Budelli se trouve à quelques centaines de mètres au sud des îles de Razzoli et de Santa Maria, séparée d'elles par le chenal Chiecca di Morto. Elle a une superficie de 1,6 km2, un développement côtier de 12,3 km et culmine à 87 m d'altitude au Monte Budello. Elle est considérée comme une des plus belles îles de la Méditerranée avec notamment sa célèbre plage de « sable rose ».
Depuis 1998, le site est hautement protégé, les embarcations devant rester à une distance d'au moins 300 mètres du rivage. L'île n'a compté depuis 1989 qu'un seul habitant permanent : son gardien, Mauro Morandi[3], finalement expulsé en avril 2021.
Plage rose
Budelli est connue en particulier pour sa plage rose (Spiaggia rosa), située au sud-est de l'île, au fond d'une anse appelée Cala di Roto. Son sable doit sa couleur rosée à la présence de particules calcaires issues de colonies de Myriapora truncata (ou « faux corail ») et de Miniacina miniacea, des foraminifères qui accompagnent les rhizomes de Posidonia oceanica.
Le cinéaste Michelangelo Antonioni a rendu célèbre ce site unique en son genre en y tournant des scènes oniriques de son film Le Désert rouge en 1963. Ayant décroché le Lion d'Or du meilleur film à la Mostra de Venise de 1964, la plage a par la suite attiré des milliers de touristes, mettant en danger l'écosystème du site[3]. Depuis 1994, année de la création du parc national de La Maddalena, l'accès à la plage est totalement interdit.
La plage rose.
La plage vue de la mer.
Histoire
Les îles, connues des Romains sous le nom d'Insulae Cuniculariae étaient probablement habitées à l'époque préhistorique, étant situées sur la route de l'obsidienne reliant la Sardaigne à la Toscanevia la Corse. Des fouilles ont mis au jour des fragments d'un kylixattique à figures rouges décoré de grappes et feuilles de vigne, remontant au Ve siècle av. J.-C.
Bataille de propriété
En , la compagnie privée propriétaire de l'île a déposé son bilan, ce qui a entraîné une vente aux enchères. Celle-ci a été remportée pour 2,94 millions d'euros par le banquier néo-zélandais Michael Harte, directeur général de la Commonwealth Bank of Australia. La nouvelle a soulevé un vif émoi en Italie. En , le Sénat italien a voté une ligne budgétaire extraordinaire de 3 millions d'euros pour permettre à l'État d'exercer son droit de préemption sur ce patrimoine national pour le restituer au domaine public[4] afin d'en transférer la propriété à l'établissement public gérant le parc national de La Maddalena.
En , le Conseil d'État italien a annulé cette décision, considérant qu'en l'absence d'une base légale pour cette expropriation elle était contraire à la jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l'homme, et a en conséquence confirmé Michael Harte comme propriétaire privé de l'île[5], celle-ci devant cependant rester assujettie aux règles très strictes de protection environnementale appliquées dans le parc de La Maddalena.
Mais finalement le , le tribunal compétent de Tempio tranche le conflit en attribuant définitivement la propriété de l'île au parc national, et donc à l'État via son domaine public[6].