Le drag est une forme de performance utilisant notamment le vêtement, le maquillage, la coiffure, et l'expression scénique afin de jouer un genre de façon volontairement exagérée : féminité (drag queen), masculinité (drag king) ou d'autres formes d'expressions de genre (drag queer, etc.). Ces performances interviennent en particulier lors de drag shows.
Histoire
Etymologie
On date l'origine du mot drag de l'argot de théâtre et des bals masqués au début des années 1870[1]. Le terme désignerait de « grands chiffons » faisant référence au froissement des longues jupes traînant sur le sol des comédiens travertis en femmes[2],[3]. Le terme pourrait également prendre des origines dans d'autres langues comme dans les termes « trogn » en yiddish et « tragen » en allemand signifiant « à porter »[4].
Une autre hypothèse encore, répandue bien que non attestée, est qu'il viendrait de l'acronyme de « dressed as a girl » (habillé en fille)[p 1].
La troisième correspond à l'histoire spécifiquement drag, qui commence au XIXe siècle aux États-Unis avec William Dorsey Swann, né dans l'esclavage puis homme libre qui organise des bals de travestissement où se retrouvent très majoritairement des hommes eux-aussi sortis de l'esclavage[o 5].
À la fin du 19ème siècle apparaissent aux États-Unis les male impersonator et female impersonator, qui correspondent aux transformistes en France, c'est-à-dire des personnes incarnant des personnages de l'autre genre sur scène ; la première male impersonator est Annie Hindle(en), qui rencontre un très fort succès populaire en raison de ses imitations d'hommes bourgeois et utilise son travestissement pour se marier d'abord avec son habilleuse puis avec sa collègue Louise Spangehl[o 5]. D'autres artistes marquent cette époque, comme Julian Eltinge et Ella Wesner(en)[o 5].
Le glamour apporte au drag un certain rapport à la perfection qui est artificielle et fruit d'un travail conséquent de coiffure, maquillage et éclairage, ainsi qu'à un processus d'idéalisation, glorification et dramatisation proche de la sprezzatura[o 6].
Pour le camp, il s'agit à nouveau d'un rapport à l'artifice, mais surtout à la distance critique par l'humour et la célébration des identités, particulièrement homosexuelles et trans, stigmatisées[o 6].
Dans les années 1960, Flawless Sabrina(en) organise en moyenne 46 drag pageant, concours de beauté en drag, faisant d'elle l'une des plus grandes employeuses de personnes queer des États-Unis[o 6]. En 1968, Crystal LaBeija est victime de racisme lors d'un ces concours et décide avec d'autres artistes Noires et Latinx de créer des espaces non-dominés par les blancs et fonde ainsi la culture ballroom[o 6]. Le concours Miss Gay America(en), créé en 1972, prend le pas sur les évènements de Flawless Sabrina et reste au 21ème siècle le pillier des drag pageant américains avec Miss Continental(en)[o 6].
La scène ballroom instaure de nombreux pilliers de la culture drag : les house, structures à la fois de transmission des compétences drag mais surtout système de solidarité particulièrement crucial pour les jeunes gays et trans exclus de leurs familles, le voguing, et les catégories, manières de permettre à toutes les personnes et sous-cultures d'être représentées[o 6].
La critique et universitaire Naomi Macalalad Bragin forge le concept de drag corporel pour désigner la manipulation volontaire et festive du genre par le mouvement par les communautés queers et trans, citant notamment le waacking et voguing[o 10]. Kareem Khubchandani y ajoute les mouvements de danse des kothis(en)[o 10].
En 1990, Judith Butler publie Trouble dans le genre, ouvrage majeur de la théorie queer. Judith Butler y reprend une idée développée par Esther Newton(en), à savoir que le drag montre que le sexe est une construction sociale absurde puisque chaque personne peut incarner un homme ou une femme : autrement dit, le genre est performatif[o 11]. Si Butler prend comme exemple le drag comme performativité et donc subversion de l'idée que le genre est une catégorisation naturelle, une réception de ses propos fait du drag le pillier de la subversion du genre ; cette réflexion influence durablement les artistes drag[o 11].
Types de drag
Plusieurs découpes de l'art du drag coexistent, basées sur le type de personnage et de spectacle proposé.
La première classification est en fonction de l'expression de genre du personnage créé, qui peut être féminine (drag queen), masculine (drag king), dans le brouillage des genres (drag queer) ou selon une modalité autre (club kid, drag créature, drag monstre, drag clown, drag thing)[p 2],[p 3],[p 4],[p 5],[o 12].
La seconde classification, qui se superpose à la précédente, est fonction de ce qui est exprimé lors du drag show : parmi les drag queens, on distingue par exemple les pageant queen, fashion queen, les comedy queen et les glamour queen[o 13],[u 1].
Certains milieux socio-économiques vont favoriser un type de drag plutôt qu'un autre : ainsi, à San Francisco, les queen du Castro sont majoritairement portées sur le glamour, portant des perruques complexes et chères et un maquillage beauté et cherchant le plus possible une présentation ultra-féminine, tandis que celles du South of Market sont dans un style punk rock et genderfuck[u 2].
Le transformisme est un type de travestissement où l'artiste imite une célébrité par le maquillage, la coiffure, les vêtements, l'attitude corporelle et le timbre de la voix[o 14]. Ce style de divertissement apparaît dès le début du XXe siècle dans les cabarets français[o 14]. Le genre suit ensuite deux évolutions différentes : en France, le spectacle transformisme comporte plusieurs célébrités incarnées par le même artiste ; ainsi Christophe, du cabaret Chez Michou, joue dans la même soirée Mireille Mathieu et Chantal Goya, ce qui implique de pouvoir réaliser des transformations rapides[o 14]. Aux États-Unis, en revanche, les artistes transformistes se spécialisent dans une seule personne, tel que Chad Michaels avec Cher ou Derrick Barry avec Britney Spears ; ils peuvent ainsi utiliser la chirurgie esthétique pour accentuer leur ressemblance[o 14].
L'inclusion du transformisme dans le drag fait débat : pour la franchise RuPaul's Drag Race, c'est le cas, et chaque saison inclut une épreuve de transformisme, le Snatch Game[p 6]. Pour d'autres drag et transformisme sont deux formes distinctes de travestissement : pour Patsy Monsoon, artiste drag et chroniqueur, le drag est l'art d'inventer un personnage, un avatar, tandis que le transformisme est l'art d'incarner[o 15].
Realness
Le terme realness correspond à la représentation spécifique et authentique : elle peut s'appliquer soit à une personne donnée et correspond ainsi au transformisme, mais aussi à des catégories générales, comme les cadres dirigeantes[7].
La realness est née dans la scène ballroom, où des artistes Noirs et Latinx incarnent diverses catégories devant un jury : cette performance montre le caractère construit et artificiel des catégories de genre, de race et de classe[o 10].
La realness est, particulièrement pour les femmes trans avec la catégorie de female realness, un moyen de tester leur passing au sein d'une audience queer et d'évaluer si, dans un contexte où elles chercheraient pour leur sécurité à masquer tout signe de leur transidentité, des aspects de leur apparence les trahiraient[o 10]. Elle est enfin un outil de coming in, une manière d'expérimenter avec sa présentation de genre dans un contexte protégé[o 10].
Dans Transgender Warriors, Leslie Feinberg explore l'histoire des luttes des personnes trans et travesties, ancêtres du dragtivisme[o 16]. Un des évènements d'avant le 20ème siècle relié à l'histoire du drag est ainsi les émeutes de Rebecca, où des paysans gallois se travestissent pour protester contre le montant des droits de péage[o 16].
En France, au début des années 1970, le groupe des Gazolines jette les bases de l'utilisation de l'humour camp dans la communication militante avec happenings et slogans absurdes type « nationalisons les usines de pailettes ! »[o 16].
Le drag est aussi un moyen pour les personnes atteintes du sida de lutter contre la maladie, comme c'est le cas d'Hunter Reynolds(en) ; il portera, en drag, une robe portant vingt-cinq mille noms de personnes mortes à cause du VIH[o 17].
Activisme
Le drag est un moyen de renforcer la portée de messages d'activisme politique ; c'est par exemple le cas du discours de Panti Bliss en réaction aux propos homophobes de journalistes, l'engagement contre l'extrême-droite, et VIH d'Olivia Jones ou la dénonciation du report, par Manuel Valls, de la loi permettant l'ouverture de la procréation médicalement assisté aux couples lesbiens, les membres de l'association lesbienne FièrEs réalise un happening king dans lequel elles mettent en scène un enterrement, symbolisant la mort du courage politique[o 18]. Plus généralement, de nombreuses performances drag king visent à représenter le patriarcat afin de le dénoncer[o 19].
Le drag est aussi utilisé dans le cadre de l'activisme écologique : c'est le cas notamment d'Uýra, artiste munduruku travaillant à la préservation de la forêt amazonienne ainsi qu'à la remise en cause de l'épistémicide colonial[9].
De nombreux artistes drags utilisent les performances ou les tenues pour faire passer des messages antiracistes : c'est par exemple le cas de Kimora Amour(en), qui utilise le thème de défilé « Ugly as Sin » dans Canada's Drag Race pour raconter l'histoire des personnes Noires esclavagisées fuyant les États-Unis[note 2] pour se réfugier au Canada[p 8], les queen Kitty Space et Aaliyah Xpress dont les performances déconstruisent notamment le racisme anti-asiatique en France[p 9],[o 20], ou l'artiste Amrou Al-Kadhi(en), dont l'autobiographie et les performances visent à réconcilier son héritage culturel du Moyen-Orient avec l'homosexualité et le drag[p 10]. Ce travail peut avoir une double portée : ainsi, la drag queen sud africaine Belinda Qaqamba Ka-Fassie marie dans ses spectacles une tenue blanche traditionnellement porté par les hommes Xhosa lors des cérémonies de circoncision avec des coiffes en perle portées par les femmes au moment de leur mariage, une manière à la fois d'interroger les normes de genre Xhosa et le racisme de la société sud-africaine qui exclue ces tenues traditionnelles des normes vestimentaires[o 10].
Historiquement, l'avènement de la scène ballroom est d'ailleurs une réaction au racisme que subissent les personnes Noires et Latino aux États-Unis, et une manière de déconstruire non-seulement les catégories de genre, mais aussi celles de race et de classe[o 6],[o 10].
Engagement électoral
En 1982, Sister Boom Boom(en), se présente au conseil des superviseurs de San Francisco où elle se classe huitième sur cinq postes à pourvoir ; l'année suivante, pour l'empêcher de présenter à l'élection municipale, la mairesse passe une loi, surnommée « loi Sister Boom Boom », obligeant à candidater sous son nom civil[o 17].
Dans les années 1990, Joan Jett Blakk se présente pour la mairie de Chicago, puis pour la présidence des États-Unis et enfin la mairie de San Francisco; son objectif n'est pas d'être élue mais de rendre plus visibles les revendications et problématiques des personnes LGBTQ+[o 18].
Si Jón Gnarr, fraîchement élu maire de Reykjavik, participe à la marche des fiertés de sa ville en drag, la première véritable artiste drag élue est Maebe A. Girl(en), qui siège à partir de 2019 au conseil de quartier de Silver Lake[o 18]. Deux ans plus tard, Honey Mahogany(en) est élue au comité démocrate du compté de San Francisco, dont elle prend la présidence, devant la première élue du pays à être à la fois trans et Noire[o 18]. À New York, Marti Gould Cummings tente, sans succès, d'accéder au conseil de la ville et Betty Fck se présente aux élections parlementaires de Finlande[o 18].
Après l'élection de Donald Trump, trois cent artistes drag américains, dont de nombreuses candidates de Ru Paul's Drag Race participent à Drag Out the Vote, une campagne massive appelant le public des drag show à s'enregistrer sur les listes électorales et à voter[o 18].
Quelle meilleure manière, par exemple, pour Johnny Blazes d'exprimer les intersections entre la technologie, la culture populaire, le pouvoir social, et l'ordre sexuel, qu'en baisant un combiné téléphonique sur Telephone de Lady Gaga ?[note 3]
Kathryn Rosenfeld, caractérisant la communauté queer comme une « communauté de désir », c'est-à-dire un groupe qui cherche ses relations érotiques et amoureuses de manière endogame[u 3]. Cette communauté de désir s'exprime par différents signes: mouvements du corps, registres de voix, manières de parler, positions sexuelles, habillement, accessoires, coiffures, musiques et sons, qui se retrouvent concentrés dans le drag[u 3].
Dans ce contexte, l'excitation sexuelle est valorisée et fait partie intégrante de la transmission de messages plus larges[u 3]. L'acte du pourboire peut ainsi être fortement érotisé, soit directement, en rapprochant le corps de l'artiste drag de celui du public, mais aussi car l'acte lui-même rappelle les pratiques du travail du sexe, notamment le stiptease et la prostitution[u 3].
Disruption du regard masculin
Historiquement, le théâtre est un domaine dominé par les hommes, qui y décident de la manière dont les femmes y sont représentées : cette constante, qui se retrouve au cinéma, est théorisée par les penseuses féministes comme le regard masculin[o 21]. Dans ce sens, le drag performé par des lesbiennes, notamment le drag king, est à la fois une dénonciation et une subversion de cette hégémonie masculine[o 21].
Dénaturalisation du genre et des catégories sociales
La principale fonction sociale du vêtement est de rendre visible le genre de la personne qui le porte. Ce sens est très peu porté par la fabrication elle-même du vêtement, mais plutôt par des aspects secondaires ou tertiaires, tels que la manière de draper ou de plier le tissu pour le porter[o 22]. Bien que la frontière entre vêtements féminins et masculins varie entre les cultures et les époques, celle-ci est pensée comme une donnée intrinsèque et immanente. Dans ce contexte, le travestissement, et particulièrement le drag, en reculturalisant le vêtement, montre que la masculinité et féminité ne sont pas naturelles mais au contraire des constructions sociales[o 22].
Ce point est développé par les penseuses queerJudith Butler, Karine Espineira et Maud-Yeuse Thomas, pour qui le drag, en parodiant les marqueurs de montre que celui-ci est une construction sociale qui fait l'objet d'une performance[o 23]. Pour Laurence Senelick, c'est dans la nature théâtrale du drag que réside la subversion : en effet, chaque objet prend un sens différent à l'instant où il apparaît sur scène, perdant son rôle trivial pour revêtir un sens symbolique. Le drag, en faisant du genre un objet théâtral, rend ainsi visible son caractère symbolique et non pas naturel[o 22].
Pour Sarah Hankins, la puissance subversive du drag, qu'il soit queen ou king, réside dans sa capacité à combiner, chez un même artiste, des normes de masculinité et de féminité, citant en exemple les drag queen à barbe[u 4]. Rapprochant, d'une part, la figure de la drag queen assertive avec celle de la dominatrice, et, d'autre part, celle du drag king timide avec celle de l'homme soumis, Hankins avance que le drag, comme le BDSM, montre que les dynamiques de pouvoir au sein du genre son réversibles[u 4].
Cette dénaturalisation s'effectue de différentes manières : par exemple, une drag queen blanche peut porter un maquillage de white face, dénonçant ainsi la pratique du blackface et inversant le rapport de racisation qui fait de la peau blanche la norme et de la peau noire la divergence marquée par rapport à cette norme[u 4].
Économie
Une partie conséquente des revenus des artistes drag proviennent de pourboires[u 4]. Ceux-ci représentent d'ailleurs souvent la majorité des dépenses du public, avant le coût d'entrée du lieu et les consommations[u 4]. Cela permet au public de soutenir directement les artistes et les communautés queer en général, ce qui est rarement le cas et aboutit souvent à ce que l'art LGBTQIA+ n'arrive pas à s'inscrire dans la durée[u 4].
Dans de nombreux shows drag, surtout ceux qui ont une dimension érotique, l'acte de distribution des pourboires fait entièrement partie du spectacle, avec la participation active du public[u 4]. Certains évènements proposent d'acheter des drag dollar, en liquide ou carte bleue, pour les distribuer aux artistes pendant le show.
Johnny Blazes, artiste faisant à la fois du queen et du king à Boston, témoigne de recevoir plus de pourboires en queen : son hypothèse est que la féminité est plus souvent réifiée, qu'il est donc plus acceptable culturellement d'en faire un produit de consommation, tandis que la sexualité masculine existe juste sans être marchandisée[u 4].
Dynamiques internes
Domination socio-économique
En Inde, l'émergence d'une scène drag reprenant les codes occidentaux, réalisant des photoshoots soignés pour être diffusés internationalement sur les réseaux sociaux et dominé par des personnes issues des castes dominantes, marginalise des groupes de personnes transféminines telles que les hijras et les kothis(en), alors qu'elles sont présentes depuis longtemps dans les évènements communautaires et militants[o 10].
Dans certains représentations drag Katoï, il existe une dichotomie entre la représentation glamour de la féminité occidentale, vue comme une source d'inspiration, et celle des femmes rurales indigènes, qui sert au contraire de repoussoir comique[o 10].
Racisme
L'un des ancêtres du drag aux États-Unis est le minstrel show, où des acteurs utilisent la blackface pour se moquer des hommes afro-Américains puis, en se travestissant, des femmes Noires[o 10]. Plus généralement le travestissement théâtral a été un instrument de la suprématie blanche américaine. Sur la côte Ouest, au Bohemian Grove, performent face des artistes dont le travestissement sert à célébrer des politiciens, diplomates et entrepreneurs affectés dans le Pacifique via la représentation raciste et dégradante des populations qui y vivent[o 10]. La féminisation de ces populations permettait aussi d'asseoir une logique coloniale, où l'homme blanc viril prend une position paternaliste face à des personnes infantilisées et infériorisées via leur féminisation[o 10].
Les catégories de genre sont traversées par des dynamiques racistes et colonialistes, qui influencent la perception des artistes mêmes avant qu'ils soient en drag[o 10].
Ainsi, lors des concours de beauté drag de la côte ouest des États-Unis, les personnes queers blanches américaines trouvent que les drag queen asiatiques ont un « avantage injuste » ; cette idée vient de la perception raciste des hommes asiatiques, vus comme efféminés, y compris dans le milieu gay[o 10]. Pour les homosexuels asiatiques faisant du drag, la victoire lors des concours de beauté drag devient ainsi une manière de pouvoir transformer le stigmate en célébration[o 10]. Cette association date d'au moins la ruée vers l'or en Californie, où le travestissement permettait in fine de réaffirmer la virilité des hommes blancs à l'instant où ils sortaient du travestissement, tandis que les immigrés chinois étaient présentés comme irrévocablement efféminés[o 24].
La dynamique est inversée pour les personnes Noires, où le racisme les voit comme hypermasculines ; cette perception s'est aussi retrouvée dans le milieu drag, notamment dans la scène drag king des années 1990 à New York, notamment les bars lesbiens HerShe Bar et Club Casanova, les butchs Noires pouvaient gagner des concours de king en portant leurs tenues de tous les jours face à des kings blancs utilisant maquillage et costume pour se créer un personnage[o 10]. Cette perception rend aussi plus difficile pour les artistes Noirs de performer des styles genderfuck ou camp, puisque leur féminité est remise en question : ainsi, lors des performances des Cockettes, Sylvester est la seule à adopter un style féminin et sexy en incarnant Coretta Scott King, loin du camp et du trash des autres membres de la troupe[o 10].
De manière générale, les artistes racisés, en particuliers Noirs et Latinx, performent plus souvent un drag basée sur la realness : outre le rapport plus complexe à la féminité et la masculinité, cela vient d'une autre dynamique raciste, qui rend les personnes racisées représentantes de leur groupe avant tout, quand les célébrités blanches ont plus facilement accès à l'individualité : ainsi, Kareem Khubchandani note que, par exemple, Sylvester a fait le choix de représenter fidèlement Coretta Scott King, c'est car se moquer d'elle serait trop facilement lue comme une manière de se moquer de toutes les femmes Noires[o 10]. En Afrique du Sud, les drag queen blanches peuvent utiliser des chansons d'artistes noires et blanches pour leurs lipsync, tandis que les queens Noires et Coloured sont limitées aux artistes elles-mêmes Noires ou Coloured[o 10].
Cette performance de la realness est parfois nuancée par des conditions économiques : ainsi, en Afrique du Sud, les drag queens Noires et Coloured des townships performent un drag beaucoup moins conforme aux rôles de genre que les queens blanches se produisant dans les quartiers riches car leurs tenues reposent beaucoup sur la récupération et la débrouille[o 10].
Des phénomènes d'appropriation culturelle peuvent aussi avoir lieu : ainsi, des expressions de genre et des tenues culturellement marquées, utilisées par des artistes racisés, sont ensuite repris par des artistes blancs, vidés de leur contenu et utilisées uniquement dans un but esthétique et afin de se donner une image d'expertise en mode[o 10].
Invisibilisation des kings et des queers
Le drag n'est pas exempt de reproduire certaines discriminations comme l'invisibilisation par les personnes gays de la communauté lesbiennes, bi, pan, trans, queer.
Cette invisibilisation souvent inconsciente est liée à une croissance de la visibilité du milieu gay via la multiplication de shows (DragRace) donnant presque uniquement de la visibilité aux dragqueens au détriment des autres, aux hommes au détriment des autres genres. En effet, les émissions ont tendance à standardiser l'existant en invisibilisant les autres pratiques, en donnant la préférence à la performance (grands écarts, lipsyncs) aux dépens de pratiques plus vocales historiquement déployées par les drakings (stand-up, rap, chant, lecture de textes)[p 13].
On peut parler d'une double oppression liée à la misogynie interne à une partie de la communauté LGBTQIA+ avec d'une part la préférence donnée à l'expression de la féminité, habituée à être regardée, scrutée par la société, et d'autre part l'expression d'un masculin sacré, considéré comme universel, auquel personne n'a le droit de toucher et encore moins pour créer des performativités antipatriarcales[p 13].
Les dragkings et dragqueers s'organisent souvent en petits groupes dans des safe-places comme la Kings Factory depuis 2019 pour créer une culture commune et pouvoir performer régulièrement à défaut d'avoir parfois accès à d'autres scènes[p 13].
Cette invisibilisation crée des cercles vicieux : comme les drag queens sont plus visibles, elles constituent un marché identifié, rendant relativement accessibles les accessoires de féminisation, tandis que les outils de masculinisation, notamment de bandage de la poitrine et de packing ne s'achètent pas facilement[o 10].
Hégémonie rupaulienne
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D'après Nixe Amère, «RuPaula préféré inviter un homme hétéro cis à participer en tant que queen [Maddy Morphosis, candidat de la 14e saison de l'émission, ndlr], plutôt que d'inclure un king. Ça en dit long.», . En effet, RuPaul Charles déclare en 2018 au Guardian que le drag perdait son sens de l'ironie et du danger s'il n'était pas fait par un homme[note 5],[p 13].
Prépondérance de certains styles et épreuves drag
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Prépondérance de certains style de queen, liées à une catégorisation des différents styles par dichotomie : soit beauty queen, soit comedy queen, laissant moins de place à l'entre-deux.
Exemples : les beauty queen, fashion queen (haute coutury, plus edgy), les pageant-queens (les jolies, concours de beauté), aux comedy-queens (celles qui font rire, épreuve du snatch game)
Validisme et grossophobie
Le drag est aussi traversé de courants validistes : côté performance, de nombreux aspects du drag, en particulier celui présenté à RuPaul's Drag Race, repose sur des capacités athlétiques inaccessibles aux personnes handicapées ; côté audience, les lieux de show ne sont pas forcément accessibles aux personnes à mobilité réduite, et quand ils le sont, l'expérience sensorielle, notamment l'intensité du bruit et la densité de personnes, peut devenir insupportable pour des personnes autistes[o 10].
Pour Apolline Bazin, le drag fait ses premières véritables apparitions au cinéma à travers la caméra du réalisateur John Waters qui met en scène dans les années 1970 sa muse, la drag queen Divine, dans la trilogie trash composée de Pink Flamingos, Female Trouble et Desperate Living[o 26]. En raison de la provocation présente dans ces films, ceux-ci sont interdits aux moins de 18 ans jusqu'en 1981[o 26]. À la même période sort le Rocky Horror Picture Show, dont le personnage principal est joué par Tim Curry en drag[o 26].
En 1978 sort La Cage aux folles, le film français le plus exporté, mettant en scène le personnage de Zaza Napoli, star de cabaret drag inspiré de Michou[o 26]. Le film remporte un grand succès, mais est aussi critiqué par la communauté LGBT française de l'époque qui ne se reconnait pas dans l'aspect bourgeois du personnage et perçoit sa grande féminité comme une caricature homophobe[o 26]. Ce rejet de l'aspect « grande folle » de Zaza est ensuite questionné par la communauté LGBT du XXIe siècle, qui considèrent celui-ci comme une forme d'homophobie intériorisée[o 26].
Les années 1980 voient la multiplication des films abordant le drag et le travestissement : les films de Pedro Almodóvar et de la Movida, Victor Victoria de Blake Edwards qui aborde la question du drag king, Yentl de Barbara Streisand, Tootsie, Mrs Doubtfire, ou Hairspray[o 26]. Ces films, souvent des comédies familiales, permettent d'aborder la question du sexisme et de la performance de genre auprès du grand public[o 26]. Doonan voit dans l'évolution de ces années, où le drag n'est plus systématiquement associé à la dépravation et au meurtre, à la fois le signe de la meilleure acceptation de la culture LGBT par le grand public, mais aussi de l'influence de la pandémie de sida qui décime les communautés trans et gays, d'une recherche de rentrer dans les critères de l'académie des Oscars ainsi que de la politique de Reagan[o 25].
Les drag queens commencent à être des personnages de cinéma à part entière à partir de 1988 et de Torch Sonc Trilogy, adaptation de pièces de théâtre autobiographiques d'Harvey Fierstein[o 26]. Cinq ans plus tard sort Priscilla, folle du désert, film mettant en scène trois drag queens, deux hommes gays et une femme trans en tournée en Australie ; c'est devenu un film-culte en raison de ses dialogues et de la finesse avec laquelle il aborde les questions LGBT[o 26]. Priscilla fait l'objet d'un reboot américain, Extravagances[o 26]. En 2001, John Cameron Mitchell crée Hedwig and the Angry Inch, succès du cinéma underground[o 26]. Cette période, que Doonan caractérise par une association entre drag, créativité et extravagance, comporte aussi Birdcage, un remake de La Cage aux Folles[o 25].
D'autres films explorent les liens entre drag et identité de genre, tels qu'Orlando, adaptation du roman éponyme de Virginia Woolf, ou The Crying Game, qui lance la tendance des acteurs hommes cis jouant des personnages de femmes trans et recevant des nominations aux Oscars pour ça[o 25]. Doonan note que cette tendance, qui vaudra l'oscar du meilleur acteur à Jared Leto pour Dallas Buyers Club en 2013 ou une nomination pour Eddie Redmayne dans Danish Girl en 2015, est une manière pour le cinéma de récompenser une forme de drag policée, celle d'un acteur transformé en femme[o 25].
Les réseaux sociaux sont un moyen privilégié pour les communautés marginalisées, en particulier celles pour qui les discothèques ne sont pas accessibles[o 10].
Ainsi, en Asie du Sud Est et au Brésil, les réseaux sociaux vidéos, en particulier Vine, Instagram et TikTok, sont un outil d'expression drag privilégié d'enfants vivant en zones rurales[o 10]. Dans ces vidéos de lypsinc, ils utilisent des briques pour faire des talons hauts et des feuilles de palmiers pour faire des robes[o 10]. Le plus connu, Madaew, de Thaïlande, utilise aussi des sceaux et des câbles électriques, a ainsi 70 000 followers sur Instagram[o 10].
Aux États-Unis, ce sont les artistes handicapés, notemment sourds, qui popularisent le genre du drag vidéo, notamment le duo Latinx Casaniva et Selena Minogue[o 10].
Lors de la pandémie de Covid-19 et la fermeture des lieux drags, les réseaux sociaux sont devenus le seul espace de visibilité et potentiellement de revenu des artistes[o 10].
Réception
Par la communauté LGBT+
Le drag est perçu de manière ambivalente par la communauté LGBT+. Certains hommes gays, embrassant une forme de politique de la respectabilité, les accuse ainsi de « donner une mauvaise image de la communauté »[o 27]. Cette conception date d'au moins les années 1970 : en 1973, Sylvia Rivera se fait huer lors de la commémoration des émeutes de Stonewall lorsqu'elle réagit vivement à un discours demandant explicitement aux queens d'arrêter de se montrer[o 16]. Pour d'autres, le drag est le véhicule de l'acceptation et de la culture LGBT auprès du public cis-hétérosexuel[p 14].
La part de féminité de dragqueen est mal acceptée par une partie de la communauté qui ne revendique pas son homosexualité sur le mode du « retournement du stigmate » (Esther Newton(en), Judith Butler). Il s'agit d'une misogynie et follophobie (et parfois même homophobie intériorisée) et plus généralement d'une politique de la respectabilité qu'on peut retrouver en interne à une partie de la communauté LGBTQIA+ consistant à garder une binarité des genres et à rejeter des hommes homosexuels présentant une apparence jugée comme trop féminine en raison de préjugés négatifs autours des qualités dites féminines comme la douceur, la fragilité et l'émotivité[p 13].
Lois anti-drag
Des lois visant à réprimer la pratique du drag, et plus particulièrement « l'incarnation, dans le but de tromper, du genre opposé » sont utilisées contre les artistes drag mais aussi contre les personnes trans[p 15]. Lorsque de telles lois existaient à San Francisco, la drag queen José Sarria(en) a distribué des badges avec l'inscription « I am a boy » (« Je suis un garçon ») à ses amis afin qu'ils ne soient pas affectés par cette loi[p 15].
Cette perméabilité entre drag et créations de fan a été soulignée lors de la saison 2 de RuPaul's Drag Race: UK vs the World, lors de la « showmance(en) » entre Tia Kofi(en) et La Grande Dame[10]. Plus généralement, RuPaul's Drag Race, en tant qu'objet télévisuel et intertextuel, développe ses propres pratiques de fans qui ont leurs sous-cultures propres[u 5]. Ainsi, Lee Dawson, un fan anglais, a créé le Ru-Cap, une relecture vidéo des épisodes de Drag Race[u 5]. Contrairement aux autres fandoms, le drag n'est pas entièrement extérieur à ses fans, puissent que les personnes qui produisent des contenus de fan sur le drag sont aussi elles-même des artistes de drag[u 5].
Notes
↑En anglais, "Hell hath no fury like a drag queen scorned."
↑« How better, for instance, for Johnny Blazes to convey the intersections between technology, popular media, social power, and sexual order than by fucking a phone receiver to the sounds of Lady Gaga’s “Telephone”?. »
↑« I can quite easily think of opposites, but it isn’t men and women »
↑« Drag loses its sense of danger and its sense of irony once it's not men doing it »
Références
Ouvrages
↑ ab et cApolline Bazin, « Mythes et arts fondateurs », dans Drag : Un art queer qui agite le monde
↑Apolline Bazin, « Le grand siècle des extravagances », dans Drag : Un art queer qui agite le monde
↑Patsy Monsoon, « Histoire du drag dans le monde », dans L'art du drag, , p. 14-16
↑ abc et dApolline Bazin, « La Belle Époque se travestit », dans Drag : Un art queer qui agite le monde, p. 26-35
↑ abcdefg et hApolline Bazin, « Le glamour et le camp, fondements du drag », dans Drag : Un art queer qui agite le monde, p. 54-63
↑Apolline Bazin, « Cabarets et revues parisiennes », dans Drag : Un art queer qui agite le monde, p. 66-72
↑Apolline Bazin, « Des queens et des divas », dans Drag : Un art queer qui agite le monde, p. 76-80
↑Apolline Bazin, « Un artisanat couture », dans Drag : Un art queer qui agite le monde, p. 106-107
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Location of Lesotho Moths of Lesotho represent about 90 known moth species. The moths (mostly nocturnal) and butterflies (mostly diurnal) together make up the taxonomic order Lepidoptera. This is a list of moth species which have been recorded in Lesotho. Arctiidae Cyana pretoriae (Distant, 1897) Cymaroa grisea (Thunberg, 1784) Macrosia chalybeata Hampson, 1901 Micrilema craushayi Hampson, 1903 Crambidae Ancylolomia prepiella Hampson, 1919 Caffrocrambus chalcimerus (Hampson, 1919) Lamprophaia...
Halaman ini berisi artikel tentang adaptasi film pertama dari novel Somerset Maugham. Untuk film tahun 1957, lihat The Seventh Sin. Untuk film tahun 2006, lihat The Painted Veil (film 2006). Untuk novel, lihat The Painted Veil (novel). The Painted VeilPoster rilis teatrikalSutradara Richard Boleslawski Produser Hunt Stromberg Ditulis oleh John Meehan Salka Viertel Edith Fitzgerald Skenario John Meehan Salka Viertel Edith Fitzgerald BerdasarkanThe Painted VeilNovel tahun 1925oleh W. Somerset M...
Tax on investment gains This article is part of a series onTaxation in the United States Federal taxation Alternative minimum tax Capital gains tax Corporate tax Estate tax Excise tax Gift tax Generation-skipping transfer tax Income tax Payroll tax Internal Revenue Service (IRS) Internal Revenue Code (IRC) IRS tax forms Revenue by state History Constitutional authority Taxpayer standing Court Protest Evasion Resistance State and local taxation State income tax Property tax Sales tax State and...
Untuk kegunaan lain, lihat Imron Rosyadi (disambiguasi). Imron Rosadi alias Liu Nyuk Siong (lahir 5 Maret 1944 di Pringsewu, Lampung) adalah atlet nasional angkat berat periode 1960 sampai 1970-an. Semasa aktif menjadi atlet, Imron mendapat julukan sebagai Gajah Lampung. Imron kini menekuni profesi sebagai pelatih angkat berat dan angkat besi di Pringsewu, Lampung. Prestasi Atlet Juara nasional 1965-1979 Medali emas PON VII, VIII, IX Juara Asia Pasifik di Australia 1972 Pelatih Pemilik Padepo...
Medieval Slavic literary language Old Bulgarian redirects here. For the extinct Turkic language, see Bulgar language. Old Church SlavonicOld Church SlavicⰔⰎⰑⰂⰡⰐⰠⰔⰍⰟ ⰧⰈⰟⰊⰍⰟсловѣ́ньскъ ѩзꙑ́къslověnĭskŭ językŭNative toFormerly in Slavic areas under the influence of Byzantium (both Catholic and Orthodox)Region Southeastern Europe Eastern Europe Central Europe Era9th–11th centuries; then evolved into several variants of Church Slavonic ...
El capitalismo de Estado es una denominación utilizada para referirse a los sistemas económicos en los que el Estado realiza actividades económicas mediante empresas estatales (incluidos los procesos de acumulación de capital, gestión centralizada y trabajo asalariado), o cuando existen agencias gubernamentales corporativas (organizadas según las prácticas de gestión empresarial) o de empresas públicas, como las empresas que cotizan en bolsa en las que el Estado tiene acciones de con...
Russian horror webzine DARKER#7, July, 2020 Theme: Confined spaces. If you don't have claustrophobia, it doesn't mean that you have nothing to fear.EditorBayazid RzayevCategorieshorror fiction, popular cultureFrequency12 per yearPublisherMikhail ParfenovFirst issueApril 21, 2011; 12 years ago (2011-04-21)CountryRussian FederationBased inRussian FederationWebsitedarkermagazine.ruISSN2222-9116Darker Magazine (Russian: Даркер) is a Russian monthly horror webzine.[1 ...
Principles of ethics and of good practice in journalism Journalism News Writing style Ethics code of ethics Objectivity News values Attribution Defamation Sensationalism Editorial independence Journalism school Index of journalism articles Areas Arts Business Data Entertainment Environment Fashion Medicine Music Politics Science Sports Technology Traffic Weather World Genres Advocacy Analytic Blogging Broadcast Churnalism Citizen Civic Collaborative Comics-based Community Data Database Digita...
American actress (born 1989) Elizabeth OlsenOlsen in 2019BornElizabeth Chase Olsen (1989-02-16) February 16, 1989 (age 34)Sherman Oaks, California, U.S.Alma materNew York UniversityOccupationActressYears active1994–presentSpouseRobbie ArnettRelativesMary-Kate Olsen (sister)Ashley Olsen (sister) Elizabeth Chase Olsen (born February 16, 1989) is an American actress. Born in Sherman Oaks, California, Olsen began acting at age four. She starred in her debut film role in the thril...
Musical instrument This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Khim – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (April 2021) (Learn how and when to remove this template message) A butterfly-shape khim with two hammers The khim (Thai: ขิม [kʰǐm]; Lao: ຂິມ [kʰĭm]; Khm...
Mauritius padaOlimpiadeKode IOCMRIKONKomite Olimpiade MauritiusMedali 0 0 1 Total 1 Penampilan Musim Panas1984198819921996200020042008201220162020 Mauritius mula-mula berpartisipasi dalam Permainan Olimpiade pada 1984, dan telah mengirim para atlet untuk berkompetisi dalam setiap Olimpiade Musim Panas sejak itu. Negara tersebut tak pernah ikut serta dalam Olimpiade Musim Dingin. Mauritius juga mendukung pemboikotan Olimpiade Musim Panas 1980 di Moskwa. Referensi Pranala luar Mauritius. Intern...
The list of shipwrecks in December 1848 includes ships sunk, foundered, wrecked, grounded, or otherwise lost during December 1848. This is a dynamic list and may never be able to satisfy particular standards for completeness. You can help by adding missing items with reliable sources. December 1848 MonTueWedThuFriSatSun 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 Unknown date References 1 December List of shipwrecks: 1 December 1848 Ship Country Descrip...
Garangan jawa Urva javanicadari Darmaga, Bogor Status konservasi Risiko Rendah (IUCN 3.1)[1] Klasifikasi ilmiah Kerajaan: Animalia Filum: Chordata Kelas: Mammalia Ordo: Carnivora Famili: Herpestidae Genus: Urva Spesies: Urva javanica Nama binomial Urva javanica(É. Geoffroy Saint-Hilaire, 1818) Subspesies U. j. javanica U. j. exilis U. j. orientalis U. j. peninsulae U. j. perakensis U. j. rafflesii U. j. rubifrons U. j. siamensis U. j. tjerapai Agihan garangan jawa Sinonim Ichneu...
Patxi Puñal Puñal en 2010Datos personalesNombre completo Francisco Puñal MartínezApodo(s) PatxiNacimiento Huarte, Navarra6 de septiembre de 1975 (48 años)Nacionalidad(es) EspañolaAltura 1,80 mPeso 74 kgCarrera deportivaDeporte FútbolClub profesionalDebut deportivo 5 de enero de 1997(C. A. Osasuna B)Posición CentrocampistaGoles en clubes 46[editar datos en Wikidata] Francisco Puñal Martínez, más conocido como Patxi Puñal (Huarte, Navarra, 6 de septiembre de 1975...
Questa voce sugli argomenti aziende canadesi e banche è solo un abbozzo. Contribuisci a migliorarla secondo le convenzioni di Wikipedia. Banca del Canada(EN) Bank of Canada(FR) Banque du Canada Area valutaria Canada ValutaDollaro canadese Istituita1934 e 1935 PresidenteStephen Poloz (dal 3 giugno 2013) SedeOttawa Sito web e Sito web Modifica dati su Wikidata · Manuale La Banca del Canada (in inglese Bank of Canada, in francese Banque du Canada) è la banca centrale del Canada...
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Hospital in North West EnglandFurness General HospitalUniversity Hospitals of Morecambe Bay NHS Foundation TrustThe Accident and Emergency entrance at FGHShown in CumbriaGeographyLocationBarrow-in-Furness, Cumbria, North West England, United KingdomCoordinates54°08′11″N 3°12′28″W / 54.1364°N 3.2079°W / 54.1364; -3.2079OrganisationCare systemPublic NHSTypeTeachingAffiliated universityLancaster Medical SchoolServicesEmergency departmentYes Accident & Emer...
1991 film Enchanted AprilDirected byMike NewellWritten byPeter BarnesBased onThe Enchanted Aprilby Elizabeth von ArnimProduced byMark ShivasSimon RelphAnn ScottMatthew HamiltonStarring Miranda Richardson Josie Lawrence Polly Walker Joan Plowright Alfred Molina Michael Kitchen Jim Broadbent CinematographyRex MaidmentEdited byDick AllenMusic byRichard Rodney BennettProductioncompanyBBC FilmsDistributed byCurzon Films[1]Miramax[2]Release date 6 November 1991 (1991-...
Musim atau kompetisi terkini: Piala Dunia Bola Basket FIBA 2023OlahragaBola basketDidirikan1950; 72 tahun lalu (1950)Musim awal1950Jumlah tim32NegaraAnggota FIBABenuaFIBA (Internasional)Juaraterkini Spanyol (gelar ke-2)Juara terbanyak Amerika Serikat Yugoslavia(masing masing 5 gelar)Situs web resmifiba.com/worldcup Piala Dunia Bola Basket FIBA, juga dikenal sebagai Piala Dunia FIBA, antara tahun 1950 dan 2010 dikenal sebagai Kejuaraan Dunia FIBA,[1] adalah kompetis...