Alèssi Dell'Umbria grandit à Marseille. Au début des années 1980, Alessi Dell'Umbria participe à la première vague de révoltes des banlieues françaises[1]. Il assiste ensuite, impuissant, à sa défaite et à la mise en place de ce qu'il considère comme un véritable apartheid social[2].
En 2006, il publie une volumineuse Histoire universelle de Marseille : de l'an mil à l'an deux mille dans laquelle il dresse un constat pessimiste sur l'évolution de la ville, notamment en matière d'urbanisme.
Encore en 2006, il publie un livre où il analyse et soutient les émeutiers banlieusards de 2005 (C’est de la racaille ? Eh bien, j’en suis !). Ce livre est ensuite réédité en 2010 sous le titre La Rage et la révolte. Dell'Umbria montre comment se sont construits, depuis le XIXe siècle, ces espaces anonymes, volontairement pensés comme des bulles privées « pour salariés domestiqués ». Une série de clivages achèvent le morcellement des solidarités : Français contre étrangers, jeunes contre vieux, salariés contre chômeurs[3]. Son propos dépasse le faux débat opposant intégration républicaine et communautarisme religieux. Loin de tout discours moralisant ou victimisant, l'auteur s’adresse, d'égal à égal, aux révoltés des banlieues pauvres. Il apporte ainsi sa contribution au devenir de la révolte[2] : « Les incendies des banlieues ne posent pas la question des droits mais celle de la lutte sociale. Parce que les jeunes chômeurs-à-vie qui grandissent dans ces zones de relégation sont le produit du fonctionnement d’un pays capitaliste avancé. Vingt ans après la première vague de contestation dans les banlieues pauvres, l’exclusion s’est faite plus radicale et la misère culturelle et politique sans limites. Dans cet espace sans appartenance où ils grandissent, certains tentent de s’en construire une au niveau de la bande : nés dans un monde hostile, ils se montrent hostiles à tout le monde[4]. ».
Alèssi Dell'Umbria s'intéresse à la révolte de Oaxaca au Mexique d'où il revient avec le livre Échos du Mexique indien et rebelle qu'il publie en 2010[5].
Dell'Umbria revient en 2011 sur le destin et la postérité de Jacques Mesrine dans R.I.P. Mesrine.
Impliqué dans la vie de son quartier de la Plaine, Dell'Umbria multiplie conférences et interventions pratiques sur les questions d'histoire et de politique urbaines. Dell'Umbria collabore aussi à diverses revues de critique sociale dont New Left Review[6].
En 2013-2014, il réalise au Mexique le film-documentaire Le vent de la révolte. Présenté par le réalisateur en 2015 dans le cadre d'une tournée en France, le film a été remarqué par deux maisons d'édition toulousaines qui lui ont proposé de l'éditer en DVD en le prolongeant avec un livre[7],[8]. Il s'agit d'un film sur les communautés indigènes bouleversées par l’industrialisation de parcs éoliens dans l'Isthme de Tehuantepec, tourné avec Nicolas Défossé (cadreur) et Guillaume Mollet (preneur de son) "qui vivaient au Chiapas voisin et avaient réalisé plusieurs documents avec des communautés zapatistes"[9].
Publications
Histoire universelle de Marseille, De l'an mil à l'an deux mille, Agone, 2006.
C’est de la racaille ? Eh bien, j’en suis ! À propos de la révolte de l'automne 2005, L'Échappée, 2006. Réédité et augmenté sous le titre La Rage et la révolte en 2010 par Agone.
Échos du Mexique indien et rebelle, Rue des cascades, 2010. (ISBN978-2917051061)
↑Alèssi Dell'Umbria (trad. de l'espagnol), Istmeño, le vent de la révolte : Chronique d’une lutte indigène contre l’industrie éolienne (Livre-DVD. 204 pages, 144 minutes, VOSTFR), Toulouse, CMDE (Collectif des métiers de l'édition) en coédition avec les éditions du Bout de la ville, coll. « À l'ombre du maguey », , 204 p., 14,5 x 23,2 (ISBN979-10-90507-28-9, présentation en ligne), p. 8
↑« À ce stade, la question n’est même plus de savoir si les éoliennes sont ou non compatibles avec les activités traditionnelles des indigènes istmeños ; fondamentalement, elles ne le sont pas. L’industrie éolienne peut tolérer celles-ci à la marge, dans les espaces résiduels entre deux rangées de moulins. Mais ce rapport singulier à la terre, à la lagune et au vent qui fait l’essence d’un monde, disparaîtrait. En perdant le contrôle de leur territoire, les Istmeños perdraient ce qui constitue leur être commun. […] J’ai fait un film pour qu’on entende ceux dont les voix seraient inaudibles dans les médias, pour que leur humanité se déploie selon ses formes propres. À chacun de décider si ce but a été atteint. En tout cas, les indigènes rebelles s'y sont reconnus — ceux que j'ai filmés, et les autres. »Istmeño, le vent de la révolte raconte l’histoire d’une lutte quasiment inconnue en France, celle des communautés indigènes de l’Isthme de Tehuantepec, dans le Sud du Mexique, qui s’opposent à l’un des plus grands parcs éoliens du monde. Istmeño nous apprend que le « développement durable » peut très bien s’armer de fusils. Il déplace le regard et se passe de discours d’experts. Il fait tanguer les éoliennes, ces moulins à vent qui, en une décennie, se sont hérissés sur toute terre et, désormais, sur toute mer. Le film est complété par un livre qui se situe entre le carnet de voyage et l’essai historique.
(extrait de la quatrième de couverture).
↑« Le vent de la révolte » (ISBN9791090507289, consulté le ) : « [...] ce tournage fut une belle aventure collective. Avec Nicolas et Guillaume, qui vivaient au Chiapas voisin et avaient réalisé plusieurs documents avec des communautés zapatistes, nous partagions le même regard sur le monde indigène, dont nous avions tant à apprendre... [...] Au début de 2013, un contrat fut signé avec Tita Production et quelque argent nous arriva du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) puis un crowfunding. Un documentaire sur le narcotrafic aurait sans aucun doute reçu un financement digne de ce nom, mais ce n'était pas précisément cela que j'avais envie de montrer du Mexique. Il fallut donc travailler avec peu d'argent, ce qui n'était pas de nature à nous arrêter. [...] Le montage fut réalisé à Marseille par Catherine Catella [...] En décembre 2014, le film était enfin présenté aux intéressés, dans ces pueblos rebelles de l'Isthme. », p. 14