Cette bataille a également la particularité d'être le premier moment de communion nationale dans l'histoire du Brésil, concernant la défense du territoire contre les envahisseurs. Il représente l'union du peuple brésilien en faveur d'un sentiment national. Cette interprétation de l'invasion néerlandaise s'est construite au XIXe siècle, sur la base de la production historiographique de l'Institut historique et géographique brésilien, créant la « mémoire visuelle de la nation ». Les fréquentes invasions néerlandaises et étrangères en général ont provoqué un lien national entre les trois groupes ethniques(pt) qui formaient la société de la colonie à l'époque, alignant les Européens blancs (Portugais), les Indigènes et les Noirs, dans un objectif commun : l'expulsion des Néerlandais non seulement de cette région, qui s'appellera plus tard la Région Nord-Est, mais aussi de tout le territoire de la colonie encore portugaise[3],[4]. Il s'agissait d'un événement historique important à dépeindre et qui, plus de 170 ans plus tard, serait l'une des plus fortes inspirations pour la formation de l'armée brésilienne[5].
Initialement, le tableau sur la bataille a été commandée au peintre Pedro Américo par le ministre de l'Empire João Alfredo Correia de Oliveira(pt). Une fois la proposition acceptée, le peintre s'est rendu en Italie et séjourné au couvent de la basilique de la Santissima Annunziata à Florence pour commencer à travailler dessus. Finalement, il renonce à peindre la bataille commandée et décide de réaliser une toile représentant la guerre de la Triple-Alliance, qui s'appellera la Batalha do Avaí. À la suite de ce désistement, le ministre a transféré la commission à Victor Meirelles, en 1872[6].
L'œuvre de Meirelles est l'une des peintures d'histoire qui a le plus circulé au Brésil, avec des toiles telles que Primeira Missa no Brasil, également de sa main, et Independência ou Morte!, de Pedro Américo. Elle a été présentée à la 25eexposition générale de l'Académie impériale des Beaux-Arts en 1879, à Rio de Janeiro, devant quelque trois cent mille visiteurs. L'exposition comprenait également des œuvres de Pedro Américo, comme la bataille d'Avaí, qui représentent toutes deux des épisodes victorieux de l'histoire militaire nationale. L'exposition, qui a d'abord mis en évidence les qualités des œuvres, exposées côte à côte, a été marquée par une atmosphère de rivalité entre les auteurs, suscitée par les opinions de la presse[7],[8],[9].
↑(pt) Jorge Coli, « As cores da guerra », Revista de História da Biblioteca Nacional, (lire en ligne).
↑(pt) Charles Ralph Boxer, Os Holandeses no Brasil : 1624-1654, s. l., Companhia Editora Nacional, (ISBN8586206180, lire en ligne), p. 339.
↑(pt) Isis Pimentel de Castro, Os Pintores de História : A relação entre arte e história através das telas de batalhas de Pedro Américo e Victor Meirelles (thèse), IFCS/UFRJ, (lire en ligne), p. 105.
↑(pt) Fernando Castilho, « Roberto Freire, da Cultura e Raul Jungmann, da Defesa anunciam revitalização do Parque Nacional dos Guararapes », JC Negócios, (lire en ligne).
↑(pt) Celso Castro, A Invenção do Exército Brasileiro, Jorge Zahar Editor, (ISBN8571106827, lire en ligne), p. 71-76.
↑(pt) Isis Pimentel de Castro, Os Pintores de História : A relação entre arte e história através das telas de batalhas de Pedro Américo e Victor Meirelles (thèse), IFCS/UFRJ, (lire en ligne), p. 116.
↑(pt) Isis Pimentel de Castro, Os Pintores de História : A relação entre arte e história através das telas de batalhas de Pedro Américo e Victor Meirelles (thèse), IFCS/UFRJ, (lire en ligne), p. 42.
↑(pt) Alberto Cipiniuk, A face pintada em pano de linho : moldura simbólica da identidade brasileira, s. l., Edicões Loyola, , 149 p. (ISBN8515027216).
↑(pt) « Victor Meirelles », dans Enciclopédia Itaú Cultural de Arte e Cultura Brasileiras, São Paulo, Itaú Cultural, (ISBN978-85-7979-060-7, lire en ligne).