et Virginie Déjazet[o 5].

La troisième correspond à l'histoire spécifiquement drag, qui commence au XIXe siècle aux États-Unis avec William Dorsey Swann, né dans l'esclavage puis homme libre qui organise des bals de travestissement où se retrouvent très majoritairement des hommes eux-aussi sortis de l'esclavage[o 5].

Dessin d'Annie Hindle, New York Public Library

À la fin du 19ème siècle apparaissent aux États-Unis les male impersonator et female impersonator, qui correspondent aux transformistes en France, c'est-à-dire des personnes incarnant des personnages de l'autre genre sur scène ; la première male impersonator est Annie Hindle (en), qui rencontre un très fort succès populaire en raison de ses imitations d'hommes bourgeois et utilise son travestissement pour se marier d'abord avec son habilleuse puis avec sa collègue Louise Spangehl[o 5]. D'autres artistes marquent cette époque, comme Julian Eltinge et Ella Wesner (en)[o 5].

Fondements

Apolline Bazin distingue plusieurs fondements du drag : le glamour, le camp, les drag pageant (en), la scène ball room[o 6], les cabarets[o 7], les icônes gays[o 8] et la haute couture[o 9].

Le glamour apporte au drag un certain rapport à la perfection qui est artificielle et fruit d'un travail conséquent de coiffure, maquillage et éclairage, ainsi qu'à un processus d'idéalisation, glorification et dramatisation proche de la sprezzatura[o 6].

le voguing est né dans la scène ballroom.

Pour le camp, il s'agit à nouveau d'un rapport à l'artifice, mais surtout à la distance critique par l'humour et la célébration des identités, particulièrement homosexuelles et trans, stigmatisées[o 6].

Dans les années 1960, Flawless Sabrina (en) organise en moyenne 46 drag pageant, concours de beauté en drag, faisant d'elle l'une des plus grandes employeuses de personnes queer des États-Unis[o 6]. En 1968, Crystal LaBeija est victime de racisme lors d'un ces concours et décide avec d'autres artistes Noires et Latinx de créer des espaces non-dominés par les blancs et fonde ainsi la culture ballroom[o 6]. Le concours Miss Gay America (en), créé en 1972, prend le pas sur les évènements de Flawless Sabrina et reste au 21ème siècle le pillier des drag pageant américains avec Miss Continental (en)[o 6].

La scène ballroom instaure de nombreux pilliers de la culture drag : les house, structures à la fois de transmission des compétences drag mais surtout système de solidarité particulièrement crucial pour les jeunes gays et trans exclus de leurs familles, le voguing, et les catégories, manières de permettre à toutes les personnes et sous-cultures d'être représentées[o 6].

La critique et universitaire Naomi Macalalad Bragin forge le concept de drag corporel pour désigner la manipulation volontaire et festive du genre par le mouvement par les communautés queers et trans, citant notamment le waacking et voguing[o 10]. Kareem Khubchandani y ajoute les mouvements de danse des kothis (en)[o 10].

Trouble dans le genre

« Nous naissons nus ; le reste, c'est du drag. »
Citation de RuPaul[6]

En 1990, Judith Butler publie Trouble dans le genre, ouvrage majeur de la théorie queer. Judith Butler y reprend une idée développée par Esther Newton (en), à savoir que le drag montre que le sexe est une construction sociale absurde puisque chaque personne peut incarner un homme ou une femme : autrement dit, le genre est performatif[o 11]. Si Butler prend comme exemple le drag comme performativité et donc subversion de l'idée que le genre est une catégorisation naturelle, une réception de ses propos fait du drag le pillier de la subversion du genre ; cette réflexion influence durablement les artistes drag[o 11].

Types de drag

Plusieurs découpes de l'art du drag coexistent, basées sur le type de personnage et de spectacle proposé.

La première classification est en fonction de l'expression de genre du personnage créé, qui peut être féminine (drag queen), masculine (drag king), dans le brouillage des genres (drag queer) ou selon une modalité autre (club kid, drag créature, drag monstre, drag clown, drag thing)[p 2],[p 3],[p 4],[p 5],[o 12].

La seconde classification, qui se superpose à la précédente, est fonction de ce qui est exprimé lors du drag show : parmi les drag queens, on distingue par exemple les pageant queen, fashion queen, les comedy queen et les glamour queen[o 13],[u 1].

Certains milieux socio-économiques vont favoriser un type de drag plutôt qu'un autre : ainsi, à San Francisco, les queen du Castro sont majoritairement portées sur le glamour, portant des perruques complexes et chères et un maquillage beauté et cherchant le plus possible une présentation ultra-féminine, tandis que celles du South of Market sont dans un style punk rock et genderfuck[u 2].

Transformisme

Chad Michaels incarnant Cher à l'Austin's Pride Festival de 2012

Le transformisme est un type de travestissement où l'artiste imite une célébrité par le maquillage, la coiffure, les vêtements, l'attitude corporelle et le timbre de la voix[o 14]. Ce style de divertissement apparaît dès le début du XXe siècle dans les cabarets français[o 14]. Le genre suit ensuite deux évolutions différentes : en France, le spectacle transformisme comporte plusieurs célébrités incarnées par le même artiste ; ainsi Christophe, du cabaret Chez Michou, joue dans la même soirée Mireille Mathieu et Chantal Goya, ce qui implique de pouvoir réaliser des transformations rapides[o 14]. Aux États-Unis, en revanche, les artistes transformistes se spécialisent dans une seule personne, tel que Chad Michaels avec Cher ou Derrick Barry avec Britney Spears ; ils peuvent ainsi utiliser la chirurgie esthétique pour accentuer leur ressemblance[o 14].

L'inclusion du transformisme dans le drag fait débat : pour la franchise RuPaul's Drag Race, c'est le cas, et chaque saison inclut une épreuve de transformisme, le Snatch Game[p 6]. Pour d'autres drag et transformisme sont deux formes distinctes de travestissement : pour Patsy Monsoon, artiste drag et chroniqueur, le drag est l'art d'inventer un personnage, un avatar, tandis que le transformisme est l'art d'incarner[o 15].

Realness

Le terme realness correspond à la représentation spécifique et authentique : elle peut s'appliquer soit à une personne donnée et correspond ainsi au transformisme, mais aussi à des catégories générales, comme les cadres dirigeantes[7].

La realness est née dans la scène ballroom, où des artistes Noirs et Latinx incarnent diverses catégories devant un jury : cette performance montre le caractère construit et artificiel des catégories de genre, de race et de classe[o 10].

La realness est, particulièrement pour les femmes trans avec la catégorie de female realness, un moyen de tester leur passing au sein d'une audience queer et d'évaluer si, dans un contexte où elles chercheraient pour leur sécurité à masquer tout signe de leur transidentité, des aspects de leur apparence les trahiraient[o 10]. Elle est enfin un outil de coming in, une manière d'expérimenter avec sa présentation de genre dans un contexte protégé[o 10].

Drag queen

Drag king

Drag queer / drag creature

Politique

Au cœur des actions collectives

« L'enfer n'a pas de fureur telle celle d'une drag queen méprisée. »[note 1]
Réaction de Sylvia Rivera réagissant à une proposition du New York City Gay Rights Bill of 1986 (en) qui ignorait les personnes trans.
Marsha P. Johnson dans les années 1970

Dans Transgender Warriors, Leslie Feinberg explore l'histoire des luttes des personnes trans et travesties, ancêtres du dragtivisme[o 16]. Un des évènements d'avant le 20ème siècle relié à l'histoire du drag est ainsi les émeutes de Rebecca, où des paysans gallois se travestissent pour protester contre le montant des droits de péage[o 16].

Plusieurs émeutes et affrontements ont lieux dans des lieux fréquentés par les artistes drag et les personnes trans, travesties et gay dans la fin des années 1960 aux États-Unis, en réaction au harcèlement policier subi : les émeutes de Compton en 1967 à San Francisco, l'année suivante à la Black Cat Tavern (en) où performe José Sarria (en) et au New Face dans la même nuit, et la plus connue, les émeutes de Stonewall, où figurent le king Stormé DeLarverie et les queen Marsha P. Johnson et Sylvia Rivera, co-fondatrices du groupe militant Street Transvestite Action Revolutionaries et parmi les organisatrices des premières marches des fiertés[o 16],[8].

En France, au début des années 1970, le groupe des Gazolines jette les bases de l'utilisation de l'humour camp dans la communication militante avec happenings et slogans absurdes type « nationalisons les usines de pailettes ! »[o 16].

Lutte contre le sida

Drag queen au crâne rasé, portant une grande fleur en papier rose sur la tête, une robe bustier gris perle, un ruban sur la poitrine, des boucles d'oreille pendantes de gros bracelets en fausse perle, est assise en amazone sur une décapotable et salue la foule, visible à l'arrière plan derrière des barrières, en souriant largement
Ongina lors de la marche des fiertés de San Francisco 2009

La pandémie de sida frappe durement les communautés drag et ballroom, emportant Dorian Corey (en), Hibiscus, Ethyl Eichelberger (en), Leig Bowery, Sylvester et Angie Xtravaganza (en)[o 17]. À la même époque apparaissent les sœurs de la perpétuelle indulgence, organisation politique qui, à l'image des Radical Faeries et des Cokettes, utilise le travestissement pour porter des messages, apporter du soutien face aux deuils, déconstruire l'homophobie intériorisée et récolter de l'argent pour les personnes LGBT+ les plus défavorisées, comme celles sans abris ou réfugiées[o 17]. Les sœurs réalisent aussi des cérémonies nuptiales et des baptêmes[o 17]. D'autres initiatives d'artistes, tels que le sidragtion en France, vises à récolter des fonds pour les personnes affectées par le VIH[p 7]

Dans les années 2010 et 2020, plusieurs drag queens révèlent publiquement leur séropositivité, contribuant ainsi à en atténuer le stigmate : Ongina lors de la première saison (en) de RuPaul's Drag Race, puis Charity Kase (en), Courtney Act, Panti Bliss, Trinity K. Bonet (en), Venus D-Lite (en), Jade Elktra (en) et Conchita Wurst[o 17]. Lors de la première saison de Drag Race France, Lolita Banana profite de la visibilité médiatique de l'émission pour augmenter la visibilité de la campagne U=U, portant le slogan sur ses mains dans une tenue en forme de sang lors du défilé d'hommage à Mylène Farmer[o 17]. Dans la saison 4 de Drag Race UK, Cheddar Gorgeous (en) reprend le visuel du triangle rose, initialement utilisé dans les camps nazis pour identifier les homosexuels avant d'être repris par ACT UP comme symbole de la lutte contre le sida[o 17].

Le drag est aussi un moyen pour les personnes atteintes du sida de lutter contre la maladie, comme c'est le cas d'Hunter Reynolds (en) ; il portera, en drag, une robe portant vingt-cinq mille noms de personnes mortes à cause du VIH[o 17].

Activisme

Drag king à genoux, yeux fermés, torse nu, sur lequel est inscrit en grandes lettres rouges "it's not love". Il porte une large ceinture noire et un pantalon de costume noir.
Levo Evolove en 2023, à la fin d'une performance sur les violences conjugales

Le drag est un moyen de renforcer la portée de messages d'activisme politique ; c'est par exemple le cas du discours de Panti Bliss en réaction aux propos homophobes de journalistes, l'engagement contre l'extrême-droite, et VIH d'Olivia Jones ou la dénonciation du report, par Manuel Valls, de la loi permettant l'ouverture de la procréation médicalement assisté aux couples lesbiens, les membres de l'association lesbienne FièrEs réalise un happening king dans lequel elles mettent en scène un enterrement, symbolisant la mort du courage politique[o 18]. Plus généralement, de nombreuses performances drag king visent à représenter le patriarcat afin de le dénoncer[o 19].

Le drag est aussi utilisé dans le cadre de l'activisme écologique : c'est le cas notamment d'Uýra, artiste munduruku travaillant à la préservation de la forêt amazonienne ainsi qu'à la remise en cause de l'épistémicide colonial[9].

De nombreux artistes drags utilisent les performances ou les tenues pour faire passer des messages antiracistes : c'est par exemple le cas de Kimora Amour (en), qui utilise le thème de défilé « Ugly as Sin » dans Canada's Drag Race pour raconter l'histoire des personnes Noires esclavagisées fuyant les États-Unis[note 2] pour se réfugier au Canada[p 8], les queen Kitty Space et Aaliyah Xpress dont les performances déconstruisent notamment le racisme anti-asiatique en France[p 9],[o 20], ou l'artiste Amrou Al-Kadhi (en), dont l'autobiographie et les performances visent à réconcilier son héritage culturel du Moyen-Orient avec l'homosexualité et le drag[p 10]. Ce travail peut avoir une double portée : ainsi, la drag queen sud africaine Belinda Qaqamba Ka-Fassie marie dans ses spectacles une tenue blanche traditionnellement porté par les hommes Xhosa lors des cérémonies de circoncision avec des coiffes en perle portées par les femmes au moment de leur mariage, une manière à la fois d'interroger les normes de genre Xhosa et le racisme de la société sud-africaine qui exclue ces tenues traditionnelles des normes vestimentaires[o 10].

Historiquement, l'avènement de la scène ballroom est d'ailleurs une réaction au racisme que subissent les personnes Noires et Latino aux États-Unis, et une manière de déconstruire non-seulement les catégories de genre, mais aussi celles de race et de classe[o 6],[o 10].

Engagement électoral

Femme noire aux cheveux miel crépu portant des fleurs roses dans les cheveux, un foulard violet noué en flot, un smokey eye, du rouge à lèvre cuivré, des longues boucles-d'oreilles à faux diamnts, une longue robe noire à motif de fleur violettes en tule sans manches et deux grosses bagues à faux diamants.
Honey Mahogany (en) chantant en 2017 lors du 15ème anniversaire du centre LGBT de San Francisco

En 1982, Sister Boom Boom (en), se présente au conseil des superviseurs de San Francisco où elle se classe huitième sur cinq postes à pourvoir ; l'année suivante, pour l'empêcher de présenter à l'élection municipale, la mairesse passe une loi, surnommée « loi Sister Boom Boom », obligeant à candidater sous son nom civil[o 17].

Dans les années 1990, Joan Jett Blakk se présente pour la mairie de Chicago, puis pour la présidence des États-Unis et enfin la mairie de San Francisco; son objectif n'est pas d'être élue mais de rendre plus visibles les revendications et problématiques des personnes LGBTQ+[o 18].

Si Jón Gnarr, fraîchement élu maire de Reykjavik, participe à la marche des fiertés de sa ville en drag, la première véritable artiste drag élue est Maebe A. Girl (en), qui siège à partir de 2019 au conseil de quartier de Silver Lake[o 18]. Deux ans plus tard, Honey Mahogany (en) est élue au comité démocrate du compté de San Francisco, dont elle prend la présidence, devant la première élue du pays à être à la fois trans et Noire[o 18]. À New York, Marti Gould Cummings tente, sans succès, d'accéder au conseil de la ville et Betty Fck se présente aux élections parlementaires de Finlande[o 18].

Après l'élection de Donald Trump, trois cent artistes drag américains, dont de nombreuses candidates de Ru Paul's Drag Race participent à Drag Out the Vote, une campagne massive appelant le public des drag show à s'enregistrer sur les listes électorales et à voter[o 18].

Signification

Communauté de désir

Quelle meilleure manière, par exemple, pour Johnny Blazes d'exprimer les intersections entre la technologie, la culture populaire, le pouvoir social, et l'ordre sexuel, qu'en baisant un combiné téléphonique sur Telephone de Lady Gaga ?[note 3]
Citation de Kathryn Rosenfeld[u 3]

Kathryn Rosenfeld, caractérisant la communauté queer comme une « communauté de désir », c'est-à-dire un groupe qui cherche ses relations érotiques et amoureuses de manière endogame[u 3]. Cette communauté de désir s'exprime par différents signes: mouvements du corps, registres de voix, manières de parler, positions sexuelles, habillement, accessoires, coiffures, musiques et sons, qui se retrouvent concentrés dans le drag[u 3].

Dans ce contexte, l'excitation sexuelle est valorisée et fait partie intégrante de la transmission de messages plus larges[u 3]. L'acte du pourboire peut ainsi être fortement érotisé, soit directement, en rapprochant le corps de l'artiste drag de celui du public, mais aussi car l'acte lui-même rappelle les pratiques du travail du sexe, notamment le stiptease et la prostitution[u 3].

Disruption du regard masculin

Stormé DeLarverie, ici entouré de female inpersonators, en étant visiblement drag king, a durablement influencé la mode lesbienne en inspirant de nombreuses lesbiennes, en particulier stud et buch, à porter des costumes[p 11]

Historiquement, le théâtre est un domaine dominé par les hommes, qui y décident de la manière dont les femmes y sont représentées : cette constante, qui se retrouve au cinéma, est théorisée par les penseuses féministes comme le regard masculin[o 21]. Dans ce sens, le drag performé par des lesbiennes, notamment le drag king, est à la fois une dénonciation et une subversion de cette hégémonie masculine[o 21].

Dénaturalisation du genre et des catégories sociales

Je peux assez facilement penser à des contraires, mais ce n'est alors pas "hommes" et "femmes".[note 4]
Citation de Dame Rebecca West[p 12]

La principale fonction sociale du vêtement est de rendre visible le genre de la personne qui le porte. Ce sens est très peu porté par la fabrication elle-même du vêtement, mais plutôt par des aspects secondaires ou tertiaires, tels que la manière de draper ou de plier le tissu pour le porter[o 22]. Bien que la frontière entre vêtements féminins et masculins varie entre les cultures et les époques, celle-ci est pensée comme une donnée intrinsèque et immanente. Dans ce contexte, le travestissement, et particulièrement le drag, en reculturalisant le vêtement, montre que la masculinité et féminité ne sont pas naturelles mais au contraire des constructions sociales[o 22].

Ce point est développé par les penseuses queer Judith Butler, Karine Espineira et Maud-Yeuse Thomas, pour qui le drag, en parodiant les marqueurs de montre que celui-ci est une construction sociale qui fait l'objet d'une performance[o 23]. Pour Laurence Senelick, c'est dans la nature théâtrale du drag que réside la subversion : en effet, chaque objet prend un sens différent à l'instant où il apparaît sur scène, perdant son rôle trivial pour revêtir un sens symbolique. Le drag, en faisant du genre un objet théâtral, rend ainsi visible son caractère symbolique et non pas naturel[o 22].

Pour Sarah Hankins, la puissance subversive du drag, qu'il soit queen ou king, réside dans sa capacité à combiner, chez un même artiste, des normes de masculinité et de féminité, citant en exemple les drag queen à barbe[u 4]. Rapprochant, d'une part, la figure de la drag queen assertive avec celle de la dominatrice, et, d'autre part, celle du drag king timide avec celle de l'homme soumis, Hankins avance que le drag, comme le BDSM, montre que les dynamiques de pouvoir au sein du genre son réversibles[u 4].

Cette dénaturalisation s'effectue de différentes manières : par exemple, une drag queen blanche peut porter un maquillage de white face, dénonçant ainsi la pratique du blackface et inversant le rapport de racisation qui fait de la peau blanche la norme et de la peau noire la divergence marquée par rapport à cette norme[u 4].

Économie

Photographie d'une drag queen Noire aux cheveux courts. Des billets de dollar sont glissés dans son décolté, que de mains blanches, visibles sur la photo, viennent de déposer.
L'acte de donner un pourboire fait intégralement partie de certains drag shows[u 3]

Une partie conséquente des revenus des artistes drag proviennent de pourboires[u 4]. Ceux-ci représentent d'ailleurs souvent la majorité des dépenses du public, avant le coût d'entrée du lieu et les consommations[u 4]. Cela permet au public de soutenir directement les artistes et les communautés queer en général, ce qui est rarement le cas et aboutit souvent à ce que l'art LGBTQIA+ n'arrive pas à s'inscrire dans la durée[u 4].

Dans de nombreux shows drag, surtout ceux qui ont une dimension érotique, l'acte de distribution des pourboires fait entièrement partie du spectacle, avec la participation active du public[u 4]. Certains évènements proposent d'acheter des drag dollar, en liquide ou carte bleue, pour les distribuer aux artistes pendant le show.

Johnny Blazes, artiste faisant à la fois du queen et du king à Boston, témoigne de recevoir plus de pourboires en queen : son hypothèse est que la féminité est plus souvent réifiée, qu'il est donc plus acceptable culturellement d'en faire un produit de consommation, tandis que la sexualité masculine existe juste sans être marchandisée[u 4].

Dynamiques internes

Domination socio-économique

En Inde, l'émergence d'une scène drag reprenant les codes occidentaux, réalisant des photoshoots soignés pour être diffusés internationalement sur les réseaux sociaux et dominé par des personnes issues des castes dominantes, marginalise des groupes de personnes transféminines telles que les hijras et les kothis (en), alors qu'elles sont présentes depuis longtemps dans les évènements communautaires et militants[o 10].

Dans certains représentations drag Katoï, il existe une dichotomie entre la représentation glamour de la féminité occidentale, vue comme une source d'inspiration, et celle des femmes rurales indigènes, qui sert au contraire de repoussoir comique[o 10].

Racisme

L'un des ancêtres du drag aux États-Unis est le minstrel show, où des acteurs utilisent la blackface pour se moquer des hommes afro-Américains puis, en se travestissant, des femmes Noires[o 10]. Plus généralement le travestissement théâtral a été un instrument de la suprématie blanche américaine. Sur la côte Ouest, au Bohemian Grove, performent face des artistes dont le travestissement sert à célébrer des politiciens, diplomates et entrepreneurs affectés dans le Pacifique via la représentation raciste et dégradante des populations qui y vivent[o 10]. La féminisation de ces populations permettait aussi d'asseoir une logique coloniale, où l'homme blanc viril prend une position paternaliste face à des personnes infantilisées et infériorisées via leur féminisation[o 10].

Les catégories de genre sont traversées par des dynamiques racistes et colonialistes, qui influencent la perception des artistes mêmes avant qu'ils soient en drag[o 10].

Photographie d'une queen asiatique sur un runway. Elle porte de longs cheveux miel et une robe vaporeuse jaune en tull, largement décoltée et s'arrêtant à mi-cuisse.
Plastique Tiara (en) à DragCon LA 2024

Ainsi, lors des concours de beauté drag de la côte ouest des États-Unis, les personnes queers blanches américaines trouvent que les drag queen asiatiques ont un « avantage injuste » ; cette idée vient de la perception raciste des hommes asiatiques, vus comme efféminés, y compris dans le milieu gay[o 10]. Pour les homosexuels asiatiques faisant du drag, la victoire lors des concours de beauté drag devient ainsi une manière de pouvoir transformer le stigmate en célébration[o 10]. Cette association date d'au moins la ruée vers l'or en Californie, où le travestissement permettait in fine de réaffirmer la virilité des hommes blancs à l'instant où ils sortaient du travestissement, tandis que les immigrés chinois étaient présentés comme irrévocablement efféminés[o 24].

La dynamique est inversée pour les personnes Noires, où le racisme les voit comme hypermasculines ; cette perception s'est aussi retrouvée dans le milieu drag, notamment dans la scène drag king des années 1990 à New York, notamment les bars lesbiens HerShe Bar et Club Casanova, les butchs Noires pouvaient gagner des concours de king en portant leurs tenues de tous les jours face à des kings blancs utilisant maquillage et costume pour se créer un personnage[o 10]. Cette perception rend aussi plus difficile pour les artistes Noirs de performer des styles genderfuck ou camp, puisque leur féminité est remise en question : ainsi, lors des performances des Cockettes, Sylvester est la seule à adopter un style féminin et sexy en incarnant Coretta Scott King, loin du camp et du trash des autres membres de la troupe[o 10].

De manière générale, les artistes racisés, en particuliers Noirs et Latinx, performent plus souvent un drag basée sur la realness : outre le rapport plus complexe à la féminité et la masculinité, cela vient d'une autre dynamique raciste, qui rend les personnes racisées représentantes de leur groupe avant tout, quand les célébrités blanches ont plus facilement accès à l'individualité : ainsi, Kareem Khubchandani note que, par exemple, Sylvester a fait le choix de représenter fidèlement Coretta Scott King, c'est car se moquer d'elle serait trop facilement lue comme une manière de se moquer de toutes les femmes Noires[o 10]. En Afrique du Sud, les drag queen blanches peuvent utiliser des chansons d'artistes noires et blanches pour leurs lipsync, tandis que les queens Noires et Coloured sont limitées aux artistes elles-mêmes Noires ou Coloured[o 10].

Cette performance de la realness est parfois nuancée par des conditions économiques : ainsi, en Afrique du Sud, les drag queens Noires et Coloured des townships performent un drag beaucoup moins conforme aux rôles de genre que les queens blanches se produisant dans les quartiers riches car leurs tenues reposent beaucoup sur la récupération et la débrouille[o 10].

Des phénomènes d'appropriation culturelle peuvent aussi avoir lieu : ainsi, des expressions de genre et des tenues culturellement marquées, utilisées par des artistes racisés, sont ensuite repris par des artistes blancs, vidés de leur contenu et utilisées uniquement dans un but esthétique et afin de se donner une image d'expertise en mode[o 10].

Invisibilisation des kings et des queers

Le drag n'est pas exempt de reproduire certaines discriminations comme l'invisibilisation par les personnes gays de la communauté lesbiennes, bi, pan, trans, queer.

Cette invisibilisation souvent inconsciente est liée à une croissance de la visibilité du milieu gay via la multiplication de shows (DragRace) donnant presque uniquement de la visibilité aux dragqueens au détriment des autres, aux hommes au détriment des autres genres. En effet, les émissions ont tendance à standardiser l'existant en invisibilisant les autres pratiques, en donnant la préférence à la performance (grands écarts, lipsyncs) aux dépens de pratiques plus vocales historiquement déployées par les drakings (stand-up, rap, chant, lecture de textes)[p 13].

On peut parler d'une double oppression liée à la misogynie interne à une partie de la communauté LGBTQIA+ avec d'une part la préférence donnée à l'expression de la féminité, habituée à être regardée, scrutée par la société, et d'autre part l'expression d'un masculin sacré, considéré comme universel, auquel personne n'a le droit de toucher et encore moins pour créer des performativités antipatriarcales[p 13].

Les dragkings et dragqueers s'organisent souvent en petits groupes dans des safe-places comme la Kings Factory depuis 2019 pour créer une culture commune et pouvoir performer régulièrement à défaut d'avoir parfois accès à d'autres scènes[p 13].

Cette invisibilisation crée des cercles vicieux : comme les drag queens sont plus visibles, elles constituent un marché identifié, rendant relativement accessibles les accessoires de féminisation, tandis que les outils de masculinisation, notamment de bandage de la poitrine et de packing ne s'achètent pas facilement[o 10].

Hégémonie rupaulienne

D'après Nixe Amère, «RuPaul a préféré inviter un homme hétéro cis à participer en tant que queen [Maddy Morphosis, candidat de la 14e saison de l'émission, ndlr], plutôt que d'inclure un king. Ça en dit long.», . En effet, RuPaul Charles déclare en 2018 au Guardian que le drag perdait son sens de l'ironie et du danger s'il n'était pas fait par un homme[note 5],[p 13].

Prépondérance de certains styles et épreuves drag

Prépondérance de certains style de queen, liées à une catégorisation des différents styles par dichotomie : soit beauty queen, soit comedy queen, laissant moins de place à l'entre-deux.

Exemples : les beauty queen, fashion queen (haute coutury, plus edgy), les pageant-queens (les jolies, concours de beauté), aux comedy-queens (celles qui font rire, épreuve du snatch game)

Validisme et grossophobie

Le drag est aussi traversé de courants validistes : côté performance, de nombreux aspects du drag, en particulier celui présenté à RuPaul's Drag Race, repose sur des capacités athlétiques inaccessibles aux personnes handicapées ; côté audience, les lieux de show ne sont pas forcément accessibles aux personnes à mobilité réduite, et quand ils le sont, l'expérience sensorielle, notamment l'intensité du bruit et la densité de personnes, peut devenir insupportable pour des personnes autistes[o 10].

Représentation

Cinéma et séries télévisées

Divine dans le trailer de Pink Flamingos

L'auteur américain Simon Doonan (en) fait remonter les origines du drag au cinéma à la naissance du 7ème art, même s'il y est alors cantonné à des farces, citant Charlie Chaplin, Jerry Lewis, les Marx Brothers et Laurel et Hardy[o 25].

Les années 1950 produisent plusieurs films drag dans le domaine de la comédie avec All About Eve ou Some Like It Hot, tandis que les années 1960 lient le drag avec l'horreur, en particulier avec Psychose d'Alfred Hitchcock sorti en 1960 mais aussi Homocidal, No Way to Treat a Lady[o 25]. Pour Doonan, ce virage correspond à la montée en popularité de la psychanalyse, qui voit le travestissement masculin comme un symptôme d'une relation dysfonctionnelle entre le fils et sa mère[o 25]. Cette tendance se poursuit jusque dans les années 1980, avec Le Locataire de Roman Polanksi et Dressed to Kill de Brian de Palma[o 25].

Pour Apolline Bazin, le drag fait ses premières véritables apparitions au cinéma à travers la caméra du réalisateur John Waters qui met en scène dans les années 1970 sa muse, la drag queen Divine, dans la trilogie trash composée de Pink Flamingos, Female Trouble et Desperate Living[o 26]. En raison de la provocation présente dans ces films, ceux-ci sont interdits aux moins de 18 ans jusqu'en 1981[o 26]. À la même période sort le Rocky Horror Picture Show, dont le personnage principal est joué par Tim Curry en drag[o 26].

La Cage aux folles au théâtre de Purkersdorf en 2019.

En 1978 sort La Cage aux folles, le film français le plus exporté, mettant en scène le personnage de Zaza Napoli, star de cabaret drag inspiré de Michou[o 26]. Le film remporte un grand succès, mais est aussi critiqué par la communauté LGBT française de l'époque qui ne se reconnait pas dans l'aspect bourgeois du personnage et perçoit sa grande féminité comme une caricature homophobe[o 26]. Ce rejet de l'aspect « grande folle » de Zaza est ensuite questionné par la communauté LGBT du XXIe siècle, qui considèrent celui-ci comme une forme d'homophobie intériorisée[o 26].

Les années 1980 voient la multiplication des films abordant le drag et le travestissement : les films de Pedro Almodóvar et de la Movida, Victor Victoria de Blake Edwards qui aborde la question du drag king, Yentl de Barbara Streisand, Tootsie, Mrs Doubtfire, ou Hairspray[o 26]. Ces films, souvent des comédies familiales, permettent d'aborder la question du sexisme et de la performance de genre auprès du grand public[o 26]. Doonan voit dans l'évolution de ces années, où le drag n'est plus systématiquement associé à la dépravation et au meurtre, à la fois le signe de la meilleure acceptation de la culture LGBT par le grand public, mais aussi de l'influence de la pandémie de sida qui décime les communautés trans et gays, d'une recherche de rentrer dans les critères de l'académie des Oscars ainsi que de la politique de Reagan[o 25].

Poupée de cire de Priscilla, folle du désert au Madame Tussauds de Sidney

Les drag queens commencent à être des personnages de cinéma à part entière à partir de 1988 et de Torch Sonc Trilogy, adaptation de pièces de théâtre autobiographiques d'Harvey Fierstein[o 26]. Cinq ans plus tard sort Priscilla, folle du désert, film mettant en scène trois drag queens, deux hommes gays et une femme trans en tournée en Australie ; c'est devenu un film-culte en raison de ses dialogues et de la finesse avec laquelle il aborde les questions LGBT[o 26]. Priscilla fait l'objet d'un reboot américain, Extravagances[o 26]. En 2001, John Cameron Mitchell crée Hedwig and the Angry Inch, succès du cinéma underground[o 26]. Cette période, que Doonan caractérise par une association entre drag, créativité et extravagance, comporte aussi Birdcage, un remake de La Cage aux Folles[o 25].

D'autres films explorent les liens entre drag et identité de genre, tels qu'Orlando, adaptation du roman éponyme de Virginia Woolf, ou The Crying Game, qui lance la tendance des acteurs hommes cis jouant des personnages de femmes trans et recevant des nominations aux Oscars pour ça[o 25]. Doonan note que cette tendance, qui vaudra l'oscar du meilleur acteur à Jared Leto pour Dallas Buyers Club en 2013 ou une nomination pour Eddie Redmayne dans Danish Girl en 2015, est une manière pour le cinéma de récompenser une forme de drag policée, celle d'un acteur transformé en femme[o 25].

En 2016, Bianca Del Rio utilise sa notoriété, obtenue notamment en gagnant la saison 6 de RuPaul's Drag Race, pour créer Hurricane Bianca, film sur le quotidien d'une drag queen la nuit et professeur le jour, financé par crowdfunding[o 26].

Plusieurs autres queens font des apparitions à l'écran en drag : Shangela et Willam en 2018 dans A Star is Born, et Jinkx Monsoon dans Doctor Who[o 26].

En France, plusieurs films sur le drag sortent au début des années 2020 : Paloma sort en 2022, après sa victoire à la saison 1 de Drag Race France, un court-métrage éponyme, tandis que Cookie Kunty est à l'affiche la même année de Trois nuits par semaine[o 26].

Réseaux sociaux

Les réseaux sociaux sont un moyen privilégié pour les communautés marginalisées, en particulier celles pour qui les discothèques ne sont pas accessibles[o 10].

Ainsi, en Asie du Sud Est et au Brésil, les réseaux sociaux vidéos, en particulier Vine, Instagram et TikTok, sont un outil d'expression drag privilégié d'enfants vivant en zones rurales[o 10]. Dans ces vidéos de lypsinc, ils utilisent des briques pour faire des talons hauts et des feuilles de palmiers pour faire des robes[o 10]. Le plus connu, Madaew, de Thaïlande, utilise aussi des sceaux et des câbles électriques, a ainsi 70 000 followers sur Instagram[o 10].

Aux États-Unis, ce sont les artistes handicapés, notemment sourds, qui popularisent le genre du drag vidéo, notamment le duo Latinx Casaniva et Selena Minogue[o 10].

Lors de la pandémie de Covid-19 et la fermeture des lieux drags, les réseaux sociaux sont devenus le seul espace de visibilité et potentiellement de revenu des artistes[o 10].

Réception

Par la communauté LGBT+

RuPaul, avec RuPaul's Drag Race, a contribué à populariser le drag dans le monde

Le drag est perçu de manière ambivalente par la communauté LGBT+. Certains hommes gays, embrassant une forme de politique de la respectabilité, les accuse ainsi de « donner une mauvaise image de la communauté »[o 27]. Cette conception date d'au moins les années 1970 : en 1973, Sylvia Rivera se fait huer lors de la commémoration des émeutes de Stonewall lorsqu'elle réagit vivement à un discours demandant explicitement aux queens d'arrêter de se montrer[o 16]. Pour d'autres, le drag est le véhicule de l'acceptation et de la culture LGBT auprès du public cis-hétérosexuel[p 14].

La part de féminité de dragqueen est mal acceptée par une partie de la communauté qui ne revendique pas son homosexualité sur le mode du « retournement du stigmate » (Esther Newton (en), Judith Butler). Il s'agit d'une misogynie et follophobie (et parfois même homophobie intériorisée) et plus généralement d'une politique de la respectabilité qu'on peut retrouver en interne à une partie de la communauté LGBTQIA+ consistant à garder une binarité des genres et à rejeter des hommes homosexuels présentant une apparence jugée comme trop féminine en raison de préjugés négatifs autours des qualités dites féminines comme la douceur, la fragilité et l'émotivité[p 13].

Lois anti-drag

Des lois visant à réprimer la pratique du drag, et plus particulièrement « l'incarnation, dans le but de tromper, du genre opposé » sont utilisées contre les artistes drag mais aussi contre les personnes trans[p 15]. Lorsque de telles lois existaient à San Francisco, la drag queen José Sarria (en) a distribué des badges avec l'inscription « I am a boy » (« Je suis un garçon ») à ses amis afin qu'ils ne soient pas affectés par cette loi[p 15].

Pratiques connexes

La « showmance » entre Tia Kofi (en) et La Grande Dame, lors de la saison 2 de RuPaul's Drag Race: UK vs the World, a été comparée aux créations de fan et notamment le slash[10]

Outre les formes de travestissement théâtralisé, le drag est raprpoché d'autres pratiques. Ainsi, le magazine Sphères trace un parallèle entre le drag et le cosplay[o 28], tandis que la chercheuse en fan studies et performance studies (en) Francesca Coppa (en) fait quand à elle le lien avec la fanfiction et plus particulièrement le slash[o 29].

Cette perméabilité entre drag et créations de fan a été soulignée lors de la saison 2 de RuPaul's Drag Race: UK vs the World, lors de la « showmance (en) » entre Tia Kofi (en) et La Grande Dame[10]. Plus généralement, RuPaul's Drag Race, en tant qu'objet télévisuel et intertextuel, développe ses propres pratiques de fans qui ont leurs sous-cultures propres[u 5]. Ainsi, Lee Dawson, un fan anglais, a créé le Ru-Cap, une relecture vidéo des épisodes de Drag Race[u 5]. Contrairement aux autres fandoms, le drag n'est pas entièrement extérieur à ses fans, puissent que les personnes qui produisent des contenus de fan sur le drag sont aussi elles-même des artistes de drag[u 5].

Notes

  1. En anglais, "Hell hath no fury like a drag queen scorned."
  2. Voir notamment Loyaliste noir et Black refugee (War of 1812) (en)
  3. « How better, for instance, for Johnny Blazes to convey the intersections between technology, popular media, social power, and sexual order than by fucking a phone receiver to the sounds of Lady Gaga’s “Telephone”?. »
  4. « I can quite easily think of opposites, but it isn’t men and women »
  5. « Drag loses its sense of danger and its sense of irony once it's not men doing it »

Références

Ouvrages

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  3. Patsy Monsoon, « Histoire du drag dans le monde », dans L'art du drag, , p. 14-16
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Presse

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Bibliographie

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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