Bon Voyage ! devait être le troisième film de David Swift pour le studio Disney après Pollyanna (1960) et La Fiancée de papa (1961)[5]. Mais le succès de ces deux précédents films a attiré l'intérêt des autres studios, et Swift accepta un contrat ailleurs[5] chez Columbia Pictures. C'est Bill Walsh qui prend ensuite en charge la production[5]. Il est tiré du roman de Marijane et Joseph Hayes[4].
Sorti pour l'été 1962 dans le but de satisfaire un public familial, le film met en scène une famille américaine en voyage de croisière en France[6]. La famille Willard part de Manhattan en taxi pour l'Europe comme le montre le générique composé de cartes postales et de brochures[6]. Une fois arrivé à Paris, ils découvrent de nombreux lieux comme le système d'égouts[6]. Le film s’appuie sur des acteurs expérimentés tel que Fred MacMurray[6] mais aussi Tommy Kirk ; ce dernier était sous contrat chez Disney depuis le téléfilm Les Frères Hardy (1957). Le film prévu par Swift devait être tourné en France et malgré son départ, le studio accepte de payer pour produire le film sur place[5]. Le seul élément confirmant la participation de Swift est la scène où Fred MacMurray se coince le doigt dans le trou d'une bouche d'égout[5].
Le film a été tourné en Europe[4]. En dehors des décors évidents dans Paris, le tournage a utilisé le Salon Kleber[NB 1], son décor baroque et ses jardins pour la demeure de la Contessa[5]. Le casino sur la côte d'Azur est le Palm Beach à Cannes, géré par le groupe Partouche, loué avec son personnel pour le tournage et dont les tables de jeu présentaient pas moins de 50 000 francs (environ 10 000 €[5]. Toutefois les égouts de Paris sont en réalité une reconstitution effectuée d'après plans et photos au sein des studios Disney de Burbank en Californie[5]. Les véritables égouts n'offraient pas les conditions d'éclairage et d'espace nécessaire à un tournage[5]. L'égout recréé en studio après trois semaines de travail faisait 450 pieds (137,16 m) de long et était constitué de papier, de plastique, de treillis métallique de plâtre et de sciure, le tout peint en gris[5].
Le paquebot SS United States, visible dans le film, a été utilisé durant cinq jours durant une traversée vers l'Europe[5]. Il est amarré depuis 1996 dans le quai 84 de Philadelphie[7]. La première musique proposée par les frères Sherman pour le film était une valse romantique mais Walt Disney voulait quelque chose de plus entraînant, la chanson finalement utilisée[8]. Le studio a accepté que les frères Sherman rachètent leur première composition en vue d'une autre production mais n'a jamais été réutilisée[8].
Sortie et accueil
Le film récolte cinq millions d'USD lors de sa sortie initiale[6]. Bosley Crowther du New York Times écrit que tous les clichés les plus évidents du comportement des touristes américains à l'étranger sont utilisés par les scénaristes, dans cette comédie sur l'odyssée d'une famille en vacances[6]. Crowther précise que le film possède un rythme d'escargot[6].
Les 11, 18 et 25 janvier 1970, le film est diffusé dans l'émission The Wonderful World of Disney sur NBC, en trois parties, dans une version écourtée[11]. En 1987, le film sort en vidéo[4].
Analyse
Pour Leonard Maltin, le scénario de Bon Voyage !, une famille américaine typique effectuant leur première croisière, est une bonne idée pour un film Disney, mais l'adaptation cinématographique en fait disparaître les possibilités[1]. Il ajoute que le film est très long et surchargé, comprend des scènes répétitives non nécessaires principalement autour de la romance entre Deborah Walley et Michael Callan, et que le spectateur peut en être lassé[6]. Avec cette tentative de film pour la famille, le studio Disney rate son jeune public avec un scénario inapproprié[6]. Le problème est que le scénario est trop centré sur les parents, et les jeunes spectateurs américains ayant vu le film durant l'été 1962 n'ont pas dû rester concentrés, ne se retrouvant pas dans les scènes[6]. Dave Smith note que le film a soulevé certaines critiques à cause de la présence d'une prostituée qui drague Harry et le jeune Elliott[4]. Pour John West, hormis quelques scènes rigolotes, le reste du film n'est pas regardable[5]. Le jeu des acteurs leur donne l'air d'être de bois et le scénario est incohérent au point que chaque rôle semble mal attribué[5]. West considère que le scénario du film révèle quelque point intéressant de la vision Disney sur la vie moderne[5].