En 1882, Armand Peugeot, inspiré par une mode venue d'outre-manche, lance la fabrication en série du Grand Bi[2] « Le Français » et ouvre un atelier de trois cents ouvriers à Montbéliard. C'est un succès, qui pousse Peugeot à poursuivre, avec la fabrication de tricycles[3], puis en 1885, de bicyclettes à roues égales et transmission par chaîne (seize mille unités en 1897 et vingt mille en 1900). En 1886, Peugeot ouvre un nouvel atelier à Beaulieu (Mandeure), qui deviendra son principal site de production de bicyclettes jusqu’aux années 1970.
En 1890, Peugeot sort « La Lion », qui séduit rapidement une clientèle féminine grâce à son élégance et sa robustesse : cette bicyclette ne pèse en effet « que » 22kg, se décline en modèle à cadre droit ou à col-de-cygne et possède un garde-chaîne ainsi qu'un garde-robe.
Quelques années plus tard, Peugeot s'adressera à une clientèle férue de compétitions cyclistes en proposant une bicyclette à deux vitesses, par retournement de la roue arrière.
À partir de 1930, Peugeot collabore avec le stéphanoisAutomoto qui lui-même s'associe au dijonnaisTerrot. Il les absorbe, respectivement, en 1962 et 1959[5].
Fabricant de chaînes de transmission depuis 1895, Peugeot crée en 1946 avec deux autres entreprises la société Sedis, qui sera un temps le plus important producteur mondial de chaînes de bicyclettes[6].
En 1972, Peugeot (via sa filiale France Motor Cycles) reprend une autre usine à Romilly-sur-Seine[7].
Jusque dans les années 1980, les cycles Peugeot étaient une marque phare en France, aux côtés de concurrents tels que Motobécane, Gitane, Mercier et quelques autres.
En 1992, pour faire face à la concurrence asiatique, les cycles BH (Beistegui Hermanos, Espagne) achètent la licence de fabrication des cycles Peugeot en Europe et se rapprochent de Gitane pour créer le groupe Cycleurope[8].
En 2004, la licence accordée à Cycleurope n'est pas renouvelée. Peugeot reprend en main la production (à Romilly) et la distribution des cycles Peugeot (qui se fait désormais via son réseau « automobiles »[9]), même si la fabrication en tant que telle est toujours sous-traitée à Cycleurope[10].
Autres marques
Peugeot a également produit des cycles sous des marques secondaires telles que Griffon et Aiglon (marque créée en 1902 par M. Debarelle à Argenteuil et rachetée par Peugeot en 1922) et les sous-marques meilleur marché Helium et Talbot.
Modèles remarquables
Demi-course Peugeot type PL8 10 vitesses, 1976 : avec son cadre en acier allégé bleu de France, ses dérailleurs Simplex, son double-plateau Stronglight, ses jantes Rigida, ses fins garde-boue chromés, il représentait le rêve de nombre d'adolescents de cette époque[11].
Sponsoring et compétitions cyclistes
En 1892, lors de la course Paris - Nantes (1 025km sur route), les cinq premiers du classement roulent sur des vélos Peugeot. Une affiche publicitaire commandée à Albert Guillaume rappellera l'événement[12].
En 1904, Hippolyte Aucouturier qui court sur un cycle Peugeot et a déjà remporté Paris-Roubaix est lié au premier scandale de l'histoire du Tour de France : les quatre premiers du classement général sont déclassés.
La marque au lion se rattrape l'année suivante grâce à Louis Trousselier qui remporte le Tour sous les couleurs de Peugeot.
L'équipe cycliste Peugeot se constitue ainsi au fur et à mesure du développement du cyclisme professionnel.
En 1963, le maillot à damier Peugeot fait son apparition dans le peloton professionnel. Le motif, prévu pour mieux « passer à la télé »[13] (encore en noir et blanc), deviendra rapidement célèbre. Il sera utilisé comme signature de la marque et reproduit sur les cadres des vélos.
Peugeot remportera encore deux Tours de France au cours des années 1970 mais finira par se retirer des pelotons en 1989 après cent ans de présence au plus haut niveau.
Les Cycles Peugeot reviendront en 1995, en parrainant l'équipe Festina (jusqu'en 1999).
↑André Vant, L'industrie du cycle dans la région stéphanoise, Revue de géographie de Lyon, 1974, vol. 49, no 2, p. 155-184, article téléchargeable sur le site Persée, ministère de l'Éducation nationale et de la Recherche.
↑Jacqueline Dupuis et André Vant, L'industrie stéphanoise du cycle ou la fin d'un système industriel localisé, Revue de géographie de Lyon, 1993, vol. 68, no 1, p. 5-16, article téléchargeable sur le site Persée, ministère de l'Éducation nationale et de la Recherche. La société Sedis a quitté le giron de Peugeot en 1990 (cf. site de la société Sedis).
↑Photo de couverture de Balades à vélo en Charente-Maritime de Jean-Marc Gay, 2011, éditions Les chemins de la mémoire (ISBN9782847022322).[réf. à confirmer]