Catastrophe d'Aniche de 1827

Catastrophe d'Aniche de 1827
Image illustrative de l’article Catastrophe d'Aniche de 1827
Mines d'Aniche - Mineurs à l'abattage

Type catastrophe minière
Pays France
Localisation Aniche
Coordonnées 50° 20′ 01″ nord, 3° 16′ 26″ est
Date 11hr30
Participant(s) 46

Carte

La Catastrophe d'Aniche de 1827 a lieu le 7 février 1827 dans la matinée vers 11 h 30. Aniche déplore une catastrophe à la Fosse Saint-Hyacinthe de la Compagnie des mines d'Aniche.

Un foyer qu'on avait l'habitude d'entretenir a communiqué le feu aux échafaudages d'accès au puits de descente des ouvriers. La fumée se répandit en abondance à l'intérieur de la mine, elle asphyxia 46 ouvriers occupés dans les veines à l'extraction de la houille.

Sept jeunes gens et deux pères de familles[pas clair] furent retirés morts[1],[2]

Contexte

Difficultés de la Compagnie des mines d'Aniche

La houille est découverte à la profondeur de 70 toises dans la nuit du à la fosse Sainte Catherine. Deux autres puits sont creusés non loin sur le territoire d'Aniche, en 1779. Il s'agit de la fosse Saint-Laurent - Sainte-Thérèse. Une machine à feu est installée dans cette dernière. Malgré l'ouverture de ces deux nouvelles fosses, la production reste très faible : 70 000 tonnes sont produites en 1785. Les veines de charbon sont peu épaisses et accidentées, et le gisement est pauvre. En 1786, à la suite d'une inondation des travaux au fond, l'extraction est interrompue.

La Fosse Saint-Laurent - Sainte-Thérèse est définitivement abandonnée. Des nouvelles fosses sont ouvertes après l'inondation : Sainte-Barbe - Saint-Waast à Aniche en 1786, Saint-Hyacinthe à partir de 1793, à Aniche, près de la route de Douai, Aglaé à Auberchicourt (qui est une avaleresse). L'exploitation reprend en 1804, 18 ans après l'inondation, aux puits Sainte-Catherine et Saint-Mathias. L’avaleresse La Paix est ouverte en 1815 et abandonnée en 1817 à l'ouest d'Auberchicourt. Une pièce de cuvelage a rompu à 80 mètres de profondeur et provoque l'inondation du puits. En 1817, quelques décamètres à l'ouest est creusé le puits de l'Espérance.

La Compagnie des mines d'Aniche est au bord de la ruine.

Difficultés humaines

« L'anémie ou maladie des mineurs sévissait dans ces travaux mal assainis ; elle avait atteint un grand nombre d'ouvriers, elle laissa des traces dans quelques familles jusque dans les générations suivantes. Cette maladie, ajoute M. Émile Vuillemin, a entièrement disparu des mines du Nord, et la population des houillères y est, dit-il, plus forte et plus vigoureuse que celle des autres industries du pays. » [3],[4]

Difficultés techniques

Le bois est très utilisé pour l'étaiement des puits et galeries. Les chevaux participent à l'effort ; au pompage, à Saint-Hyacinthe, jusqu'à 36 chevaux étaient au fond. La chaleur, l'humidité, la poussière sont le quotidien du mineur travaillant 7 jours sur 7.

« En 1803, on applique pour la première fois une machine à vapeur à l'extraction, on l'établit sur la fosse Saint-Hyacinthe. » puis « Au commencement de 1815 on ne peut suffire aux demandes de charbon, d'ailleurs l'exploitation de la fosse Sainte-Hyacinthe ne présente pas d'avantages, on décide le creusement d'une nouvelle fosse qui portera le nom de la Paix. On rencontre des difficultés inattendues dans le creusement. Deux accidents consécutifs se produisent au cuvelage. Le dernier, en mars 1817, entraîne en 20 minutes l'inondation complète de la fosse. On l'abandonne pour en ouvrir une nouvelle sur un emplacement voisin : c'est la fosse l'Espérance. Pour la première fois, on adopte ici la forme octogone qui offre économie de bois et résistance beaucoup plus grande que la forme rectangulaire. » [3]

L'incendie

« Le 7 février 1827, par un froid excessivement rigoureux, les flammes du foyer d'aérage communiquèrent aux planches formant cloison, du Goyau, et une épaisse fumée envahit les deux compartiments du puits. Au cri de Sauve qui peut, les quarante-six ouvriers qui se trouvaient dans les travaux se précipitèrent dans les bures pour remonter au jour. Mais, par un malheur inouï, l'un de ces ouvriers ouvrit une porte donnant dans la fosse; les fumées se répandirent aussitôt dans les bures où se trouvaient les ouvriers qui restèrent à moitié asphyxiés, jusqu'au moment ou le feu cessa de lui-même, des hommes courageux pénétrèrent jusqu'à eux et parvinrent à les remonter sur leur dos, par les échelles. Trente-sept furent sauvés, neuf perdirent la vie » [5]

Dévouement

Joseph Descamps, porion, par ses efforts et surtout son exemple, sauve 37 ouvriers. Il est médaillé par le ministre de l'intérieur et la Société d'encouragement. Il décède en 1863 [5]

Victimes

Neuf victimes sont décomptées, dans l'ordre des déclarations :

Pierre Joseph Plichart, 21 ans d'Auberchicourt ; Benoit Dupont, 52 ans d'Auberchicourt ; Zacharie Pierronne, 18 ans d'Auberchicourt ; Charles Louis Dufour, 15 ans d'Aniche ; Auguste Rénier, 24 ans de Fenain ; Constat Faidherbe, 23 ans d'Écaillon ; Louis Denys, 28 ans de Masny ; Hyacinthe Majeur, 14 ans de Somain ; Constant Héroguez 22 ans de Masny, déclaré le 24 février 1827.


Notes et références

  1. page 29- souvenirs à l'usage des habitants de Douai ou notes pour faire suite à l'ouvrage de M. Plouvain sur l'histoire de cette ville, depuis le 1er janvier 1822 jusqu'au 30 novembre 1842 - 1843 - imprimerie de D. Ceret-Carpentier 5 rue des chapelets à Douai - archive du Harvard College Library
  2. Pierre Pierrard, Enfants et jeunes ouvriers en France : XIXe – XXe siècle, Editions de l'Atelier, , 225 p. (lire en ligne).
  3. a et b Mémoires de la Société centrale d'agriculture, sciences et arts du département du Nord, vol. XV, L. CRÉPIN, IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ, (lire en ligne)
  4. Victor Vandenbroeck, Réflexions sur l'hygiène des mineurs et des ouvriers d'usines métallurgiques : suivies de l'exposé des moyens propres à les secourir en cas d'accidents, d'un vocabulaire des mots techniques employés dans le cours de l'ouvrage et de 3 planches lithographiées, Masquillier et Lamir, , 232 p. (lire en ligne), La maladie n'attaqua que les ouvriers travaillant dans une des galeries bien que celle-ci fut déjà depuis longtemps en exploitation percée comme les autres et située comme elles à cent vingt toises au-dessous du sol Elle n en différait que par sa longueur plus grande et un renouvellement d air plus difficile Tous les mineurs qui y furent employés furent les uns après les autres atteints de cette affection qui débutait par les symptômes suivants douleurs d estomac coliques violentes avec météorisme déjections alvines noires et vertes auxquelles se joignaient une gêne de la respiration des palpitations et une grande faiblesse..
  5. a et b Émile Vuillemin, Les mines de houilles d'Aniche, (archive au CHM de Lewarde).

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