L'élection présidentielle sud-coréenne de 2017 a lieu de manière anticipée le afin d'élire le président de la république de Corée. Initialement prévue pour le , elle est avancée à la suite de la destitution de la présidente Park Geun-hye le .
Moon Jae-in l'emporte avec un peu plus de 41 % des suffrages exprimés[1].
Contexte
Le , la Cour constitutionnelle prononce la destitution de la présidente Park Geun-hye dans le cadre du scandale Choi Soon-sil. En conséquence, l'élection doit avoir lieu dans les soixante jours, en application de l'article 68 de la Constitution. La commission électorale fixe la tenue du scrutin au suivant[2].
Après avoir dominé le pouvoir pendant près d'une décennie, le parti conservateur aborde l’élection en position de grande faiblesse. Le scandale de corruption dans lequel est embourbé Park Geun-hye et les accusations d'autoritarisme ont sévèrement affecté son image, au point de le forcer à changer de nom pour adopter celui de Parti de la liberté de Corée. Il est par ailleurs victimes de plusieurs scissions en partis rivaux, ce qui divise sa base électorale et réduit ses chances : l'élection ne comportant qu’un seul tour, une majorité relative est suffisante pour l’emporter, sans que les différentes factions puissent se regrouper lors d'un second tour. Toutefois, l'accentuation des tensions avec la Corée du Nord est considérée comme un atout pour le camp conservateur en période électorale[3].
Le candidat a été choisi par une primaire ouverte. Y participaient les citoyens qui s'y sont inscrits du au et du au . Dans l'ensemble, 2 144 840 personnes se sont inscrites, ce qui constitue un record dans l'histoire coréenne. La primaire a été menée du au dans quatre régions : Honam, Yeongnam, Hoseo, tandis que Séoul, Gangwon et Jeju formaient une région unique. 1 642 640 inscrits se sont effectivement rendus aux urnes, soit un taux de participation de 71,6 %.
Quatre candidats se présentaient : Moon Jae-in, candidat à l'élection présidentielle de 2012, député entre et , président du parti entre et ; Ahn Hee-jung, gouverneur de la province de Chungcheong du Sud depuis ; Choi Sung, maire de Goyang depuis ; et Lee Jae-myung, maire de Seongnam depuis .
Les sondages font de Moon Jae-in le grand favori de l’élection. Il se montre partisan d'un dialogue avec la Corée du Nord et, bien que ne prétendant pas remettre en cause la ligne diplomatique pro-américaine de Séoul, estime que la Corée du Sud doit aussi pouvoir « parfois dire non aux États-Unis ». En économie, il préconise de créer des centaines de milliers d’emplois dans le secteur public et d’augmenter le salaire minimum[3].
Le candidat a été déterminé par une combinaison de sondages d'opinion, menée entre le et le (50 %) et les votes exprimés par les délégués à la convention du parti tenue le (50 %). Les candidats étaient Lee In-je, membre de l'Assemblée nationale (1988-2016), Hong Jun-pyo, gouverneur en exercice de la province du sud de Gyeongsang (2012-présent), Kim Kwan-yong, titulaire du gouverneur du Nord Province de Gyeongsang (2006-présent), et Kim Jin-tae, membre de l'Assemblée nationale pour Chuncheon (2012-présent). La candidature de Hong Jun-pyo était initialement incertaine en raison d'allégations de corruption le concernant[5].
Réputé très conservateur, Hong Jun-pyo est parfois à l'origine de polémiques pour des propos jugés misogynes[3] ou homophobes[6]. Il est en faveur d’une dérégulation de l’économie et d’une mise au pas des syndicats, qu’il veut « passer dans sa machine à laver ». Favorable au déploiement en Corée du Sud du bouclier anti-missile américain Thaad et d’armes atomiques américaines, il accuse ses adversaires de gauche d’être « pro-Corée du Nord »[3].
Dans ses mémoires, il raconte qu'à l'âge de 18 ans il a, avec d'autres, fourni à l'un de ses amis un stimulant sexuel pour droguer et violer une jeune fille, tout en observant que le stimulant n'avait pas eu l'effet escompté sur la jeune fille. Il en a résulté un scandale lors de la présente campagne présidentielle, qui l'a amené à présenter des excuses[7].
Le candidat a été choisi par une primaire ouverte (80 %) et un sondage d'opinion mené entre le 4 et le (20%). La primaire a été menée du au , avec sept primaires régionales en cours. Ahn Cheol-soo a été déclaré gagnant de la primaire le . Les candidats étaient Ahn Cheol-soo, ancien coprésident du parti (2016), ancien coprésident de la New Politics Alliance for Democracy (mars-), candidat présidentiel retiré en 2012, fondateur d'AhnLab, Inc., membre de l'Assemblée nationale pour le district de Nowon (2013-présent), Sohn Hak-kyu, ancien membre de l' Assemblée nationale de Seongnam (2011-12), ancien gouverneur de la province de Gyeonggi (2002-2006), ancien député de Gwangmyeong (1993-98, 2000-02), et Park Joo-seon, vice-président de l'Assemblée nationale (2016-présent), membre de l'Assemblée nationale (2000-2004, 2008-présent).
Homme d'affaires, Ahn Cheol-soo est le plus riche des candidats à l’élection présidentielle[7]. Toutefois, ses prestations jugées « catastrophiques » dans les débats télévisés entrainent sa chute dans les sondages[3].
Le candidat a été déterminé par une combinaison de votes d'une commission d'évaluation basée sur 4 débats, organisés dans différentes régions du pays (40 %), des votes des membres du parti (30 %) et des sondages d'opinion (30 %). Les candidats étaient Yoo Seong-min, membre de l'Assemblée nationale pour Daegu (2004-présent) et Nam Kyung-pil, gouverneur en exercice de la province de Gyeonggi (2014-présent). Yoo Seong-min a été nommé candidat du Parti Baerun le .
Ancien chef de la tendance anti-Park Geun-hye au sein du parti Saenuri, il devient l'une des figures les plus influentes de la droite conservatrice après la destitution de la présidente. Il défend un programme de libéralisation de l'économie et pro-américain en matière de politique étrangère.
Les candidats ont été déterminés par un vote à huis clos des membres du parti. Les candidats étaient Sim Sang-jung, présidente du Parti de la Justice (2015-présent), membre de l'Assemblée nationale pour Goyang (2004-2008, 2012-présent) et Kang Sang-goo, vice-président de l'éducation du Parti de la Justice institut. Sim Sang-jung a été nommée candidate à la Justice le .
Sim Sang-jung soutient une désescalade militaire dans les rapports entretenus entre la Corée du Sud et les États-Unis avec la Corée du Nord. Elle est par ailleurs la seule candidate à défendre les revendications LGBT.
Moon Jae-in, ancien avocat spécialisé en droits de l'homme et chef de cabinet sous la présidence de Roh Moo-hyun[9], assume la fonction de président de la Corée du Sud le [10] après avoir été élu à une forte pluralité de 41,08 %, comparativement aux 24,03 % et 21,41 % de ses principaux adversaires, le conservateur Hong-Joon-pyo et le centriste Ahn Cheol-soo[11].
↑(en) hermesauto, « New South Korea president Moon Jae In vows to address North Korea, broader tensions ‘urgently’ », The Straits Times, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « Moon Jae-in sworn in as South Korea's president, vows to unify bruised country », ABC News, (lire en ligne, consulté le ).