Djanet est située à l'est de l'erg Admer au pied du plateau du Tassili N'Ajjer, à une altitude de 1 050 m. Elle est traversée par l'oued Idjeriou (signifiant la mer) qui permet d'alimenter la palmeraie. Elle est un axe important de communication de liaison avec Ghat en Libye voisine.
La région de Djanet est habitée depuis le Néolithique, il y a plus de 10 000 ans, à une époque où le désert n'occupait pas cette partie du Sahara. La végétation et la faune étaient luxuriantes, comme le rappellent les très nombreuses gravures rupestres du Tassili qui entourent Djanet. Des populations de chasseurs-cueilleurs y étaient installées.
Djanet est fondée au Moyen Âge par les Touaregs. Les Ottomans, qui ont une autorité nominale sur le Fezzan, renforcent leur présence dans la région au début du XXe siècle en réaction aux poussées des Européens en Afrique. En 1905, les Turcs installent une garnison à Ghat et mènent quelques escarmouches contre les méharistes français, poussant jusqu'à Djanet[3]. La guerre italo-turque de 1911 sonne le glas des ambitions ottomanes dans la région, les Français en profitent pour occuper Djanet en novembre 1911. Le capitaine Édouard Charlet prend l'oasis le 27 novembre 1911, à la tête de 135 méharistes de la Compagnie Saharienne du Tiddikelt. Mais avant de partir, les Ottomans ont donné des fusils modernes aux tribus touarègues, ce qui les aide à opposer une résistance aux colonisateurs. Une bataille a lieu à 20 km au sud de Ghat en avril 1913 entre une troupe de 40 méharistes français (en fait des guerriers arabes Châamba) et une harka de 250 touaregs Ajjer. Les Français parviennent à se dégager par une charge à la baïonnette, mais doivent rejoindre à pied leur base située à 120 km, leurs montures ayant été massacrées[3].
Le 6 mars 1916, le cheikh Amoud Ibn Mokhtar, chassé par les Français en 1911, attaque la ville à partir de Ghat où il s'était retranché. Il a le soutien d'Ingedazen ag Abakada, notable des Ajjer et d'Attici, ancien prétendant au titre d'aménokal des Kel Ahaggar. La défense constituée d'une cinquantaine de soldats, tous indigènes, mis à part deux Français tient 18 jours. Mais, à court de ressources, ils tentent une sortie et sont capturés quelques jours plus tard. Ils resteront en captivité dans le Fezzan jusqu'en 1918[4]. Une mission de renfort française de 150 hommes arrivée deux jours plus tard mais insuffisamment équipée ne peut reprendre la ville face aux hommes du cheikh Amoud, équipés de canons pris aux Italiens et abandonnés par la garnison française[4]. Le commandant militaire des Territoires du Sud, Octave Meynier, avec l'accord du gouverneur général Charles Lutaud, constitue une imposante colonne d'un millier d'hommes et après plusieurs jours de combat reprend Djanet le 14 mai 1916[4]. Cependant ce n'est qu'un succès partiel, les troupes senoussies ayant réussi à se replier sur Ghat. Meynier songe à pousser son avantage dans l'oasis voisine, mais ses supérieurs le lui interdisent, ne souhaitant pas éveiller les inquiétudes des Italiens nominalement maîtres de Ghat. La colonne, éloignée de 900 km de ses bases et non ravitaillée est à court de logistique. Au vu du peu d'intérêt des territoires en question et des combats qui font rage en Europe à cette époque, la présence militaire française dans l'Ajjer est jugée superflue[4]. Un repli général de Djanet est organisé le 3 juillet puis en décembre de Fort Polignac (actuel Illizi). Les forces françaises opèrent donc un retrait de 500 km vers l'ouest, laissant le soulèvement gagner tout le massif de l'Ajjer[4]. Ce n'est qu'à l'automne 1918 que les Français reviennent dans la région. Le 28 octobre, un détachement parvient à Djanet qui est rebaptisée Fort Charlet. Des négociations entamées avec Amoud n'aboutissant pas, il est alors décidé de ne pas laisser de garnison sur place. L'oasis n'est définitivement réoccupée qu'en juillet 1920[5]. Ahmoud continue sa lutte contre les Français jusqu'en 1923, date à laquelle il est expulsé du massif de l'Ajjer. Il se rend alors dans le Fezzan et aide les moudjahidines libyens dans leur lutte contre le colonialisme italien[6].
Durant la guerre d'Algérie, en 1957 un convoi militaire provenant de Touggourt et se dirigeant vers le Tchad est attaqué entre Djanet et Ghat en territoire libyen par des troupes de l'ALN dirigées par le commandant Mouloud Idir[7].
Administration
Période
Identité
Étiquette
Qualité
en cours
Les données manquantes sont à compléter.
Urbanisme
La ville d'origine est formée de trois quartiers (ksour) constitués au XVIe siècle, El Mihan, Adjahil et Zellouaz, situés de part et d'autre de l'Idjeriou[8].
Économie
L'oasis de Djanet est relativement riche en eau et de ce fait une importante culture maraîchère s'est développée. La palmeraie importante de 30 000 palmiers produit évidemment des dattes, mais aussi la plupart des légumes (pommes de terre, betteraves, tomates...) et des fruits (olives, agrumes...) nécessaires à l'économie locale.
Djanet est également un carrefour routier ou transitent des marchandises venant de Ghat dans le sud de la Libye et du Niger voisins.
Tourisme
Le tourisme organisé par les Touaregs s'est particulièrement développé ces dix dernières années et a permis à la ville de profiter de la petite industrie qui l'accompagne (petite hôtellerie, artisanat touareg local...). Djanet est devenue ainsi une des portes d'entrée de trois régions sahariennes différentes : le Tassili N'Ajjer à l'ouest, la Tadrart Rouge vers le sud, et non loin de l'Akakus libyen. Cette région du Sahara est d'une diversité géographique importante (on y trouve pratiquement tous les types de déserts dans un périmètre assez réduit), et d'une grande richesse archéologique en raison de ses 5 000 gravures rupestres répertoriées, redécouvertes en 1934 et qui seraient datées, pour les plus anciennes, de la période florissante avant que le désert ne s'installe, il y a 12 000 ans environ.
L'aéroport Inedbirene de Djanet possède deux pistes où transitent touristes et marchandises à un rythme moyen d'une à deux rotations par semaine selon les saisons.
Depuis l'année 2021, un système de délivrance de visas, instauré à l'arrivée à l'aéroport, a été mis en place. Cette initiative a eu pour effet de stimuler le tourisme international, de plus de la mobilité des ressortissants nationaux[9]. En octobre 2024, une touriste suisse est égorgée à Djanet, par un homme avec une arme blanche. Après ce meurtre, la sécurité est renforcée, en particulier avec des barrages militaires[10],[11].
La principale fête locale s'appelle la Sebeiba (ou S'biba). Elle consiste en un affrontement rituel, sous la forme de musique et de danse, entre les habitants des quartiers Zellouaz et El Mihan. Les jeunes hommes, habillés de leurs plus beaux vêtements et munis de leurs sabres, miment des combats guerriers en dansant dans le lit asséché de l'Idjeriou sous les chants des femmes[8].
Personnalités liées à la ville
Amoud Ag El Mokhtar (ca. 1856-1927), chef touareg ayant fait de Djanet son fief
Othmane Bali (1953-2005), chanteur et musicien né et mort à Djanet