Cave canem est une expression latine à l'impératif signifiant littéralement « prends » ou « prenez garde au chien », et que l'on peut traduire « attention au chien ». Elle a été retrouvée inscrite sur une mosaïque représentant un chien à l'entrée d'une villa de Pompéi, qui visait à dissuader les intrus en avertissant de la présence d'un chien de garde.
Il était inscrit en lettres capitales aux côtés d'une représentation d'un chien tenu en laisse, sur une mosaïque recouvrant le sol du vestibule. Le but était non seulement d'avertir les visiteurs, mais surtout de décourager les intrus d'y pénétrer.
Il semble en fait que ce type de mise en garde était fréquent sur le seuil des demeures romaines. Plusieurs autres mosaïques figurant un chien de garde tirant sur sa laisse ont d'ailleurs été mises au jour à Pompéi, mais pas nécessairement avec l'inscription, notamment à la maison d'Orphée(it)[1], ou dans un thermopolium (fresque découverte en )[2]. Pétrone, l'écrivain latin du Ier siècle, y fait également référence dans le Festin chez Trimalcion, au chapitre XXIX de son roman le Satyricon, lorsque le narrateur Encolple pénètre dans la demeure de Trimalcion :
« Ceterum ego dum omnia stupeo, paene resupinatus crura mea fregi. Ad sinistram enim intrantibus non longe ab ostiarii cella canis ingens, catena vinctus, in pariete erat pictus superque quadrata littera scriptum
CAVE, CAVE CANEM.
Et collegae quidem mei riserunt. »
« Quant à moi, j'admirais bouche bée, quand, sursautant de peur, je faillis me rompre les jambes. À gauche de l'entrée, non loin de la loge du portier, un énorme chien tirait sur sa chaîne. Au-dessus de lui était écrit en lettres capitales : Gare, gare au chien. Vérification faite, ce n'était qu'une peinture sur la muraille.
Mes compagnons se moquaient de ma frayeur. »
Cave canem a aussi été au Moyen Âge une des devises des marins de Saint-Malo, en référence aux « chiens du guet », ces dogues que l'on lâchait la nuit pour protéger la ville. Les navires malouins contraints à la bataille déployaient leur bannière de combat représentant un dogue prêt à mordre : c'était leur Cave canem, dernier avertissement avant le début des hostilités.
Le cabinet de travail d’Alexandre Dumas — dit château d’If — est situé à Port-Marly sur la propriété du château de Monte-Cristo, minuscule château au style néogothique, érigé sur un petit îlot. Devant ce cabinet, une statue représente un chien dans sa niche, avec l'inscription Cave canem.
De nos jours, de nombreuses sociétés de sécurité et de surveillance portent le nom de Cave canem, généralement accompagné d'un logo représentant un chien méchant.
Dans l'album d'AstérixLa Zizanie, on trouve cette inscription sur la résidence de César, traduite « Attention au chien »[4],[5].
Ancienne devise de la ville de Saint-Malo, elle est désormais inscrite à la sortie des vestiaires, au fronton de l'entrée sur le terrain de l'US Saint-Malo, le club de football de la ville actuellement en National 2.
Cette devise est celle de la 5e unité d'intervention de réserve du 31e régiment du génie.
L'expression a été traduite dans différentes langues et est encore utilisée de nos jours à l'entrée de maisons.
↑(de) Heidelinde Autengruber-Thüry, Hunde in der römischen Antike : Rassen/Typen - Zucht - Haltung und Verwendung, Oxford, Archaeopress, coll. « Archaeopress Roman Archaeology » (no 84), , X-467 p. (ISBN978-1-78969-836-7 et 978-1-78969-837-4), p. 315 [lire en ligne].
↑Julie Gallego, « Les citations latines dans Astérix », dans Bertrand Richet (dir.), Le tour du monde d'Astérix (actes du colloque à la Sorbonne, -), Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, , 317 p. (ISBN978-2-87854-514-2 et 978-2-87854-832-7, DOI10.4000/books.psn.7003, lire en ligne), p. 111–129, Annexe I : « Classement par citation (exacte, transformée ou traduite) : De la citation textuelle en latin à la « fine allusion » en français », p. 127.
(it) Ernesto De Carolis, Francesco Esposito et Diego Ferrara, « Per una storia del restauro musivo : Il caso emblematico del Cave canem tra evidenze materiali e fonti documentali », Rivista di Studi Pompeiani, L'Erma di Bretschneider, vol. XXX, , p. 135–149 (ISBN978-88-913-1886-2 et 978-88-913-1889-3, DOI10.1400/274889, JSTOR27123873, lire en ligne).