Cheikh Abdelkrim El Maghili

Cheikh Abdelkrim El Maghili
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Cheikh Abdelkrim El Maghîlî ou aussi Cheikh Abdelkrim El Mer'ili (en arabe: الشيخ عبد الكريم المغيلي) est un érudit musulman algérien, né à Tlemcen en 1425 et mort à Zaouiet Kounta en 1505.

Il a poursuivi ses études à Alger et à Béjaïa où il a été successivement l'élève de Abderrahmane at-Taalibi et Cheikh Ben Yahia Yadir.

Critique de la présence des Juifs dans le Touat

En 1492, El Maghîlî émigra à Tamantit, dans le Touat, une région avec une forte communauté juive, fortement intégrée dans le commerce transsaharien. Toutefois, au XVè siècle, la prospérité juive dans la région n'est plus qu'un souvenir. Il est cependant l'instigateur d'une controverse avec ses pairs au sujet de la présence des Juifs dans la ville. Choqué par le nom de respect de l'institution de la dhimma et le non recouvrement de l'impôt de la djiziya plaide pour leur meurtre et la spoliation de leurs biens. Ses écrits incendiaires déclenchent une forte controverse avec des savants musulmans maghrébins au sujet des rapports aux dhimmis[1]. Ses prédications aboutirent au massacres des juifs de la région et à leur émigration[2].

Voyages et reconnaissance intellectuelle

Il se rend ensuite au Soudan central pour participer à l’islamisation de la région haoussa déjà approchés par des prédicateurs mandingues et peuls. Il s’installe à Katsina, Takkeda puis à Kano où il rédige un manuel, Les Obligations des Princes, pour le roi Muhammad Rumfa (1465-1499) qui souhaite gouverner selon les préceptes du Coran. Il reprend la route de Tlemcen et s’arrête à Gao, capitale de l'Empire songhaï, peu après le coup d’état de 1493 de l’Askia Mohammed. Il rédige une série de lettres rassemblées sous le titre Épître à l’Askia Muhammad où il répond au question du souverain sur la bonne manière de gouverner. Cet ouvrage va l'imposer comme un modèle de conseiller du Prince.

Ahmed Baba, dans sa biographie, signale que c'est à Gao qu'il apprit la mort de son fils, assassiné par un Juif au Touat. Cet évènement le fit convaincre l'Askia d'arrêter les juifs de la ville. Mais le souverain revint sur son ordre à la demande du savant Mahmud ibn Umar.

Il repartit pour le Touat, où il mourut vers 1505. Son darih (mausolée) se trouve à Zaouiet Echeikh, localité administrativement liée à Zaouiet Kounta.

Postérité

Al Maghîlî doit une partie de son prestige à sa qualité de savant maghrébin. Le fait il soit venu au sud du Sahara après les persécutions des Juifs du Touat, qu’il ait enseigné formé des disciples et rédigé des conseils intention des souverains soudanais de Gao et Kano notamment lui conférait une importance certaine. Les Kunta vont ainsi l'intégrer à leur silsila.

La génération de savants jihadistes du XIXè siècle va en faire une référence incontournable. L'imposition d'un droit à l'insurrection et au renversement des souverains musulmans injustes et au tyrannicides par El Maghili va ainsi être convoqué par Uthman dan Fodio, Mohammed Bello ou Amadu Amadu[3].

Bibliographie

Ahmed Baba dresse un inventaire des ouvrages écrit par El Maghili dans Nayl al-Ibtihāğ bi-taṭrīẓ al-dībāğ, un recueil de biographies de savants maghrébins :

1. *Misbâh al-arwâh fi usûl al-falâh*, ouvrage extraordinaire en deux cahiers, qu’il envoya à *al-Sanûsî* et à *Ibn Ghâzî* qui en louèrent la composition.

2. Petit commentaire du *Précis de Khalil*, qu’il appela le *Mughnî al-Nabîl* : résumé concis à l’extrême qui s’étend jusqu’au chapitre intitulé : *Kasm bain al-Zawdjâl*. De lui aussi une autre composition sur les ventes, etc. On dit qu’il commenta les trois quarts du Précis de Khalîl.

3. Un commentaire sur Khalîl porte le nom de Iklîl al-mughnî, qui est resté inachevé.

4. Un commentaire des Ventes à terme d'*Ibn al-Hâdjib* avec des explications tirées d'*Ibn 'Abd-Salâm et Khalîl

5. Traité sur les choses interdites.

6. Abrégé du Talkhîs al-miftâh.

7. Commentaire de ce dernier.

8. Miftâh al-nazar fi 'ilm al-Hadîth avec des explications tirées du Takrîb d’al-Nawawî.

9. Commentaire du Djummal sur la logique avec une Préface et un poème, sous le nom de Manhu l-Wahhâb.

10. Trois commentaires sur l’ouvrage précédent avec une excellente présentation de mon père pour compléter.

11. Le Tanbîh al-Ghâfilîn 'an makar al-Mulabbisîn bi-da' wa makâmât al-'ârifîn (Avertissement aux gens qui se laissent égarer par de prétendus savants).

12. Introduction à la langue arabe.

13. Kilâb al-Fath al-Mubîn

Références

  1. Elise Voguet, « La réponse d’al-Sijilmāsī (IXᵉ/XVᵉ siècle) à l’appel d’al-Maghīlī au meurtre des juifs du Touat : prise de position d’un cadi saharien sur les relations avec les dhimmī-s », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, no 149,‎ , p. 195-212 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  2. Jacob Oliel, Les Juifs au Sahara : le Touat au Moyen Âge, Paris, CNRS Editions, , 188 p.
  3. Jean-Louis Triaud, «  Le renversement du souverain injuste. Un débat sur les fondements de la légitimité islamique en Afrique noire au XIXᵉ siècle  », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 40, no 3,‎ , p. 509-519. (lire en ligne Accès libre [PDF])

Sources


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